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De l’autre côté des Alpes

Italie. Accords syndicaux scandaleux malgré la défaite de Renzi

Si la victoire du « non » au référendum constitutionnel du gouvernement Renzi a renforcé les franges politiques de la droite italienne (Berlusconi et Salvini) et stimulé, surtout, le mouvement populiste de Beppe Grillo, il est également vrai que ce « non » a été porté, au niveau social, par un mécontentement généralisé vis-à-vis des politiques anti-ouvrières et anti-sociales au service de Confindustria (le Medef italien) et de la finance qu’a porté Renzi.

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Antoine Roux

La régularisation des dispositifs de licenciement abusif du Job’s Act et la mise en place de contrats payés au coup par coup, par de simple ticket, et ne bénéficiant d’aucune couverture sociale, ont laissé des traces. Avec la réforme de la « Bonne Ecole » en 2015, les jeunes ont goûté les fruits amers de la transformation des écoles en entreprises et de leur privatisation croissante. Renzi, aujourd’hui, est remplacé par son ministre des Finances qui a pris la tête du gouvernement. Ce dernier, Paolo Gentiloni, assure la continuité des politiques précédentes.

Indépendamment de la façon dont la loi électorale sera ou non modifiée en vue d’un scrutin anticipé, indépendamment de la façon dont le mécontentement populaire est susceptible d’être récupéré par le Mouvement Cinq Etoiles ou l’extrême-droite de Salvini aux positionnements anti-migrants, xénophobes et nationalistes, rien n’est joué « sur la gauche » au niveau social. Il suffit en effet de songer aux derniers mouvements d’opposition aux contre-réformes, mais également à la manifestation pour un « non social à Renzi », ainsi que l’importante mobilisation de 200.000 manifestantes à Rome, fin novembre, contre les violences faites aux femmes, dans le cadre du mouvement Ni una menos.

Les derniers accords entre syndicats et patronat, cependant, indiquent également qu’il faudra se doter d’un programme à la hauteur des enjeux.
La direction de la FIOM, emblématique syndicat de la métallurgie et qui représente l’aile gauche de la CGIL, n’a pas hésité à signer un accord vampirique et cynique avec le patronat qui devrait être bientôt soumis aux salariés du secteur via référendum.
L’accord prévoit 51 euros d’augmentation de salaires dans les trois ans. Une prévision théorique qui tient compte de la possibilité des entreprises de s’adapter à l’inflation. De plus, 156 euros seront versés par l’entreprise à un fond privé pour la santé, décompté directement de la fiche de paie. L’adhésion au fond sera automatique et, en cas d’annulation, il sera impossible de récupérer le montant dépensé. Les bureaucraties syndicales, avec un grand esprit de complicité, font un clin d’œil aux patrons et aident à financer la santé privée.
La FIOM a également accepté l’accord présenté en 2012, qu’elle avait pourtant refusé dans un premier temps, et qui prévoit l’augmentation des heures supplémentaires obligatoires, la flexibilité et la pénalisation de la maladie. Le nouvel accord présente la possibilité d’allonger la durée de la semaine de travail de 40 à 48 heures pour se conformer à la productivité requise par le marché, mais c’est également l’activité syndicale qui est menacée. Seuls les syndicats signataires des accords de branche seront à même d’appeler à la grève…

Cet accord FIOM-patronat montre à quel point les directions syndicales confédérales ne souhaitent pas tirer profit de la situation ouverte par le « non », alors que tout le patronat italien appelait à voter « oui ». Raison de plus pour faire front, par en bas, contre les mauvais coups qui se préparent.


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