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Guerre des vaccins

L’Italie bloque des exportations de vaccins vers l’Australie, la commission européenne valide

Pour contrer les retards de livraison de vaccin, l’Italie a décidé ce jeudi de bloquer l’exportation de milliers de doses Astrazeneca vers l’Australie, la commission européenne a validé la décision. Contre toutes formes de coopérations, c’est encore le nationalisme vaccinal et l’adaptation aux grands laboratoires qui priment.

Armand Bonneto

5 mars 2021

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Photo illustration - AFP

Mario Draghi, nouveau président du conseil italien, a bloqué ce jeudi l’exportation de plus de 250 000 doses de vaccin vers l’Australie en usant d’un mécanisme de contrôle mis en place par la commission européenne. Ce mécanisme permet à chaque Etat de contrôler et de limiter toute exportation de vaccins produits sur le territoire au travers des services douaniers. Le 26 février le ministre des affaires étrangères italien avait fait part de cette proposition à la commission, qui n’a pas retoqué la décision.

Ce mécanisme de contrôle de la circulation des vaccins avait été mis en place par l’union européenne afin d’éviter que les laboratoires ne vendent à d’autres les doses de vaccins ; à compter du 1er février, après qu’AstraZeneca ait annoncé réduire son plan de livraisons.

Cette utilisation du mécanisme de contrôle est une première dans l’espace communautaire, mais le ministre français de la santé Oliver Véran n’a pas éloigné la possibilité de faire de même nationalement au micro de BFM : « Nous pourrions faire de même, nous verrons, c’est un moyen de faire pression, cela nous permet d’obtenir qu’ils reconvergent vers le contrat initial »

Cette décision de l’Italie est motivée par le manque d’approvisionnement et les retards pris dans les livraisons de vaccin promis par les grands laboratoires pharmaceutiques, dont ledit Astrazeneca qui n’a pour l’instant livré qu’un tiers des commandes réalisées en UE. L’Australie a réagit au travers du ministre des affaires étrangères estimant la décision dommageable mais justifiée, ne voulant sans doute pas accentuer les tensions internationales déjà bien présentes sur la question des vaccins. Ces déclarations de Véran et du premier ministre italien sont aussi motivées par une gestion catastrophique de la campagne des vaccins. Ces mesures de blocage des envois de vaccins sont pourtant avant tout symbolique, en Italie elles ne représentent que 250 000 doses sur les millions attendues. Pour Mario Draghi comme pour Olivier Veran il s’agit aussi et surtout de tenter de relever la face en se montrant comme des ministre s forts après avoir été une nouvelle fois humiliés sur les multiples fiascos et erreurs dans la campagne de vaccination.

Ces décisions montrent aussi le fiasco que représente la campagne de vaccinations dans de nombreux pays européens. Pourtant après plus d’un an de covid et plus de 2 millions de morts, une campagne de vaccination d’une grande ampleur est plus que jamais nécessaire. Encore une fois on observe que la santé est soumise à des enjeux de marché et de profits. Les difficultés de production sont artificielles, puisqu’elles découlent du fait que les laboratoires détiennent des brevets exclusifs sur leurs vaccins et se livrent une concurrence acharnée.

Ce blocage des exportations de vaccins par l’Italie est une illustration de la guerre des vaccins qui a court à niveau mondial, une guerre dont les vainqueurs sont pour l’instant les grands pays impérialistes qui n’hésitent pas à accumuler les doses au détriment des pays plus pauvres pourtant en grande difficulté. La pénurie de doses est une aubaine pour les grands laboratoires qui, d’une part ont largement profité de financement public pour la recherche des vaccins, et qui d’autre part se remplissent les poches par les millions de ventes à prix fort. Face à cette irrationalité, contre la logique de rentabilité maximale des labos et la complicité des Etats, il est nécessaire de revendiquer immédiatement l’abolition des brevets pour que le vaccin devienne réellement un bien collectif et qu’on en finisse avec la crise sanitaire 


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