Dévastation

Incendies en Amazonie : feux bolsonaristes et intérêts impérialistes

Esquerda Diário Brésil

Incendies en Amazonie : feux bolsonaristes et intérêts impérialistes

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L’Amazonie brûle à cause de l’agrobusiness, systématiquement soutenu par Bolsonaro. Trump appuie et applaudit son élève tandis que Macron se targue d’être le défenseur de la nature et ravive le discours colonialiste.

[Crédits photo : Ricardo Moraes]

Cette division des intérêts impérialistes met en lumière les différents projets capitalistes pour l’Amazonie et l’importance nouvelle de la région alors que les tensions entre impérialistes et grandes puissances mondiales augmentent.

Bolsonaro a ajouté de l’huile sur les feux de l’agrobusiness et de l’exploitation minière prédatrice. Le résultat est clair : une catastrophe environnementale, des morts, São Paulo plongée dans la nuit à 15h, et une crise de santé publique à Rio Branco, totalement envahie par la fumée.
Le défrichage permet de faire fortune en une nuit : à la fois grâce à la vente du bois issu du défrichage, mais aussi du fait du profit réalisé par la vente de ces terres déboisées, plus rentables. En outre, elle permet d’agrandir les terrains disponibles pour le pâturage et ouvre la voie à une conversion totale des terres du Cerrado et du Mato-Grosso amazonien (régions boisées du Brésil) à la culture du soja et du coton.

De son côté, Macron, pour satisfaire différents intérêts, ressort la rhétorique colonialiste. Il dit vouloir un statut international pour l’Amazonie, ce qui signifie en réalité retirer la souveraineté des pays sur leurs territoires. Il a oublié de le rappeler, mais son discours reprend les arguments d’un article publié deux semaines avant dans la revue américaine démocrate Foreign Policy, et intitulé : « Qui envahira le Brésil et sauvera l’Amazonie ? ».
Macron veut ouvrir la voie aux intérêts commerciaux des agriculteurs français, potentiels perdants de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. Il cherche également à se positionner en leader sur la question environnementale, qui a suscité une forte politisation en Europe, notamment au travers d’importantes mobilisations et du vote massif pour les partis « Verts ». Mais il y a d’autres intérêts impérialistes plus profonds en jeu. Dans cet article, nous chercherons à comprendre les intérêts cachés pour l’Amazonie et comment cette crise montre une évolution de la position de la région amazonienne et de l’Amérique du Sud dans les nouveaux différends entres impérialismes et puissances émergentes, en pleine guerre commerciale. 

Les coulisses du duel Macron-Bolsonaro

Ce conflit a commencé lorsque Bolsonaro a annulé une réunion avec le ministre français des Affaires étrangères pour un rendez-vous chez le coiffeur. Au même moment, Wilbur Ross, Secrétaire au Commerce du gouvernement américain, était au Brésil pour commencer les négociations d’un traité commercial. Ce dernier notait devant la presse internationale que l’accord UE-Mercosur compliquait la possibilité d’un accord entre le Brésil et les États-Unis, expliquant que certaines normes technologiques pour diverses industries étaient différentes, et que le Brésil devait choisir entre le modèle américain et européen. Ce type de discours s’adresse principalement à la Chine et prévenait le Brésil des représailles possibles s’il choisissait la 5G de l’entreprise chinoise Huawei.

L’Allemagne, qui a été une des perdantes importantes de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, a de grands intérêts à disposer du marché brésilien pour vendre ses machines, ses voitures et ses produits chimiques. La relation entre le Brésil et l’Allemagne est tout à fait favorable à ce type de relations impérialistes qui pourraient se développer avec l’accord UE-Mercosur. C’est pour cette raison que Merkel a voulu pousser Macron au compromis. L’avancée des relations avec l’Allemagne est potentiellement profitable pour cette dernière mais signifie aussi le développement d’une future triple dépendance du Brésil (pour l’instant seulement double : avec la Chine et les États-Unis).

Ce que l’on peut d’ores et déjà souligner c’est que le Brésil, et par extension le Mercosur – étant donné que son économie et surtout ses industries sont partiellement liées à ce dernier –, est en passe de devenir le théâtre d’un conflit entre l’Union européenne (avec ses différents intérêts conflictuels, en priorité pour l’Allemagne), les États-Unis et la Chine. De plus, le conflit amazonien montre un changement de cap qui met le Brésil au centre des disputes. Ceci peut potentiellement causer des dommages pour l’agrobusiness brésilien, qui tirait jusque-là profit des frictions entre les États-Unis et la Chine, et faire du pays un des perdant des tensions croissantes.

