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Présidentielles 2022

L’effritement du « front républicain » menace LREM

Un récent sondage, publié par le journal L’Opinion révèle la fragilité du « front républicain » sur lequel compterait l’exécutif en cas de second tour face à Marine Le Pen. La candidate du Rassemblement National récolterait en effet près de 48% des suffrages face à Emmanuel Macron, tandis qu’une majorité d’électeurs de gauche ne voteraient pas.

Jean Beide

8 mars 2021

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Des fissures à gauche comme à droite

C’est surtout à gauche que la tactique du « front républicain », censée faire barrage à l’extrême droite, bat de l’aile. 52% des électeurs de Mélenchon déclarent en effet vouloir s’abstenir en cas de second tour opposant l’actuel président de la République à la candidate d’extrême droite. C’est deux fois plus qu’en 2017 où un quart des électeurs de la gauche s’étaient abstenus. Mais ces fissures ne concernent pas seulement l’électorat insoumis, puisqu’à droite aussi l’abstention gagne du terrain. Quatre ans après l’élection de Macron, et 19 après celle de Jacques Chirac face à Le Pen, le « front républicain » semble à bout de souffle, alors même qu’il constitue une clé électorale majeure pour un parti présidentiel sans assise propre.

Une majorité fébrile qui tente de séduire à gauche

Pas de bon augure pour la majorité, qui n’a en effet jamais réussi à se constituer de base électorale en propre, nombre de responsables politiques du gouvernement et du groupe LREM tentent de raviver le cadavre du « républicanisme centriste ». « J’ai déjà fait barrage. Et je le ferai encore » a tweeté de son côté Christophe Castaner, ex-ministre de l’intérieur responsable de la répression du mouvement des Gilets Jaunes, tandis qu’Aurore Bergé en appelle quant à elle à la « responsabilité de tous », en dépit d’un gouvernement en pleine offensive sur le terrain de l’islamophobie, et qui accrédite au passage les fantasmes politiques de l’extrême droite, à l’instar de la lutte qu’entend mener Frédérique Vidal contre « l’islamo-gauchisme » à l’université.

Les règles du républicanisme bi-partisan bousculées par quatre années de politique autoritaire et antisociale

Mais au delà de la conjoncture politique, qui peut encore changer très largement, ce sont les coordonnées profondes du républicanisme bi-partisan qui sont toujours davantage remises en question, et que l’effritement du « front républicain » exprime. L’autoritarisme bonapartiste de Macron, poussé à son paroxysme durant la crise des gilets jaunes, a, semble-t-il, des effets au long court. Le camp de la « République », confisqué par les partis dominants qui ont eux-mêmes creusé sa tombe, n’est plus aussi clair qu’il y a vingt ans. La perspective d’un front républicain morcelé, à droite comme à gauche, acte en effet la lente dérive des partis dominants, PS et LR en tête, qui ne trouvent ni l’un ni l’autre en LREM la synthèse de ce qu’ils ont été.

« Front républicain » ou indépendance politique des travailleurs ?

L’anti-politique du front républicain a fait son temps, certes, mais est-ce à dire qu’il n’y aurait rien à craindre d’une élection de l’extrême droite ? Pas le moins du monde. Mais on ne combat pas l’extrême droite en votant pour les candidats de la misère dont elle se nourrit. Il y a quatre ans, le « républicanisme raisonnable » savait-il qu’il plaçait au pouvoir un gouvernement qui ferait usage, en une seule journée (le 1er décembre 2018), de plus de grenades et de tir de défense que lors de tout le quinquennat précédent ? Savait-il qu’il mettait au pouvoir le promulgateur de la loi la plus liberticide jamais mise en place sous la Vème République ? L’extrême droite est notre ennemi au même titre que les partis qui travaillent aux conditions de sa victoire future. Seule une politique indépendante des partis dominants, en faveur des travailleurs, peut constituer un véritable barrage contre l’extrême droite et tous les candidats du patronat.


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