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Second Tour

"Jamais vu un président aussi nul !" Macron à la peine pour vendre son bilan dans le Grand Est

Après Denain et les Hauts-de-France, Emmanuel Macron poursuivait son tour de France de campagne ce mardi. De la suppression des lits d’hôpitaux au dédoublement des effectifs de police au retour en passant par le retour au septennat, l’occasion pour lui de défendre son bilan de casse sociale mais aussi de promettre un second quinquennat dans la continuité de l’offensive sécuritaire et réactionnaire.

Olga Hagen

12 avril 2022

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E. Macron se trouvait, ce mardi, à Mulhouse et à Strasbourg pour poursuivre sa campagne de l’entre-deux-tours. Après un passage périlleux dans les Hauts-de-France lundi, un des fiefs de l’extrême-droite, le président a choisi la facilité et s’est rendu uniquement dans les deux départements du Grand Est dans lesquels il a fini premier au scrutin (Haut et Bas-Rhin), contrairement aux huit autres dans lesquels Marine Le Pen l’a devancé.

Mais c’était sans compter sur l’interpellation des travailleurs de la santé à Mulhouse. Dès son arrivée, ceux-ci ont dénoncé le manque de moyens ainsi que la déconnexion entre les décisions prises et la réalité du terrain. « Donnez les moyens à l’hôpital […] j’ai 30 ans de métier, j’ai connu un hôpital au sommet de la pyramide. Vous savez comment on soigne les gens ? […] Des gens meurent ! a ainsi lancé un aide-soignant de 61 ans. Une dénonciation de la casse de l’hôpital public que le candidat a balayé d’un revers de main en pointant un problème de sous-effectif décorrélé de ses attaques anti-sociales, osant même affirmer « on n’a jamais fait autant pendant un quinquennat pour l’hôpital qu’on a fait là ». « Mais pourquoi on manque de personnel ? Parce qu’on manque de moyens. […] C’est le serpent qui se mord la queue ! » lui a rétorqué une autre travailleuse.

Pour son prochain quinquennat, le projet de Macron s’inscrit dans la continuité du précédent avec les 17 900 lits d’hôpitaux fermés depuis le début de son quinquennat, la fermetures de services d’urgences, mais aussi l’externalisation croissante des secteurs ouvriers de l’hôpital comme à Bordeaux, le manque d’effectifs dû aux conditions de travail, aux statuts précaires et aux suspensions des non-vaccinés…

Après avoir timidement dragué l’électorat de gauche, atténuant son bilan sur l’hôpital en expliquant être lui-même « fils d’hospitalier », Macron s’est ensuite adressé à son aile droite en en remettant une couche sur le volet sécuritaire.

En discours à Châtenois après Mulhouse, il a ainsi déclaré vouloir « doubler d’ici à 10 ans la présence des forces de sécurité », un objectif déjà présent dans son programme. Selon lui, le but serait de répondre aux problématiques de violences faites aux femmes et à la lutte contre les stupéfiants. Deux thématiques qui soulèvent des réalités bien plus profondes qu’il instrumentalise pour renforcer son arsenal répressif et sécuritaire.

Encore une fois, des dialogues tâchés de mépris par Macron

Dans la même journée, Macron revendiquait sa volonté d’aller à la rencontre des Français pour tenter de les convaincre et se confronter à ses opposants : « je vais toujours au contact, je me suis jamais caché » a-t-il revendiqué, après avoir esquivé tous les débats avec les candidats. Comme à son habitude, Macron a feint la repentance et a reconnu avoir « parfois été trop loin », notamment lorsqu’il exhortait les français à « traverser la rue ». Pourtant, ses phrases méprisantes habituelles étaient de retour aujourd’hui.

« Mais vous êtes fous ou quoi ? » a-t-il ainsi lancé à un homme dénonçant le fait qu’il avait « assassiné l’hôpital public ». Et lorsque ce dernier a évoqué les multiples casseroles du candidat et notamment l’affaire Benalla Macron lui a répondu « Vous, ça se mélange quand même pas mal dans la tête ». Dans la même veine, il également lancé à une femme qui l’interpellait sur sa gestion sanitaire qu’elle était « en dehors de la réalité ».

Enfin, la journée s’est soldée par un discours à Strasbourg axé sur « l’importance de l’Union Européenne pour garantir la paix », puis sur sa volonté de réformer le système de retraites. Un sujet explosif qu’il a assuré vouloir rediscuter au lendemain du 1e tour alors que l’écart des intentions de vote se resserre avec Marine Le Pen et que la question sociale est au cœur des inquiétudes de la population. Un sujet qui n’a d’ailleurs pas manqué de faire son apparition avec l’irruption d’une dizaine de militants scandant « Macron, rend l’ISF ! ». Une réclamation à laquelle il a répondu avant de les virer de la salle : « D’abord l’ISF n’est pas dans ma poche. La réforme fiscale qu’on a faite en début de quinquennat a permis de faire venir de l’investissement, de recréer la richesse (…) ». Une manière très claire d’incarner son « en même temps », voulant assurer d’un côté le caractère social de ses mesures tout en donnant des gages de taille au patronat, secteur non négligeable de son électorat.

Préparons un troisième tour social !

Une nouvelle fois plein de propositions vides et de ton méprisant, son discours est bien loin de répondre aux nécessités réelles des travailleurs, de l’hôpital et d’ailleurs, confirmant son incarnation dans son projet ultra-libéral. Bien qu’il essaye de s’en cacher, prétendant mettre le tout sur « deux priorités : l’école, et l’hôpital » pour draguer son électorat à gauche et jouer les fidèles défenseurs des services publics, son quinquennat et ses maigres perspectives pour ces derniers montrent qu’il n’en est rien et qu’il compte au contraire briguer un second mandat dans cette continuité.

De l’autre côté, Marine Le Pen joue à l’anti-Macron pour capter l’électorat des classes populaires mais ne promet rien de mieux que ce dernier, que ce soit sur le terrain social ou sur le terrain sécuritaire et réactionnaire.

Le monde du travail, la jeunesse et les quartiers populaires doivent refuser tout autant le ralliement derrière une prétendue « Union Républicaine » que l’adhésion au projet ultra-libéral et raciste de Marine Le Pen qui n’offrent aucune perspective si ce n’est celle d’un avenir de répression, de précarité, de casse du travail et des services publics. Les enjeux posent la question d’une perspective plus ambitieuse pour notre classe : celle d’un « troisième tour social » qui se jouera dans la rue, pour faire face aux réformes antisociales qui nous attendent, d’un côté comme de l’autre.


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