L’Amazonie : deux projets de pillage des ressources du Brésil

Grosso modo, il existe deux grands projets capitalistes pour l’Amazonie : utiliser les richesses biologiques dans l’intérêt d’un « capitalisme vert », qui s’appuie sur la production de bois certifiés, de produits régionaux, le contrôle (et non pas l’élimination) du défrichage, la vente de crédits carbones, le tourisme écologique, un certain niveau d’autonomie pour les peuples indigènes et au milieu de tout cela de gigantesques profits en perspectives pour les industries pharmaceutiques et cosmétiques. Une industrie où le capitalisme européen, et en particulier français, est à la pointe.

Ce projet inclut un certain niveau de défrichage, même si son rythme est lent, convenu et contrôlé par des accords internationaux. C’est un projet qui accepte l’extension de l’agrobusiness dans la région, mais exige des limites et des négociations qui garantissent, dans le même temps, la mise en place de vastes réserves indigènes et naturelles. Un des exemples de la naturalisation d’un « certain niveau » de défrichage dans ce type de modèle est l’appel à un « moratoire sur le soja » suivi par certains actionnaires du soja qui s’engageaient à ne pas acheter de soja des terres forestières, en 2008.

Quel est le résultat ? Des terres dévastées en 2008, afin d’être utilisées pour le pâturage, sont aujourd’hui utilisées pour le soja et de nouveaux défrichages sont nécessaires pour le bétail. Le résultat est mesurable non seulement par des satellites qui montrent la déforestation, mais aussi dans les statistiques qui montrent une augmentation importante du nombre de troupeaux bovins dans le Para et dans l’État brésilien du Rondônia – qui comptent respectivement 21 et 14 millions d’animaux.
Il existe aussi un autre projet : celui d’une avancée qualitative de l’agrobusiness, de l’extraction des richesses minières et hydrauliques de la région aux dépens de la sauvegarde de l’environnement et du droit des populations natives et traditionnelles. Ce second projet est plus clairement associé à Bolsonaro et aux militaires.

Aucun des deux types de projet n’existe à l’état pur, et les deux types sont plus mêlés dans la réalité. Par exemple, il est clair que le lulisme a été traversé par les deux dynamiques, avec une certaine prédominance de la seconde, comme les montrent les catastrophes environnementales causées par les grands barrages hydroélectriques. Pourtant il existait alors une volonté de trouver un compromis, un équilibre entre les deux projets, par exemple en les distinguant géographiquement. Pendant que dans le sud de l’Amazonie, dans l’État de Rondônia ou du Mato Grosso, la politique prédominante était celle de « type Bolsonaro », dans l’Etat du Roraima et dans la région stratégique du Nord-Ouest, appelée « Cabeça de Cachorro » (« Tête de chien »), l’autre politique prévalait.

Des intérêts impérialistes dans chacun des projets

Des intérêts impérialistes différents se développent derrière ces deux types de projets. Différentes entreprises et camps impérialistes se préparent pour tirer profit des projets qu’ils soutiennent respectivement.
De fait, il faut comprendre que la France est un des plus importants acteurs mondiaux de l’agrobusiness notamment à travers le Crédit agricole ou le géant céréalier Louis-Dreyfus, et que l’Allemagne ou la Norvège, championnes de la rhétorique du « capitalisme vert », sont aussi championnes de la vente de pesticides et d’engrais polluant par l’intermédiaire des entreprises BayerCropscience et Yara. De plus, le capitalisme européen a une place prédominante dans les marchés mondiaux de la pharmacie et des cosmétiques (Roche, Bayer, GlaxoSmithKline, Novartis, L’Oréal, Unilever, pour n’en nommer que quelques-unes). Pour ces entreprises géantes, le maintien d’une Amazonie relativement verte est une garantie de conserver les brevets et de faire des profits illimités.
De l’autre côté, on retrouve Trump en porte-voix actif des intérêts du pétrole et des exploitations minières américaines. De fait, Bolsonaro avait rendu clair en avril qu’une des directives clés de son gouvernement serait « d’explorer la région amazonienne en partenariat avec les États-Unis. » Il se référait alors surtout aux mines de l’État du Roraima et à son pétrole. Une autre des richesses peu connues de l’Amazonie sont les « terres rares », une des raisons qui ont motivées Trump à vouloir acheter le Groenland.

