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Hôpitaux saturés, 833 décès en 24 heures. Plus que jamais, stoppons la production non essentielle !

Mieux vaut prévenir que guérir, un principe auquel le gouvernement ne s’est toujours pas converti. Le gouvernement a abordé de prime abord la question du « déconfinement », s’appuyant sur l’hypothèse que l’épidémie aurait atteint un « plateau ». Mais le record du nombre de décès annoncé ce lundi - 833 en 24 heures - vient mettre en lumière la gravité de la crise actuelle et pose la nécessité impérieuse de l'arrêt de la production non essentielle.

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Crédit Photo : Anne Chaon. AFP

La semaine dernière, en plein pic épidémique, le Premier ministre s’est pris au jeu de "l’après" et a souhaité s’exprimer sur le déconfinement de la population. "Il est probable que nous ne nous acheminions pas vers un déconfinement général et absolu en une fois, partout et pour tout le monde" expliquait Edouard Philippe ce mercredi 1er avril, alors qu’on atteignait un pic à 509 décès ce jour-là.

Pourtant, au dernier recensement, les hôpitaux comptabilisaient 8 911 décès en France dont 833 en 24 heures. Une hausse importante après un léger fléchissement - le bilan précédant s’élevait à 357 morts en une journée - qui contrecarre les espoirs d’une décrue sur laquelle semblait se fonder le gouvernement. Un chiffre de décès record après trois semaines de confinement qui vient mettre en lumière les conséquences du maintien de la production non essentielle dans certains secteurs, devenus les nouveaux foyers de contamination auxquels l’exécutif et le patronat ne souhaitent en aucun cas s’attaquer.

Après des semaines d’impréparation, d’hésitation, de polémiques autour de la situation scandaleuse dans les hôpitaux, l’exécutif cherche désormais à avancer le "déconfinement", quitte à mettre la charrue avant les boeufs. S’il est évident que le confinement ne durera pas éternellement, la sortie de crise doit être « préparée ». Amorcer le débat public en plein pic épidémique sans avoir mis en oeuvre les conditions d’un tel déconfinement est irresponsable et révèle la volonté du gouvernement d’éluder le problème du maintien de la production non essentielle, qui participe à la propagation de l’épidémie.

Wiliam Dab, ancien directeur général de la Santé , l’expliquait en ces termes : "Le déconfinement est-il proche ? Il est encore trop tôt. La question se posera une fois que nous nous situerons bien en deçà du seuil de saturation des réanimations".

Le gouvernement veut se croire dans les arrêts de jeu quand "nous ne sommes qu’à la première mi-temps"

Désormais pour le gouvernement, il s’agit de penser à la réouverture du pays, pour sortir de cette crise qui commence à ternir la mine de l’exécutif. Macron semble vouloir passer à autre chose avant que les contradictions de sa politique ne finissent par le contaminer.

« Tester, tester, tracer, isoler et mettre en quarantaine », sont les réponses des spécialistes à cette situation. Selon William Dab, "l’idée que 40 millions de Français vont être malades et que 40.000 pourraient mourir est inacceptable". Campagne de tests massifs, généralisation du port du masque, isolement des malades dans des structures réorganisées pour l’occasion : selon le spécialiste, ce sont les conditions sine qua none pour éviter que 60% de la population soit contaminée et qu’un déconfinement puisse être entamé sans le risque d’une seconde rafale. Une stratégie qui permettrait qu’entre "5 et 7 millions seulement de personnes soient touchées".

En effet, pour espérer déconfiner sans la menace d’une seconde vague qui viendrait balayer les hôpitaux déjà largement fragilisés par la première salve épidémique, William Dab préconise qu’il faut impérativement débuter "le dépistage avec les tests, le traçage, l’isolement pendant le confinement". Mais loin de tout tracking généralisé comme le propose le gouvernement, commencer à tester massivement la population encore confinée permettrait d’évaluer le niveau de contamination atteint puis d’isoler les malades identifiés pour briser les chaînes de contamination. En ce sens, la mise à disposition d’hôtels rend possible d’envisager d’autres perspectives que l’immunité de groupe, une stratégie qui s’établit au péril d’une cinquantaine de milliers de morts selon la plupart des estimations.

Mais pour le gouvernement, pas question d’être les retardataires de l’Europe. L’Italie officialise le déconfinement, l’Autriche réouvre progressivement ses commerces, l’Allemagne semble contenir largement l’épidémie. Jean Castex, élu Monsieur Déconfinement par le chef de l’Etat, devra donc s’atteler à établir différentes stratégies de déconfinement pour la France. Pourtant, la population ne dispose toujours pas de masques malgré les indications de l’Académie nationale de médecine. Elle ne bénéficie pas non plus d’une campagne de dépistage massif qui a permis à la Corée du Sud d’inverser sa courbe épidémique. Aucune structure n’a été mise en place pour contrecarrer la saturation des hôpitaux et préparer l’isolement des personnes contaminées. Cependant, après avoir adopté les décrets d’application de la loi d’hôpital en 2005 qui ont contribué à démanteler le service public hospitalier, ce "sarkozyste pur et dur" semble convenir parfaitement au parti présidentiel, qui le qualifie d’"homme formidable".

En dernière instance, les préoccupations du gouvernement sont davantage d’ordre économique et politique que sanitaire. En effet, Bruno Le Maire alertait sur la gravité de la récession à venir, au Sénat ce lundi matin, insistant sur les perspectives de faillites et de plans de licenciement dans la continuité du vote de la loi d’état d’urgence sanitaire. En parallèle, le patronat accroît la pression à la réouverture sur les secteurs arrêtés par les droits de retrait massifs. À Renault, plusieurs organisations syndicales (sauf la CGT) signent avec le patronat un accord de reprise pour la fabrication de véhicules. A Semat, le chef d’entreprise justifie l’appel à la réouverture de son usine de bennes à ordures au regard de la reprise à Airbus et Alstom.

De l’autre côté, le confinement à deux vitesses fait renaître "l’imaginaire de classe" selon les termes de Jérôme Sainte Marie. Une situation qui sème les germes de la colère d’une partie de la classe ouvrière et donne des sueurs froides au patronat et au gouvernement.

L’appel à la grève de la CGT commerces et services incarne ainsi le passage à l’offensive des secteurs du monde du travail qui, dans la droite lignée des ouvriers italiens, refusent d’être de "la chair à canon", et font grève "pour sauver des vies". Une stratégie qui tranche largement avec celle, criminelle, qu’emprunte le gouvernement depuis le début de l’épidémie. Plus que jamais, il faut stopper toute la production non essentielle. #StopProductionNonEssentielle


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