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Répression policière

Guadeloupe. La police expulse violemment le piquet de grève du CHU de Pointe-à-Pitre

Lundi 10 janvier en fin de matinée, la police est intervenue devant le CHU de Pointe-à-Pitre à grand renfort de gaz lacrymogène pour disperser le piquet de grève du personnel soignant en lutte depuis le mois de novembre contre la suspension des travailleurs non vaccinés contre le covid-19. Ce nouvel épisode s’inscrit dans une gestion autoritaire et coloniale de la pandémie en Guadeloupe, par un gouvernement pour lequel la répression policière tient lieu de politique sanitaire.

Joshua Cohn

13 janvier 2022

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Crédit Photo : Christophe Archambault/AFP

Lundi en fin de matinée, la police a dispersé le piquet de grève du CHU de Pointe-à-Pitre à l’aide de gaz lacrymogène. L’offensive avait commencé à 3 heures du matin, quand les forces de répression ont débarqué sur le piquet pour le saccager. « la police a débarqué sur le piquet de grève du CHU et ils ont tout écrasé. Quand on est arrivé, on a constaté qu’ils bloquaient les deux entrées du CHU et qu’ils interdisaient à tout manifestant de rentrer. On a bien compris la manœuvre, c’est la privation des droits et des libertés » Explique ainsi pour LCI Maïté Hubert M’Toumo, secrétaire générale de l’UGTG. Quatre personnes ont été interpellées.

Le gouvernement réprime ainsi les travailleurs du CHU en lutte depuis novembre dernier contre l’obligation vaccinale et la suspension, sans rémunération, du personnel non vacciné. Cette politique est non seulement précarisante et violente en ce qu’elle prive les travailleurs hospitaliers de leur rémunération, mais elle est aussi inefficace d’un point de vue sanitaire, poussant des soignants vers la sortie alors que le nombre de cas de covid-19 a été multiplié par 4 depuis la semaine dernière. En effet, sur plus de 1000 travailleurs hospitaliers suspendus faute de vaccination dans l’archipel, 631 se sont inscrits dans des dispositif de « médiation » et d’accompagnement. Inscription qui s’est déjà soldé par une rupture conventionnelle ou une reconversion professionnelle pour 129 d’entre eux.

L’attaque contre le piquet de grève du CHU de Pointe-à-Pitre, en plus d’être une attaque par l’Etat contre les cadres d’organisation et de protestation des travailleurs, révèle comment le contexte colonial guadeloupéen accentue la criminalisation des non-vaccinés qui tient lieu pour le gouvernement de politique sanitaire. Le 30 décembre dernier, Elie Domota, figure syndicale de la mobilisation contre l’obligation vaccinale pesant sur les soignants, avait été placé en garde à vue avant d’être libéré sous la pression de la rue. Lors de son interpellation, particulièrement violente, les forces de répression avaient "fait usage de gaz lacrymogène, tiré en pleine figure." Il est convoqué devant le tribunal correctionnel de Pointe-à-Pitre le 7 avril.

Dans la continuité de sa gestion autoritaire et catastrophique de la crise, le gouvernement ne recule devant aucune atteinte aux droits et à l’intégrité des travailleurs et des classes populaires pour imposer son discours de responsabilisation des non vaccinés dans la situation sanitaire.

Le vaccin protège contre le Covid et ses formes graves, les non-vaccinés ayant ainsi 16 fois plus de risques d’être hospitalisés à la suite d’une infection par le virus que les vaccinés et 38 fois plus de risques d’entrer en soins critiques A rebours de la stratégie vaccinale autoritaire et répressive du gouvernement, une vaccination massive nécessite un dialogue entre les soignants, les scientifiques et la population pour convaincre de son intérêt , d’autant plus que la gestion catastrophique de la crise par le gouvernement, notamment ses mensonges sur les masques ou la fermeture en pleine pandémie de lits d’hôpitaux a créé une méfiance particulière envers le gouvernement sur les questions sanitaires.

En s’attaquant à un piquet de grève, la police s’attaque au cadre d’auto-organisation dont les travailleurs disposent pour faire entendre leur voix, voire également pour avancer leurs propres protocoles sanitaires, comme en font la démonstration les travailleurs de l’éducation


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