Le contrôle des matières premières dans une période de croissance des conflits impérialistes

Dans les périodes de discordes commerciales entre puissances impérialistes, l’importance du contrôle des matières premières ressurgit. Lénine notait que l’une des principales caractéristiques de l’impérialisme était la volonté de maîtriser les matières premières. Cette tendance paraissait moins importante lorsque prédominait dans les relations internationales l’offensive néolibérale et l’ouverture des frontières pour les marchandises et les capitaux. Cela a été remis en question quand il s’est avéré que chaque situation de « guerre commerciale » incluait des conflits technologiques et le problème de l’accès aux « terres rares ».

Le révolutionnaire russe affirmait dans l’Impérialisme, phase suprême du capitalisme :
« Ce qui caractérise notamment le capitalisme actuel, c’est la domination des groupements monopolistes constitués par les plus gros entrepreneurs. Ces monopoles sont surtout solides lorsqu’ils accaparent dans leurs seules mains toutes les sources de matières brutes, et nous avons vu avec quelle ardeur les groupements capitalistes internationaux tendent leurs efforts pour arracher à l’adversaire toute possibilité de concurrence, pour accaparer, par exemple, les gisements de fer ou de pétrole, etc. Seule la possession des colonies donne au monopole de complètes garanties de succès contre tous les aléas de la lutte avec ses rivaux, même au cas où ces derniers s’aviseraient de se défendre par une loi établissant le monopole d’État. Plus le capitalisme est développé, plus le manque de matières premières se fait sentir, plus la concurrence et la recherche des sources de matières premières dans le monde entier sont acharnées, et plus est brutale la lutte pour la possession des colonies. »

Au milieu d’une guerre commerciale, la question de la maîtrise des matières premières est une des principales préoccupations des puissances impérialistes. Augmenter sa sphère d’influence en Amérique du Sud, continent particulièrement riche de ces dernières, peut donc être décisif, surtout dans cette première phase de préparation au conflit.
De fait, la Chine reste aujourd’hui à la première position en ce qui concerne l’exportation de terres rares et tente de créer un monopole sur leurs composés. Ces matériaux sont cruciaux pour les nouvelles technologies ainsi que pour l’industrie de l’armement. Le monopole des terres rares est un outil stratégique pour la Chine dans son conflit avec les États-Unis. Cette question traverse également le différend récent entre le Japon et la Corée du Sud. Les mesures prises par Trump pour augmenter la production aux États-Unis et sa tentative d’achat du Groenland ne doivent donc pas nous étonner. Le Japon, lui aussi, se prépare à augmenter la production de ces minéraux issus des bas-fonds des océans, mais également l’Australie, qui prend des mesures pour pouvoir offrir ce type de produit aux États-Unis.

Bolsonaro parle beaucoup du niobium. Ce n’est pas étonnant étant donné que c’est un minerai rare dont les réserves mondiales sont à 98 % situées au Brésil et qui est important pour produire des « protections » pour les satellites et les fusées. On en trouve principalement dans la région d’Amazonie communément appelée « Tête de Chien » (« Cabeça de Cachorro ») et dans le « Pic du brouillard » (« Pico da Neblina), à la frontière du Brésil, de la Colombie et du Venezuela. Or, il se trouve que ce se sont des terres indigènes, ce qui d’ailleurs attise la colère de Bolsonaro et de l’armée car elles ne peuvent pas être forées. L’armée Brésilienne possède d’ailleurs des effectifs parmi les plus importants du pays dans la municipalité où le nobio est concentré : São Gabriel da Cachoeira. Des études ont été réalisées qui montrent que l’Amazonie et plus particulièrement ces régions disposeraient des ressources des terres rares les plus convoitées.

