Accueillis par des appels à la grève générale, Emmanuel Macron, de passage à l’île de La Réunion a annoncé l’activation d’un “plan d’action” pour pallier l’urgence sociale. Dès son arrivée sur cette colonie française, le Président de la République, toujours hanté par le spectre des gilets jaunes, rappelait l’intensité de la mobilisation des manifestants qui scandaient sa démission : “C’est peut-être à La Réunion qu’au moment de ce que l’on a appelé la crise des gilets jaunes, il y a eu la plus grande colère qui s’est exprimée”. Pour rappel, l’île comptait parmi les points de grande intensité du mouvement des gilets jaunes, et avait essuyé une répression particulière avec le détachement sur place de forces militaires et l’instauration de couvre-feux, rappelant l’État français à ses pratiques coloniales.
A l’approche des municipales, dans un contexte d’attaques historiques sur les retraites et d’offensives islamophobes, les annonces du chef de l’exécutif sont loin d’avoir convaincu. Si celui-ci dit vouloir mobiliser “700 millions d’euros sur trois ans” notamment sur le soutien à l’emploi et développer les “emplois francs”, le JIR (Journal de l’île de La Réunion) du 24 octobre titrait : “Pour l’instant, c’est du vent”. Il s’agit de rappeler la dimension d’urgence de la situation sociale à La Réunion. “Dans ce territoire de plus de 850 000 habitants, 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, le taux de chômage atteint 24 %, et même 42 % chez les jeunes” relève L’Obs. Par ailleurs, les prix ne cessent d’augmenter avec une inflation de + 0,6% depuis 2019.
Ce “plan d’action” s’est accompagné d’un sommet “Choose La Réunion” ayant vocation à rendre plus attractive La Réunion “dans l’espace indo-pacifique, qui va de l’Afrique au continent américain se trouve au coeur de tous les flux commerciaux.” Ce sont les habitants qui résument le mieux la situation : “On nous prend pour des moutons”. Dans ces quelques annonces du Président de la République, ne figure aucune réponse aux revendications portées par les gilets jaunes, comme le rétablissement de l’ISF, la suppression du CICE, l’augmentation immédiate du SMIC de 20%, l’augmentation des APL et minimas sociaux, la lutte contre la fraude fiscale des plus riches et des multinationales ou encore un véritable plan d’investissement écologique et le développement des transports en commun.
Ainsi, malgré la mobilisation de nombreuses forces de l’ordre venues de la métropole, les tensions étaient fortes : “Il est face à une défiance qu’il ne peut atténuer par des relais locaux” témoignait Yvan Combeau, professeur des universités en histoire contemporaine à La Réunion. "Jamais un président n’est arrivé aussi isolé politiquement dans l’île" pouvait-on lire dans la presse locale. Face à cela, Jupiter ne s’est pas privé de ses “petites phrases” de mépris de classe qui ont façonné son style de “Président des riches”. Aussi a-t-il tenu à rappeler que "sur la vie chère, il n’y a pas de recette miracle".
Les Réunionnais, et la jeunesse réunionnaise tout particulièrement, durement frappée par le chômage (42%), continuent de manifester leur désarroi. Vers le 5 décembre, de nombreux appels à la grève illimité convergent. L’île de La Réunion, l’un des premiers points les plus chauds du soulèvement des gilets jaunes il y a un an, pourrait de nouveau être fortement mobilisée.
