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Une start-up fait trembler le monde

L’acte 1 de la crise économique ? La start-up américaine WeWork au bord de la faillite

Elle devait entrer triomphalement en bourse, la voici au bord de la faillite. La start-up américaine WeWork a vue, en un mois, sa valorisation chuté de près de 40 milliards de dollars. Comme en 2007 avec la chute de New Century Financial, ce sont les mêmes causes qui sont à l'origine de l'effondrement de WeWork.

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Il y a douze ans, New Century Financial, numéro 2 mondial dans le secteur des banques immobilières et grande amatrice des prêts dit « subprimes », se retrouvait au bord de la faillite. En 3 mois, le titre de la société en bourse plongeait de 90% jusqu’à ce que, mi-mars 2007, sa cotation soit suspendue à la bourse de New York. La suite, on la connaît : la crise des subprimes a gagné l’ensemble des marchés, plongeant le monde dans la plus grande crise économique depuis 1929. New Century Financial avait alors été le premier domino à tomber.

Mêmes causes, même effets : WeWork, le nouveau New Century Financial ?

D’un point de vue très factuel, il y a à première vue peu de point commun entre la New Century Financial de 2007 et WeWork de 2019. La première était un mastodonte des banques immobilières tandis que la seconde est une géante des start-up spécialisée dans le secteur des bureaux partagés.

Dans son article du 22 octobre WeWork et les fantômes des subprimes, François Vidal, Rédacteur en Chef du service Finance/Marchés/Services des Echos, explique :« Les fondements de la révolution digitale sont solides quand le fragile château de cartes des subprimes était bâti sur du sable. Et la valorisation de nombreuses valeurs technologiques se justifie aisément par leurs perspectives de croissance. Mais les investisseurs vivent dans une telle hantise de passer à côté des prochains Amazon ou Google , qu’il leur arrive de prendre des vessies pour des lanternes. En particulier dans le non coté où les investissements en capital-risque ont triplé en dix ans pour atteindre 160 milliards de dollars par an. Comment expliquer sinon que WeWork, une foncière de bureaux comme il y en a beaucoup d’autres, ait pu se faire passer pour une plate-forme digitale disruptive ? »

C’est ici que les points de comparaisons commencent. François Vidal en liste quatre : D’abord, les mouvements des investisseurs eux-même, jetant leur dévolu en masse sur ces entreprises ou start-up non côté en bourse, dans l’espoir d’un rendement il est vrai potentiellement stratosphérique. Dans le même sens, la peur de passer « à côté » du prochain gros coup à réaliser a un impact direct sur la rigueur des investigations de ces investisseurs, ouvrant la voie à une sur-évaluation de structure et gonflant artificiellement leur « potentiel » sur le marché. Concernant WeWork, le rôle prépondérant revient au patron de SoftBank, persuadé que l’entrée en bourse de la start-up allait générer un titre à 100 milliards de dollars lors des prévisionnels pour finalement trouver preneur à... 15 milliards de dollars. Aujourd’hui, SoftBank entend prendre directement les rênes de la start-up, pour tenter de sauver les meubles. Ensuite, il y a le rôle jouer par les grands noms de Wall Street, persuadés d’avoir trouvé un nouveau filon pour exploiter de nouveaux produits dérivés après la désintégration du marché des subprimes. Enfin, et il s’agit d’un effet lié au rôle des grands noms de Wall Street, des ramifications entre les différents secteurs sont aujourd’hui tissés. Dans le cas de WeWork, ces ramifications s’étendent au secteur de l’immobilier, où la start-up est numéro 1 ces derniers mois dans les principales mégalopoles du monde.

Une faillite qui s’inscrit dans une situation économique de plus en plus instable

WeWork jouera t-il le rôle du domino qui fait tomber tous les autres, à l’instar de New Century Financial en 2007 ? Il est bien entendu trop tôt pour le dire. Ce qui est sûr, c’est que la situation de quasi-faillite de WeWork s’inscrit dans un contexte économique de plus en plus instable.

Mise sous perfusion depuis maintenant plus de 10 ans pour être maintenu à flot, l’économie mondiale montrait ces derniers mois des soubresauts de plus en plus fréquents, et surtout de plus en plus violents. Fin septembre, l’injection massive et dans la panique de près de 300 milliards de dollars en quatre jours de la banque fédérale américaine (FED) témoignait de la phase ascendante des dynamiques menant à une crise économique qui, si elle éclatait, serait d’une ampleur supérieure à celle de 2008.

La question d’un nouveau krach boursier semble déjà réglé, tant la situation économique est tendue et que le moindre soubresaut, financier, politique ou géo-politique, entraîne inévitablement des phénomènes de vent de paniques sur les marchés mondiaux. De nouvelles bulles spéculatives, plus massives que dans le pré-2008, sont déjà formées. Concernant la question de WeWork, les ramifications avec un des secteurs où se sont reformées ces bulles, la sphère immobilière, sont réelles et pourraient ainsi jouer un rôle de déflagrateur.

En définitive, le principal élément qui pourrait éviter l’engrenage se situe dans le fait que, aussi incroyable que cela puisse paraître, la situation de faillite de WeWork intervient avant sa mise en cotation sur les marchés boursiers. Une situation qui pourrait limiter l’effet domino. WeWork, acte 1 de la crise économique ou nouveau signal rouge, d’un degré encore supérieur ? Les prochains jours et semaines nous apporteront la réponse.


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