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Transphobie

JK Rowling fait la promotion d’un site ouvertement transphobe

JK Rowling maintient le cap de la transphobie. Quelques jours après la polémique liée à son nouveau livre, “Troubled Blood”, qui reprend des clichés transmisogynes, l’auteure de la saga Harry Potter fait aujourd'hui la promotion sur Twitter d’une marque ouvertement transphobe.

Agathe H.

23 septembre 2020

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Crédit photo : AFP

Rowling garde le cap

Mardi 22 septembre, JK Rowling a de nouveau exprimé sa transphobie sur les réseaux sociaux par le biais d’un tweet faisant la promotion d’un site de vêtements et d’accessoires anglais "WildWomynWorkshop". Le tweet peut pourtant paraître anodin : l’auteure publie une photo de son nouveau t-shirt, qui porte la mention « This witch doesn’t burn », soit « cette sorcière ne brûle pas », référence probable à l’univers Harry Potter dont elle est la créatrice, mais aussi message adressé à ses détracteurs, comme pour dire « vous ne me réduirez pas au silence ». La photo est accompagnée d’un lien vers le site où elle a acheté le t-shirt, « au cas où vous connaissez une sorcière à qui ça ferait plaisir ».

Or, lorsque l’on fait un tour sur le site, on se rend vite compte que ses produits n’ont rien d’innocent. Créé par Angela C. Wild, une « artiste politique », et « militante féministe radicale », le site assume pleinement son parti-pris transphobe : « Nous considérons l’idéologie queer et trans comme une attaque envers les femmes et les lesbiennes », explique ainsi le site. Hormis quelques messages féministes élémentaire, on y trouve d’ailleurs surtout une flopée de goodies exprimant, en couleur et avec humour, des idées réactionnaires des plus nauséabondes.

Un t-shirt vendu sur le site

Parmis les produits, on trouve par exemple des t-shirts revendiquant un féminisme excluant les femmes trans, sous l’appellation TERF (« Trans-Exclusionary Radical Feminist », soit féministe radicale excluant les personnes trans), ou encore des pin’s « transmen (sic) are my sisters » (soit « les hommes trans sont mes sœurs »), rhétorique classique des féministes transphobes qui considèrent que les hommes trans ne sont au fond que des lesbiennes en perdition, voulant rationnaliser leur attirance pour les femmes en transitionnant, ou des femmes mal à l’aise dans les normes genrées qu’on leur impose.

On trouve également des messages plus explicites et plus terre à terre, tels que « transwomen (sic) are men », soit « les femmes trans sont des hommes », ou encore « Fuck your pronouns », soit « nique tes pronoms », qui s’attaque au fait de parler des femmes trans au féminin, ou des hommes trans au masculin. Enfin, on y trouve le message « transition = conversion therapy », soit « les transitions sont des thérapies de conversion », idée chère à Rowling selon laquelle les processus de transitions seraient équivalents aux thérapies de conversions, notamment pratiquées aux États-Unis dans de véritables centres de torture pour « convertir » à l’hétérosexualité les personnes homosexuelles.

{Un pins vendu sur le site}
Un pins vendu sur le site

C’est donc à une marque qui revendique fièrement sa transphobie, en niant l’existence même des personnes trans, leur identité de genre et en les réduisant à des caractéristiques biologiques, que JK Rowling apporte son soutien ! Aujourd’hui il n’est plus possible de mettre ces propos sur le compte de la maladresse, ce nouvel épisode transphobe de la saga Rowling montre ouvertement que l’auteure renommée est une activiste contre les droits des personnes trans, qui ne s’en cache pas !

En effet, ce scandale n’est pas un fait isolé. Après de nombreuses polémiques sur ses prises de position contre les droits des trans et des réactions remarquées sur Twitter, comme lorsqu’elle avait qualifié la transidentité comme étant une “mode” chez les jeunes, il y a seulement quelques jours JK Rowling avait de nouveau fait polémique avec la sortie de son nouveau livre, Troubled Blood. Un bouquin qui raconte l’histoire d’un détective qui enquête sur les meurtres d’un serial-killer habillé en femme. Loin d’être un polar anodin, ce synopsis vient renforcer l’idée selon laquelle les femmes transgenres seraient des personnes dangereuses voire criminelles, en particulier pour les femmes cisgenres et donc légitimerait leur exclusion de la lutte féministe.

Ces prises de positions répétées lui valent d’ailleurs le soutien de la marque « WildWomynWorkshop », qui, au milieu de ses produits aux messages plus transphobes et réactionnaires les uns que les autres, commercialise des badges « #IStandWithJKRowling », soit « Je soutiens JK Rowling ». Petit à petit, l’auteure multimillionnaire est devenue l’héroïne des transphobes, et s’est imposée comme étant l’une des figures publiques les plus influentes du mouvement TERF, qui prétend défendre les intérêts des femmes cisgenres en s’en prenant aux femmes transgenres.

Contre la transphobie, pour la lutte des femmes les plus opprimées et exploitées

Ces images et représentations des personnes trans laissent planer sur leurs existences des fantasmes et des peurs, qui sont bien loin de la réalité de leur quotidien et ne contribue qu’à augmenter leur stigmatisation. Pour les TERFs, les femmes trans sont menaçantes, violentes envers les femmes cis, et usurpent le nom de « femmes » pour mieux les opprimer. En réalité, les femmes trans sont aujourd’hui opprimées et surexploitées, précarisées et parfois exclues du monde du travail en raison de leur transidentité, et plus souvent victimes de violences physiques et morales que auteures de ces actes, voire parfois assassinées parce que trans. Sous couverts de féminisme, JK Rowling adopte de plus en plus ouvertement des positions réactionnaires. Bien loin d’un féminisme qui exclut les personnes trans, il faut plus que jamais revendiquer que la lutte contre l’oppression patriarcale est une lutte pour l’émancipation de toutes les femmes et minorités de genre.


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