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Violences d'État

« Ils ont utilisé une fausse preuve pour m’interpeller » : un lycéen témoigne de sa garde à vue

« Les policiers ont essayé de me convaincre que le fait de participer à une manifestation non déclarée était illégal, je savais que ce n’était pas le cas » : dans le cadre de la campagne contre la répression lancée par Le Poing Levé, nous relayons le témoignage de Matéo, élève en terminale dans un lycée du 16ème arrondissement de Paris.

Le Poing Levé

26 mai 2023

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« Ils ont utilisé une fausse preuve pour m'interpeller » : un lycéen témoigne de sa garde à vue

Ce témoignage a été recueilli dans le cadre de la campagne anti-répression menée par le collectif jeune de Révolution Permanente, le Poing Levé. Pour y participer également et témoigner, vous pouvez remplir ce formulaire.

Crédits photo : Hubert2T

Le Poing Levé : Bonjour, merci de nous accorder ton témoignage. Peux-tu commencer par te présenter et nous dire depuis quand tu es mobilisé ?

Je m’appelle Matéo, j’ai 17 ans, je suis en terminale dans un lycée du 16ème arrondissement. J’ai participé à plusieurs blocus de lycées contre le SNU et la réforme des retraites. J’ai commencé à me mobiliser en réalité contre la loi Sécurité Globale mais aussi la loi Immigration avant de rejoindre le mouvement contre la réforme des retraites à partir de la deuxième journée de mobilisation.

Le Poing Levé : Tu as été placé en garde-à-vue lors d’une journée de mobilisation contre le SNU à Paris. Peux-tu nous raconter ce qu’il s’est passé et comment s’est déroulée ton arrestation ?

Je suis allé en manifestation contre le SNU avec des amies. Le rassemblement était organisé devant le village SNU. On était à peu près une centaine. À un moment durant le rassemblement, un homme s’est fait poursuivre par les policiers, on s’est rapprochés pour voir et on a trouvé sa boîte d’œufs remplie de peinture. C’est à ce moment qu’un personnel du SNU m’a insulté et m’a dit que je n’avais rien à faire là. Il est ensuite allé dire aux policiers que j’étais complice de la personne partie en courant, alors que c’était faux. Les policiers m’ont contrôlé, fouillé et m’ont interpellé pour « suspicion de participation à un groupement en vue de commettre des dégradations et des violences ». Ils ont essayé de me convaincre que le fait de participer à une manifestation non déclarée était illégal, je savais que ce n’était pas le cas. Après ça, les policiers qui me transportaient vers le commissariat ont mis la boîte d’œufs, la « preuve » dans mon sac en me disant de ne pas m’inquiéter. Mais ils ont utilisé cette preuve qui ne m’appartenait pas contre moi pour justifier l’interpellation.

Ils m’ont emmené au commissariat du 14ème arrondissement. Quand je suis passé avec l’OPJ, ce dernier m’a confirmé que j’étais suspecté d’être complice de l’homme qui avait cette fameuse boîte à œufs. Il a appelé mes parents mais ne leur a pas dit qu’ils pouvaient venir pour être présents pendant l’interrogatoire, alors que pourtant ils avaient totalement le droit. J’ai été placé ensuite en garde à vue. J’ai expliqué à l’OPJ que la boîte d’œufs n’était pas à moi mais elle ne m’a pas cru et m’a dit « mais bien-sûr, on les connaît les manipulations de preuves… ». Elle a fouillé dans mon téléphone en me disant que je ne pourrais être embêté que si elle trouvait des éléments qui avaient un lien avec l’affaire. Mais en fouillant dans mes discussions, elle a pris en photo des éléments qui n’avaient aucun lien comme par exemple des fumigènes que j’avais pendant un match de football. Elle a même voulu prendre des photos de mon groupe de famille WhatsApp, heureusement l’avocat a réussi à l’en empêcher. J’ai été relâché au bout de 23 heures de garde à vue. A la fin, je me retrouve avec une convocation devant la déléguée du procureur dans quelques jours.

Le Poing Levé : Tu es retourné en manifestation depuis ?

Oui. On m’a conseillé d’éviter de retourner en manifestation, mais j’y suis quand même retourné. Ils essayent de nous faire peur pour qu’on ne retourne pas en manifestation. Je retournerai en manifestation le 6 juin et avant s’il y a des rassemblements. Je ne vais pas les laisser gagner.

Le Poing Levé : Après cette arrestation, est-ce que ton rapport avec la police a changé ?

Complètement. Ils m’ont arrêté alors que je n’avais absolument rien fait, et je pensais qu’ils allaient me relâcher tout de suite. En fait, pas du tout, je suis poursuivi parce qu’ils disent que je suis complice. J’avais confiance dans le système, je pensais que quand ils verraient que j’étais innocent ils me relâcheraient, mais pas du tout.


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