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Islamophobie

Islamophobie : quand l’Etat harcèle sur Twitter l’ancien directeur du CCIF

Après que le gouvernement ait dissout le CCIF en décembre, l'offensive islamophobe continue. Avant-hier, l'Etat a ainsi directement visé sur Twitter son ancien directeur Marwan Muhammad, se livrant à un harcèlement ciblé et assimilant la dénonciation de l'islamophobie à une "fake news".

Margot Vallère

29 mars 2021

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Vendredi 26 mars, Marwan Muhammad, ancien directeur du CCIF tweetait « Vous avez tenté de faire taire le CCIF, pour avoir mis en évidence les dynamiques structurelles du racisme, dont vous assurez activement la continuité. Puis vous avez fait un effet d´annonce en disant dissoudre génération identitaire, alors que vous en êtes les alliés objectifs ». C’est donc en son nom seul que Marwan a interpellé le gouvernement sur la dissolution de son organisation, dissoute en décembre dernier car accusée par le gouvernement de « séparatisme ». Le décret ayant acté la dissolution du CCIF, en réalité auto-dissout fin novembre, était par ailleurs une incarnation parfaite de l’offensive que mène le gouvernement contre les musulmans depuis plusieurs mois.

En réponse au tweet de Marwan Mouhamad accusant le gouvernement d’avoir « fait un effet d’annonce » en ayant dissous Génération Identitaire, le Secrétariat général Comité Interministériel de Prévention de la délinquance et de la radicalisation, un comité interministériel, a publié un thread tweeter incendiaire, attaquant directement le CCIF.

Le SG-CIPDR commence par réfuter ouvertement le fait que les musulmans puissent être les victimes d’actes islamophobes, perpétrés par des particuliers ou par le gouvernement lui-même. Il accuse également le CCIF d’avoir consacré tous ses moyens « à la diffusion de fake news selon lesquelles la France serait un pays raciste et antimusulman ». Une provocation lorsqu’on sait que les musulmans et les musulmanes subissent tous les jours le racisme d’Etat, insidieux dans la vie de tous les jours ou explicite avec les violences policières, les contrôles au facies à répétition...

De plus, le gouvernement mène une offensive acharnée contre la communauté musulmane depuis le début de l’année, comme nous le rappelle le passage en force de la « loi séparatisme » renommée par Darmanin « loi confortant les principes de la République », les nombreuses polémiques à l’initiative de la ministre de l’enseignement supérieur sur un prétendu « islamo gauchisme » qui gangrénait les universités selon ses mots etc.

Dans ce thread tweeter, le gouvernement attaque l’association sur tous les fronts, les accusant également « d’inciter insidieusement à la haine et à la division », raison qui aurait justifié selon lui la dissolution du CCIF. En réalité, le décret passé en conseil des ministres, une succession d’accusations visant à délégitimer l’association ont en grande partie été démontés par le CCIF qui s’est largement défendu face à ces accusations.

Le CCIF se positionnait aux côtés des musulmans et des musulmanes victimes de racisme et d’islamophobie qui se « saisissait du droit et de la communication » pour les protéger, selon les mots de Marwan Muhammad. Ici le SG-CIPDR accuse l’association de « vulnérabiliser » ses bénéficiaires, à les « dissocier de leurs concitoyens sur la base de leur confession » sous couvert de lutte contre l’islamophobie (dont ils réfutent l’existence) et de protéger les musulmans.

Déjà à l’époque le gouvernement s’attaquait ouvertement aux collectifs, associations et syndicats pour le simple fait de s’être réuni entre personnes victimes d’oppressions particulières. On pense dans ce cas à l’offensive actuelle à l’encontre de l’UNEF, le syndicat étudiant à l’initiative de réunions en non mixité entre personnes racisées. En effet, des députés de la droite et de LREM ont appelé à la dissolution de l’organisation et Blanquer dit réfléchir à « des évolutions législatives » pour rendre « illégal » le fait d’organiser des « réunions en réalité racistes ». 

Le gouvernement accuse donc des associations qui se donnent pour but de donner la parole aux opprimés et de les protéger, dans la mesure du possible, contre les attaques islamophobes de l’exécutif alors que ce dernier mène sans relâche une offensive « antimusulmans » ayant mené le CCIF à s’auto-dissoudre fin 2020. Déjà Gérald Darmanin, un des principaux porteurs de la loi « sécurité globale » l’avait qualifié « d’officine islamiste œuvrant contre la République », des propos qui sont toujours d’actualité aujourd’hui au gouvernement.

Le SG-CIPDR finit son thread par affirmer que « Les français de confession musulmane sont les premières victimes de l’islamisme qui instrumentalise l’Islam à des fins politiques ». Cette phrase révèle toute l’hypocrisie déployée par le gouvernement qui mène son offensive islamophobe et réactionnaire sans relâche depuis le début de l’année, en stigmatisant les musulmans et en menaçant de dissolution toutes les organisations contre l’islamophobie à l’instar du CCIF.


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