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Gilets Jaunes

L’autre "prime" Macron : miettes pour les salariés, dividendes records pour les actionnaires

C'est avec empressement que le Medef, terrifié dans ce climat de révolte, a saisi la main tendue par l’Élysée.

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La prime Macron : miette pour les salariés

Arrivée avec la vague des mesures précipitamment annoncées par le gouvernement le 10 décembre dernier pour calmer la colère qui s’exprimait dans la rue au début de la mobilisation des Gilets Jaunes, cette « prime Macron » se donnait pour objectif de répondre aux revendications concernant la hausse des salaires et le pouvoir d’achat. Emmanuel Macron, très en difficulté dans ce contexte de crise et de forte tension sociale, avait alors adressé un appel aux grands patrons : « J’ai besoin de vous », en les incitant à verser une prime défiscalisée et désocialisée à leurs employés.

C’est avec empressement que le Medef, terrifié dans ce climat de révolte, a saisi la main tendue par l’Élysée. Les plus grands groupes français ont ainsi concédé, sous pression de la lutte des classes, leurs salariés de la « prime Macron, » à l’image de Total (1.500 euros de prime pour l’ensemble de ses salariés), SFR (1.000 euros pour 12.000 de ses salariés), L’Oréal (à hauteur de 1.000 euros), suivis par de nombreux industriels : « ArcelorMittal, Renault, PSA, Vinci, Airbus, Safran, EDF ou encore Sanofi ont tous indiqué qu’ils avaient accordé une prime à leurs salariés. » (Les Échos). Si certains ont ainsi versé un très maigre « maximum » ( qui plus est défiscalisé), dans les enseignes de la grande distribution, c’est la logique du strict minimum qui s’est exprimée, comme chez Carrefour et Auchan, où elle avoisine les 200 euros.

Année record pour les actionnaires

Pendant ce temps, et alors que la crise et le manque d’argent quand il s’agit d’augmenter les salaires, sont dans toutes les bouches des patrons et dirigeants, les affaires semblent aller bon train du coté des actionnaires. En effet, « Les dividendes mondiaux ont atteint un record en 2018 » titre ce lundi le Figaro ! Et si le Japon et les États-Unis ont été les grands champions de ce coté-là l’année dernière (509,9 milliards de dollars pour les États-Unis et le Canada), on constate que l’Europe n’est malgré tout pas en reste, « les neuf dixièmes des sociétés européennes augmentant leurs dividendes » selon la société de gestion Janus Henderson. La France se fait d’ailleurs remarquer parmi les pays dont les entreprises ont enregistré de bons résultats. En tête, Total -que le versement de la prime Macron n’a apparemment pas ruiné- se place au 18eme rang mondial des entreprises ayant versé les plus gros dividendes !

Suppression de l’ISF, défiscalisation de la prime Macron, pseudo-augmentation du SMIC sans enlever un centime au patronat, et dividendes en augmentation pour les actionnaires des grandes entreprises : malgré la colère symptomatique qui s’exprime sur les ronds-points et tous les samedis dans la rue de milliers de travailleurs détruits par la précarité, l’année 2018 fut particulièrement belle pour les capitalistes !

Qui produit, et pour enrichir qui ?

Dans cette période de crise politique ouverte depuis l’affaire Benalla, qui se prolonge sans cesse, mettant toujours plus en lumière les rouages d’un système qui fait de la répression et de l’injustice sociale ses principales institutions, profondément creusée par le mouvement explosif des Gilets Jaunes, la classe dominante apparaît plus unie que jamais pour protéger son pouvoir et ses intérêts. Main dans la main avec d’un coté le patronat, et de l’autre la police (d’ailleurs seul secteur de fonctionnaires à avoir touché une prime ), c’est à coup de matraque et de lancés de miettes que le gouvernement tente de se sortir de cette période difficile, sans parvenir à dissimuler les immenses injustices et inégalités fondatrices de sa politique. Le Medef, quant à lui, préoccupé par le retard pris dans la réforme de l’État annoncée par le Président, accourt pour « sauver le soldat macron », son soldat, celui des riches.

Alors que les témoignages de jeunes, salariés, retraités Gilets Jaunes n’arrivant plus à vivre de leur travail se font de plus en plus nombreux et virulents, les mesures de Macron, à l’image du Grand Débat, apparaissent encore une fois pour ce qu’elles sont : une tentative de gagner du temps, de donner des miettes et l’illusion d’être écoutés aux Gilets Jaunes, en attendant d’avancer sur les réformes, et alors que continuent de s’enrichir les patrons et les actionnaires.


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