Les intérêts militaires dans la région ne sont d’ailleurs pas seulement liés à une prétendue défense de la souveraineté brésilienne. Ils découlent également des intérêts de classe de ses officiers, issus de la petite bourgeoisie rurale. Ceux-ci acceptent toutes les demandes de privatisations, promeuvent une coopération militaire inédite avec les États-Unis, soutiennent la conquête du territoire national dans le cadre du projet de base aérospatiale américaine située à la frontière Est de l’Amazonie, à Alcantara dans l’État du Maranhão. Les officiels de l’armée souhaitent ainsi s’associer à la bourgeoisie ou même devenir directement propriétaires terriens dans la région. Ils cherchent à promouvoir l’orpaillage, à devenir les associés de l’impérialisme, et dans le flanc sud de l’Amazonie, à participer à l’offensive déforestatrice de l’agrobusiness. Dans de nombreux endroits, on retrouve ainsi une alliance entre les propriétaires fonciers, les militaires et les politiques locaux.

Les ressources minières du nord de l’Amazonie brésilienne représentent un enjeu très important, comme le montre l’assassinat d’un chef d’une tribu indigène par les orpailleurs dans l’État du Amapá – sans parler de la région de Carajas où se trouve une partie importante des réserves de fer mondiales. Des études montrent que dans l’Ouest de l’Amazonie, de la frontière avec le Pérou à l’ile de Marajó, en passant par Manaus, on pourrait accéder à l’une plus importantes réserves de gaz de schiste du monde par l’utilisation d’une technique ultra polluante : la fracturation hydraulique. L’agence nationale du Pétrole estime que cette production, associée à celle du bassin du Parecis (entre l’État du Mato Grosso et l’État du Rondônia), et à celle de pétrole léger [pétrole issus de gisements de roche à faible porosité] pourrait faire du Brésil une des premières puissances productrices de gaz naturel. L’agence estime qu’en 2050 le pays produira plus de 47 milliards de mètres cube de gaz, soit cinq fois la production américaine en 2019.

L’agrobusiness, l’Amazonie et ses divisions, reflets des conflits internationaux

Dans le Sud et l’Est amazonien, l’agrobusiness accroît également sa présence notamment par l’utilisation criminelle du feu visant à étendre les pâturages et la culture du soja. Les incendies dans l’Amazonie révèlent par ailleurs des conflits au sein de l’agrobusiness qui n’étaient pas visibles auparavant. Ils montrent en effet l’opposition entre les intérêts des entreprises de la logistique, du traitement et de la commercialisation (les « traders ») d’un côté, et ceux des propriétaires fonciers d’autre part.

Ainsi, Blairo Maggi, ex-gouverneur du Mato Grosso, propriétaire de l’entreprise Amaggi (premier groupe mondial sur le Soja), qui représente le camp des « traders », a attaqué durement la politique environnementale de Bolsonaro. De l’autre côté, l’association des producteurs de soja, Aprosoja, a affirmé que les producteurs ruraux n’étaient pas responsables de ces crimes et a déclaré soutenir Bolsonaro. Avant cela, Aprosoja avait déjà publié une réponse à la déclaration d’Amsterdam, signée par différentes multinationales, en faveur d’une « déforestation zéro » dans le Cerrado. Cette réponse critiquait publiquement l’entreprise américaine Cargill, principale associée d’Amaggi, prête à investir des millions dans l’acheminement du soja.

Les grands propriétaires terriens revendiquent un encadrement législatif du défrichage, c’est-à-dire la fixation d’un pourcentage de chaque terre pouvant être défriché. Ce programme est publiquement défendu par le ministre de l’environnement Salles, par le Ministère de l’Agriculture et par l’ex-président de l’hyper réactionnaire Union démocrate rurale, Nabhan Garcia. La ministre de l’Agriculture, Teresa Cristina, tout comme l’entité qu’elle préside, la Confédération Nationale de l’Agriculture, tentent d’unifier les intérêts, pour l’instant divergents des propriétaires fonciers et des entreprises. Même dans l’agrobusiness, l’impérialisme conditionne les relations et les intérêts.

La place de l’Amazonie dans des conflits stratégiques

Ce panorama de certaines des matières premières présentes dans la forêt amazonienne brésilienne met en lumière la position des différentes puissances impérialistes sur la région et la croissance de la présence américaine, que ce soit à travers les exercices militaires à la frontière amazonienne du Brésil, de la Colombie et du Pérou, ou de l’alignement pro-américain de la Colombie mais aussi dans le gouvernement péruvien, après le « Lava Jato » local.

