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Palestine

L’OLP et Mahmoud Abbas enterrent les accords d’Oslo

Avec Trump et sa reconnaissance de Jérusalem comme la capitale de l’État israélien, les tensions entre la Palestine et l’état sioniste ne cessent de croître, mettant aussi en jeu par là même les accords tacites entre les gouvernements pro-impérialiste. L’OLP a en effet voté le fait de ne plus reconnaître l’État israélien, en plus de rompre tout dialogue avec les États-Unis qui avait été jusque là le premier médiateur dans le conflit.

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Crédits photo : AFP

Après deux jours de débat du comité central de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), celui-ci a chargé son comité exécutif, avec Mahmoud Abbas à sa tête, de suspendre la reconnaissance de l’État israélien. Cette réunion exceptionnelle était convoquée dans le but de réagir au positionnement ouvertement pro-sioniste de Trump qui avait reconnu Jérusalem capitale de l’État israélien le 6 décembre dernier.

De plus, tous les contacts avec Washington ont été mis en suspens, ainsi, le vice-président Mike Pence qui doit se rendre en Palestine fin janvier ne doit a priori être reçu par aucun dirigeant de l’OLP, alors même que les États-Unis avait toujours eu un rôle de médiateur dans le confit israélo-palestinien. Selon un communiqué, l’OLP exige maintenant que l’État israélien « reconnaisse l’État de Palestine dans ses frontières de 1967, annule l’annexion de Jérusalem-Est et cesse ses activités de colonisation ». Mahmoud Abbas, qui a ouvert la réunion par un discours de deux heures, allait dans ce sens. Pour être validé, cette motion doit être promulguée par le comité exécutif, et en dernière instance par Abbas.

Radicalité rhétorique : un pas vers la gauche bien calculé

Face aux attaques pro-sionistes de Trump et le renforcement de l’État israélien, Abbas, le président de l’OLP s’est vu obligé de réagir. Prise de position radicale qui entraîne de fait une rupture dans la politique conciliatrice des accords d’Oslo, ratifié en 1993, à Washington, et avec les États-Unis qui a toujours défendu ouvertement ou à demi-mots les intérêts de l’État israélien et les siens dans la région.

Pour, Abbas et le Fatah, il s’agit d’un changement de politique radicale, en apparence du moins. En effet, la solution des deux États reste in fine une concession au colonialisme sioniste, ce qui, aux vues des tensions et des affronts au peuple palestinien est en deçà des aspirations du peuple palestinien. Dans cette radicalisation, Abbas cherche donc avant tout à ne pas se couper des masses. Les frontières qu’exigent l’OLP sont celles de 1967, soit l’année de la « guerre des six jours », épisode traumatique dans le monde arabe puisque l’État israélien a triplé son emprise territoriale et a pris possession de la Cisjordanie et de la bande Gaza. Un maintien donc, de la solution à deux états, qu’il faudrait mettre en place par le dialogue institutionnel, pure fiction donc puisque l’État israélien n’est pas prêt à abandonner ses conquêtes coloniales, qui sont le socle de l’existence même de l’État sioniste.

Cette radicalisation du discours est aussi un moyen de prendre le pas sur le Hamas qui gagne du terrain en proposant des mesures de rupture avec les États-Unis et la reconnaissance de l’État israélien. Invité au comité central, le Hamas n’a pas participé aux débats jugeant que l’OLP ne répond pas aux volontés du peuple palestinien. C’est en somme une radicalisation du discours pour accompagner et continuer à avoir une emprise sur la radicalisation des classes populaires palestiniennes, prises entre deux positions réactionnaires, celles du Fatah qui ne souhaitent pas être dépassé par un soulèvement populaire et celle du Hamas.

Enjeux économiques et déstabilisation de toute la région

La déclaration de Trump, son tournant ouvertement pro-sioniste et la réponse de l’OLP vont obliger les puissances du Proche et Moyen Orient à se positionner plus clairement ; car si l’Arabie Saoudite, la Jordanie et l’Égypte ont des liens étroits avec les États-Unis et l’État sioniste, la ré-émergence d’un conflit ouvert va mettre les différents gouvernements dans une situation pour le moins complexe. D’un côté, il ne vont pas pouvoir se couper de l’État israélien, de l’autre, en maintenant une ambiguïté, ils vont se couper de leurs populations, pour la grande majorité pro-palestinienne. La prise de positon des pays de l’Organisation de la Coopération islamique, tel le fait de reconnaître Jérusalem-Est capitale de l’État Palestinien, est notamment faite en réaction aux différentes manifestations dans le monde arabe suite aux déclarations de Trump sur Jérusalem capitale de l’État israélien. Ce jeu d’équilibriste est renforcé bien sûr par Trump qui ne se cache pas de son affinité avec l’État sioniste, et qui pousse donc les puissances environnantes à se découvrir.

La possible éviction des Etats-Unis comme interlocuteur et médiateur dans le conflit israélo-palestinien laisse la place à d’autres puissances mondiales, à l’image de la France qui tente de se positionner comme tel. Mais dans tous les cas aucune puissance impérialiste ne prendra fait et cause pour le peuple palestinien tant l’État israélien est vital pour elles dans la région.


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