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Hypocrisie

Ian Brossat se scandalise de la situation des réfugiés : qu’il réquisitionne les logements vides !

Depuis lundi, l’expulsion violente de plusieurs centaines de réfugiés qui s’étaient installés Place de la République après leur expulsion d’un campement à Saint-Denis génère une large colère. Face à cela, Ian Brossat, maire adjoint PCF, sort les grands discours en pointant la responsabilité de l’Etat... sans agir alors que 600 réfugiés continuent de dormir dehors !

Paul Morao

26 novembre 2020

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« Aujourd’hui les efforts de la Préfecture de Police c’est empêcher ces gens de dormir. Dans quel pays est-ce qu’on est ? Et comment traite-t-on ces gens, qui d’ailleurs dans leur grande majorité sont des demandeurs d’asile ? », « une honte pour la République et ses valeurs », « profondément scandaleux et honteux » … Ces derniers jours Ian Brossat n’a pas mâché ses mots pour fustiger l’expulsion violente du campement de migrants installé Place de la République lundi soir. Et pour cause, les images sont choquantes, la répression inacceptable et la colère générée tellement large que Gérald Darmanin lui-même a dû feindre d’être choqué et demander une enquête à l’IGPN pour tenter de donner le change face à une répression habituelle mais, cette fois, un peu trop visible.

Pourtant, force est de constater que si l’adjoint au logement de la Mairie de Paris se révolte contre la situation des réfugiés, ses discours cachent mal une politique qui est loin de se montrer solidaire des réfugiés. Face la situation dramatique des près de 600 personnes toujours à la rue suite à l’expulsion du camp de la Porte de Paris à Saint-Denis, l’élu préfère s’en remettre à l’État en lui « proposant » depuis vendredi dernier d’utiliser « deux centres des congrès actuellement vides : le parc des expositions de la porte de Versailles et l’Espace Champerret dans le 17e arrondissement ».

L’adjoint au logement peut ainsi dans le même temps s’indigner du traitement des migrants et se rendre sur place pour donner des interviews, tout en laissant plusieurs centaines de personnes finir par errer dans les rues et être expulsés vers les abords de la capitale, sans souci. Pour se refuser à réquisitionner immédiatement les bâtiments qu’il « propose » à l’Etat, et ainsi se déresponsabiliser, l’adjoint s’appuie sur le fait que la Mairie de Paris ne dispose pas du droit de réquisition du fait de son statut spécial. Mais qu’est-ce que la légalité quand des centaines de migrants sont condamnés à errer après avoir subi les scènes de violences jugées « scandaleuses » par l’élu ?

Surtout par-delà les solutions d’urgence, l’adjoint au logement de la Mairie de Paris qui se réclame du communisme se refuse à envisager une autre perspective qui tombe pourtant sous le coup du bon sens : la réquisition des logements vides. A Paris on en compte plusieurs centaines de milliers, auxquels s’ajoutent les milliers de mètres carrés de bureaux vides. Mais la stratégie de la Mairie est toujours la même, reporter la responsabilité sur l’Etat alors que 600 migrants sont toujours dans la rue, comme le rappelle Utopia 56.

Déjà, en janvier dernier, lors de l’occupation d’un ancien commissariat par des sans-logis, Jean-Baptiste Eyraud porte-parole du DAL dénonçait la stratégie de la Mairie : « La Mairie de Paris n’a pas demandé de prendre le pouvoir de décision sur les réquisitions de logements vides, elle se contente de rejeter la faute sur la Préfecture de Paris (...). » En 2016, suite à une expulsion de migrants à Stalingrad qualifiée de « chasse à l’homme » par les associations, Ian Brossat insistait déjà sur l’idée que « l’État doit faire son travail », car l’hébergement des réfugiés serait sa « compétence. »

Contre l’attentisme, c’est bien une politique de réquisition qu’il faudrait imposer, qui permettrait même d’offrir aux migrants des conditions d’accueil plus dignes encore qu’un hébergement d’urgence dans un palais des congrès. Une telle politique aurait un coût… mais sur ce plan il faut rappeler que la Mairie de Paris s’apprête (grâce à la loi Sécurité Globale !) à se doter d’une police municipale pour la coquette somme de 184 millions d’euros en 2021. Une politique que ne dénonce pas explicitement Ian Brossat, qui continue de jouer le rôle de bras gauche de Anne Hidalgo. Un bras gauche qui n’est pas exempt de responsabilité dans la politique d’éviction des classes menée et accompagnée par Anne Hidalgo depuis maintenant six ans.

Et par-delà la gestion de l’urgence, il s’agirait d’exiger un logement pour tous les réfugiés et exilés, d’autant plus dans un contexte où le confinement fait peser le poids de la crise sanitaire sur les plus précaires. Par ailleurs, dans la continuité de la très combative marche des sans-papiers du 17 octobre dernier, il faudrait également imposer la régularisation de tous les sans-papiers, et la fermeture de tous les centre de rétention.


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