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Un hommage sous contrôle

Hommage à Samuel Paty : Blanquer réduit au silence élèves et enseignants

A trois jours de la rentrée, à la suite du conseil de défense Jean-Michel Blanquer a décidé de changer du tout au tout la cérémonie d’hommage à Samuel Paty provoquant l’indignation des enseignants. Sous couvert du « plan Vigipirate » (sic), les temps de concertation sont supprimés. Reste la minute de silence de 11h, soit le droit de se taire et auquel tout manquement devra être « signalé à la cellule du Rectorat ».

Yano Lesage

31 octobre 2020

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PHOTO : Baziz Chibane

Un hommage et une parole censurés

La rentrée des élèves devait être décalée à 10 heures pour laisser le temps aux personnels d’éducation d’échanger et de se concerter. Puis, avec les élèves, il était prévu de laisser un temps d’échange en classe avant de se rassembler dans la cour pour observer une minute de silence en l’hommage de Samuel Paty.

Il n’est sera rien. Dans un mail du vendredi 30 octobre, soit trois jours avant la rentrée et en l’absence de toute concertation avec les organisations syndicales, Jean-Michel Blanquer a annoncé que le retour en classe se ferait normalement lundi matin à 8h. Les temps de concertation entre personnels sont supprimés au motif du « plan Vigipirate » et de la menace terroriste explique les Rectorats.

Est seulement maintenue « la minute de silence de lundi [qui] doit être respectée. Tout problème en la matière est à signaler à la cellule « Valeurs de la République » du rectorat » précise le mail du ministre. Une mesure répressive et liberticide qui cherche à faire des enseignants des censeurs de leurs élèves et nuit une fois de plus à la relation de confiance qui est à la base de toute démarche éducative. C’est un véritable climat de censure et de méfiance qui s’abat sur les personnels et les élèves en lieu et place de l’hommage à Samuel Paty.

Empêcher l’émergence de toute revendication

On pouvait craindre, à juste titre, que ce « temps d’échange » ne soit monopolisé, au travers du chef d’établissement, par la communication verticale et officielle du ministère qui instrumentalise la mort de Samuel Paty à des fins politiques islamophobes ( mais oublie les suicides des enseignants mis à mal par leurs conditions de travail), célèbre la liberté d’expression (mais censure et réprime toute contestation des réformes Blanquer comme c’est le cas pour les enseignants de Melles opposés à la réforme du lycée).

Mais il laissait aussi la possibilité pour les enseignants d’exprimer les contradictions et l’hypocrisie du discours institutionnel. En particulier depuis l’imposition d’un « confinement made in Medef » et de la grande imposture du « nouveau protocole sanitaire » dans les établissements scolaires, le climat social est explosif dans les écoles. Réunir les personnels c’est aussi faire naitre la possibilité de voir leurs revendications légitimes émerger : la suppression du jour de carence, le dédoublement des effectifs, un véritable protocole sanitaire, l’embauche massive des agents de nettoyage pour faire face à la surcharge de travail, l’augmentation des salaires… Tout ce que le gouvernement redoute le plus.

Dès la rentrée, par la grève, exigeons notre droit à la parole !

Dès la rentrée du 2 novembre, les organisations syndicales ont déposé des préavis de grève. Localement, des enseignants s’insurgent que la rentrée ne soit pas décalée pour permettre qu’un réel hommage soit rendu à Samuel Paty et qu’un protocole sanitaire suffisant soit mis en place. Beaucoup parlent d’exercer leur droit de retrait en cas de refus de banalisation des heures de cours.

Qu’il s’agisse de l’hommage à Samuel Paty ou des conditions d’exercice dans un contexte de pandémie, les personnels d’éducation n’en peuvent plus du mépris de l’institution qui cherche à les réduire au silence. Utiliser leur droit de retrait et de grève est, dans la période, plus que légitime.


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