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« J'ai cru mourir »

Implants contraceptifs. Quand les femmes reprennent la parole contre les multinationales de la santé

C'est une affaire qui aurait pu passer inaperçue, ou n'être traitée que dans les couloirs de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Mais si le Parisien en a fait sa Une aujourd'hui, c'est parce que derrière ce possible nouveau scandale sanitaire se cache la colère et la volonté de se battre des femmes ayant subi des complications multiples suite à la pose de leur implant contraceptif. Avec en ligne de mire, les entreprises de la santé qui font des profits sur nos corps et nos vies.

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Sarah Macna

A l’heure actuelle, aucune expertise n’a démontré la nocivité des implants contraceptifs Essure. Néanmoins, ce dispositif de contraception définitif (chargé de provoquer une réaction de fibrose qui aboutit à l’obstruction complète et définitive des trompes de Fallope) est au cœur de ce qui pourrait être un nouveau scandale sanitaire qui pourrait toucher 1,5% des femmes concernées. Déjà sous surveillance depuis juillet 2015, le dispositif est aujourd’hui mis au banc des accusés, pour avoir causé des troubles parfois très graves, bousculant la vie des femmes qui en ont été victimes.

L’une des deux plaignantes, Marie Klein, raconte dans une vidéo mise en ligne sur le site du Parisien comment elle a découvert, près d’un an après son implant, que tous les symptômes qu’elle ressentait depuis, et qui pourtant ne semblaient pas directement liés à des problèmes gynécologiques, pouvaient être relié à celui-ci. Sinusite, otites, douleurs, fatigue, palpitations cardiaques… « J’ai cru mourir », explique-t-elle, pendant ces longs mois, laissée sans diagnostic.

C’est notamment grâce à sa rencontre avec des groupes de femmes subissant les mêmes symptômes, aux Etats Unis ou au Pays-Bas, qu’elle a pu mettre des mots sur ce qu’elle subissait. Une rencontre qui l’a convaincue qu’il ne s’agissait pas d’un hasard, et qu’il était temps désormais de s’organiser collectivement, lançant une pétition puis une action devant la justice avec une autre femme. Pour leurs avocats, il s’agit de l’ouverture d’un « très gros dossier de santé publique »

Il est certain que la réputation de l’entreprise Bayer, qui commercialise le produit, ne présage rien de bon. En effet, cette entreprise est déjà bien mal connue pour les scandales sanitaires qui l’ont entourée par le passé, comme l’affaire du sang contaminé dans les années 80, ou plus récemment en ce qui concerne les pilules dites de « quatrième génération ». Une politique d’entreprise où ce sont bien les profits immédiats qui passent avant les impératifs de santé.

En ouvrant ce procès, c’est donc non seulement d’un cas spécifique qu’il s’agit, mais d’un procès contre la manière dont les multinationales de santé, même « sous surveillance », agissent dans le secret des laboratoires et des brevets, laissant les usagers de la santé, et particulièrement les femmes, face à leur symptômes pendant des années. Et s’il s’agissait, pour une fois, d’un procès pour dire que la santé des femmes concerne en premier lieu non pas les intérêts des multinationales, mais les femmes ?...


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