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La cour des comptes dénonce l’opacité de Parcoursup

Ce jeudi 27 février, la Cour des comptes a signé un rapport dénonçant l’opacité entourant les processus de sélection des dossiers des futurs étudiants mais aussi l’instauration de la sélection à l’université dont se défendent encore Macron et Blanquer. Contre ces réformes, les lycéens ont eux aussi fait l’expérience de la répression que subissent depuis le 5 décembre les grévistes de la RATP et tout ceux qui se sont opposés à la réforme des retraites.

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Crédit photo : © Nicolas Tavernier/REA

Les lycéens n’ont plus que jusqu’au 12 mars pour formuler leurs vœux d’orientation dans le supérieur sur Parcoursup, la plateforme d’affectation des lycéens dans l’enseignement supérieur ayant remplacé APB en 2018, avec le passage de la loi ORE. C’est à deux semaines de la fin des vœux sur Parcoursup pour quelque 700 000 élèves en classe de terminale que la Cour des comptes a signé un rapport cinglant faisant état de ces deux années. En effet, ce « premier bilan » de la Cour des comptes est lapidaire et touche à toutes les problématiques qui avaient provoqué la colère du corps enseignant et des élèves eux-mêmes lorsque Parcoursup ainsi qu’une réforme plus globale du baccalauréat leur avait été imposés.

Dans la ligne de mire de la Cour, l’opacité entourant les processus de sélection des dossiers des futurs étudiants et contre laquelle les rapporteurs réclament de « rendre publics les algorithmes locaux utilisés par les commissions d’examen des vœux pour l’ensemble des formations proposées ». Car aujourd’hui, et en dépit des actions de mise en transparence du ministère, c’est 99% du code source de Parcoursup qui reste fermé et le processus de classement des dossiers est encore placé sous le sceau du secret des délibérations.

Le gouvernement avait annoncé, en plus de la mise en place de la nouvelle plateforme et de ses critères de sélection un peu flous, de nombreuses mesures visant à « accompagner au mieux les élèves dans leurs choix ». Parmi elles, l’affectation d’un second professeur principal dans chaque classe de terminale ainsi que la mise en place de 54 heures dédiées uniquement à l’orientation.

Des mesures inutiles et inappliquées qui font office de cache-misère alors que la réforme du baccalauréat met à mal l’éducation nationale. Mise en concurrence des établissements, sélection à l’entrée de l’université et accroissement des inégalités entre les classes populaires et les milieux les plus aisés, c’est cela qu’institue la nouvelle loi ORE main dans la main avec la LPPR menant à la privatisation de l’enseignement supérieur.

Mais les lycéens ne sont pas dupes et comme leurs prédécesseurs qui avaient connu il y’a deux ans la mise en œuvre de Parcoursup, ils se mobilisent un peu partout, organisent des blocages et descendent dans la rue pour clamer à un gouvernement qui fait la sourde oreille leur mécontentement. Ils étaient nombreux ces dernières semaines à empêcher la tenue des E3C en organisant des blocages lycéens auxquels se sont joints parents d’élèves et professeurs. Les épreuves, si elles n’étaient pas complètement bloquées et reportées à une date ultérieure, se voyaient fortement perturbées, tout cela sous un silence médiatique total et permettant au ministre de l’Education nationale d’afficher des chiffres factices et d’affirmer que les épreuves se déroulaient sans encombre dans une grande majorité d’établissements. Seulement, de Louis Le Grand à de nombreux établissements de banlieue, les lycéens se sont souvent mobilisés allant jusqu’à mettre en péril la tenue d’un examen national et ce, malgré une répression de plus en plus violente. Car leur jeune âge n’a pas dissuadé les CRS de faire usage de la force pour intimider les plus virulents, entre coups de matraque et garde à vue, les lycéens ont eux aussi fait l’expérience de la répression que subissent notamment, depuis le 5 décembre, les grévistes de la RATP et tous ceux qui se sont opposés à la réforme des retraites.

Ce rapport de la Cour des comptes paru lors d’une période de tension, entre E3C et mobilisation contre la LPPR qui dans le sillon des réformes néolibérales, assoit une Université à deux vitesses profondément marquée par la précarité et les inégalités sociales. Il met en lumière le manque de transparence de la plateforme Parcoursup et les risques pour l’équité que cela engendre, ainsi qu’une distribution inégalitaire des moyens, selon les territoires et les établissements, menant in fine à une sélection de plus en plus rigoureuse des candidats à l’entrée des universités et à un accès inégal, selon des critères sociaux.

Contre les attaques permanentes envers le service public allant de la LPPR à la loi de réforme des retraites, est organisée ce jeudi 5 mars une grande mobilisation des facs et labos en lutte pour protester contre la précarisation et la banalisation des inégalités au sein de l’Université publique. Cette journée est la prochaine mobilisation nationale où lycéens, étudiants, professeurs et membres de l’administration pourront faire entendre leurs revendications, à savoir le retrait de la LPPR, de la réforme des retraites, et la fin d’une précarité persistante.


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