La signature de l’accord États-Unis-Brésil, qui inclut la prise de possession d’une partie de l’État Maranhao (avec le vote favorable du PCdoB [Parti Communiste Brésilien] à la Chambre) attaque les intérêts commerciaux et stratégiques de la France, notamment de ArianeSpace (filiale du géant français Airbus). Elle affecte aussi la base concurrente de Kourou en Guyane, qui était en passe de devenir le principal site de lancement commercial de satellites.
L’Amérique du Sud, en général, et l’Amazonie en particulier, font parties de la nouvelle stratégie des États-Unis pour renforcer son « arrière-cour ». À partir de sa domination dans l’hémisphère, le pays cherche à continuer à étendre son pouvoir, et ainsi, à se préparer pour la concurrence avec la Chine.

Depuis Bush, la Chine est devenue son adversaire premier, et ce fut d’ailleurs sous la présidence d’Obama que les premiers documents stratégiques sur la nécessité pour les États-Unis d’effectuer un « pivot vers l’Asie » furent rédigés. L’intention américaine d’augmenter son contrôle sur le Cône Sud est passée par la reconstitution de la Quatrième Flotte et du Commandement militaire du Sud, qui inclut aujourd’hui un militaire brésilien dans sa structure comme preuve de la soumission du pays.

Cette préparation stratégique et les conflits qui en découlent auraient aussi eu lieu sous un régime démocrate : des politiques de « guerre hybrides » se sont développées sous Obama. De plus, des sanctions économiques et d’autres pressions de ce type ont été prises, avant même l’arrivée de Trump. Le « Lava-Jato » [opération prétendument anti-corruption téléguidée par la droite pour faire tomber des dirigeants du PT], qui a fait convulser les régimes politiques du Brésil et du Pérou a ainsi eu lieu sous la présidence démocrate. La politique agressive de Trump contre le Venezuela a d’ailleurs pu compter sur le soutien démocrate et même sur celui des auto-déclarés socialistes démocrates Bernie Sanders et Ocasio-Cortez. Sans différence entre républicains et démocrates, une politique d’État impérialiste traverse tous les gouvernements américains.

De leur côté, l’entrée de la Chine et de la Russie au Venezuela est avant tout un moyen non seulement de freiner l’avancée états-unienne en général, mais aussi de mettre la main sur des réserves cruciales de matières premières, y compris du fait de la querelle avec la Guyane Anglaise sur l’énorme réserve de pétrole de la région d’Esequiba (région guyanaise limitrophe du Venezuela).

Cette dispute entre différentes puissances impérialistes et émergentes, se fait d’un côté à travers la possession coloniale en Guyane de la France et les bases américaines en Colombie et maintenant dans l’État brésilien du Maranho, et de l’autre à travers la base « aérospatiale » chinoise dans la région du Neuquén, en Argentine. Tout cela s’inscrit dans le cadre d’un mouvement économique d’ampleur de chacune de ces puissances, qui entendent développer leur influence politique et accéder à des matières premières, et souhaitent utiliser une région et des pays pour faire du profit dans un monde où la concurrence s’intensifie.

En dehors des États-Unis, l’Europe investit également de nombreux capitaux en Amérique du Sud et au Brésil en particulier. La tendance à l’augmentation des conflits impérialistes oblige chaque monopoliste et chaque puissance impérialiste à réactualiser la logique du « chacun pour soi ». Le conflit amazonien, n’est pas moins important, et s’inscrit dans le même cadre avec en arrière-plan l’expansion des exportations brésiliennes de soja et de viande en Chine. De plus, il faut noter que le Brésil est le quatrième plus important pays en termes d’investissement de capitaux chinois.
 
Le Brésil et l’Amazonie deviennent le lieu de conflits internationaux intensifs, pour lesquels importe peu l’environnement et les populations. Mais vouloir combattre les feux bolsonaristes et leur origine trumpiste ne doit pas nous conduire dans les pièges hypocrites de Macron. Une réponse de fond, qui permette de développer de nouveaux rapports entre les humains, les délivrant de l’exploitation, mais aussi avec la nature, ne peut être apportée que par la classe ouvrière et avec un programme révolutionnaire, anticapitaliste et anti-impérialiste.

Trad. Nora Pardi

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