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Mitsotakis démission

Grève nationale en Grèce. 30 000 personnes manifestent contre une nouvelle loi travail

En Grèce, le gouvernement de droite dure de Mitsotakis attaque le monde du travail encore une fois avec son nouveau projet de loi visant notamment à augmenter les heures de travail. Mais les travailleurs grecs s’y opposent largement et se sont mobilisés massivement à travers une grève nationale le jeudi 10 juin partout en Grèce.

Lucia Nedme

14 juin 2021

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Le gouvernement grec compte faire voter au Parlement cette semaine une nouvelle loi sur le travail - déjà approuvée en première lecture mercredi dernier - qui, selon lui, introduirait une flexibilité facultative des heures de travail, fixerait des règles sur le travail à distance, permettrait de lutter contre l’exploitation et le non paiement des heures supplémentaires et prévoirait des garanties contre le harcèlement sexuel sur le lieu de travail.

Mais derrière ces belles paroles se cache une toute autre réalité et les travailleurs ne sont pas dupes. En effet, le ministre du travail, Kostis Hatzidakis, affirme que cette nouvelle réforme permettrait de négocier avec la direction le fait de travailler des heures supplémentaires pour, en échange, plus de congés payés. Dans d’autres mots, la nouvelle loi vise à légiférer le fait de travailler des heures supplémentaires non rémunérées par les employeurs - un moyen déjà utilisé par les grandes entreprises depuis des années et qui pourrait devenir la norme. Ainsi, les journées de travail pourraient aller jusqu’à 10h, en autorisant au total 150 heures supplémentaires par an.

C’est contre cette attaque contre un des acquis sociaux les plus importants que représente la journée de travail de 8h, que le jeudi 10 juin, les syndicats et partis d’opposition ont appelé à la grève nationale. Les services publics fermés, l’arrêt total des ferrys, des trains et des transports publics - obligeant la reprogrammation des vols - : ce sont des milliers de travailleurs qui ont participé à la grève et sont sortis dans les rues. En effet, ce sont plus de 16 000 personnes à Athènes et 10 000 à Thessalonique, sans compter les différents rassemblements organisés dans plusieurs villes partout en Grèce, qui sont descendues manifester dans la rue pour dénoncer l’énième contre-réforme du gouvernement de Mitsotakis.

Alors que le gouvernement de Mitsotakis essaye de vendre cette loi comme un moyen de « moderniser la législation du travail », « faite quand l’internet n’existait pas », et qu’elle offrira un souplesse pour organiser les heures de travail avec des contrats personnalisés, elle ne représente en réalité ni plus ni moins qu’une loi de plus dans son agenda anti ouvrier. Des excuses pour attaquer le monde du travail qui ne passent pas, ce que les manifestants ont mis en avant à travers des pancartes où l’on pouvait lire « l’esclavage n’est pas un progrès » voire même « un esclavage des temps modernes ». Non seulement cette loi permettrait ainsi d’augmenter les journées de travail à 10 heures mais elle mettrait en place des règles plus strictes pour appeler à la grève - un outil historique de lutte des travailleurs.

Une loi qui s’inscrit dans la continuité du projet d’un gouvernement réactionnaire de droite

La Grèce a été un des pays les plus touchés par la crise de 2008 et a dû subir des ajustements structurels pour régler leur dette et relancer l’économie du pays, qui n’ont été que des mesures qui ont attaqué le système de santé public, d’éducation et de retraites. Et c’est dans cet état là, avec une population déjà précaire et avec un système public qui laisse beaucoup à désirer, qu’ils ont dû traverser cette crise sanitaire.

Un contexte dont le gouvernement de Mitsotakis a profité pour faire passer tout son programme chargé de lois antisociales et autoritaires parmi lesquelles on retrouve l’augmentation de la durée du service militaire, une loi restreignant la liberté de manifester ainsi que l’encadrement du droit de grève et des libertés syndicales, mais également un renforcement de la politique anti-migratoire grecque et la mise en place d’une police spéciale et de caméras de surveillance sur les campus universitaires.

Donc, cette nouvelle loi sur le travail, qui constitue une attaque contre le mouvement ouvrier et ces acquis, s’inscrit dans une séquence politique beaucoup plus large du retour de la droite au pouvoir depuis 2019. Son objectif est ainsi de libéraliser le marché du travail pour le rendre plus attractif aux investisseurs et entreprises, et d’être capable de relancer l’économie sur le dos des travailleurs, en les faisant travailler des heures supplémentaires, tout en se préparant aux potentiels affrontements sur le terrain de la lutte des classes, qui ne feront que se multiplier avec la crise économique qui se profile, sur une population déjà dévastée par celle de 2008.

Mais toutes ces attaques ne sont pas passées sans résistance, comme le montrent la grève générale de 2019 et plus récemment les mobilisations massives des étudiants.

Dans ce sens, la grève nationale contre cette loi travail montre que les travailleurs continueront à lutter contre ce gouvernement bourgeois réactionnaire qui s’attaque depuis le début de son mandat aux acquis sociaux et à l’ensemble des travailleurs. Une nouvelle journée de grève est ainsi appelée le 16 juin, cette fois-ci par les syndicats de marins afin d’exiger le retrait de cette loi anti-ouvrière, que la journée de huit heures soit conservée, le renouvellement de toutes les conventions collectives de travail, mais aussi l’abolition de toutes les lois anti-travailleurs, appelant à tous les travailleurs de différents secteurs à les rejoindre.

Seulement, ces journées de mobilisation restent très encadrées par les bureaucraties syndicales, en appelant à des journées de grèves isolées de seulement 24h. Il est donc essentiel pour les travailleurs de construire la mobilisation par en bas avec un véritable plan de bataille qui permette d’établir un vrai rapport de force face à ce gouvernement bourgeois de droite. Il est important d’essayer d’élargir la mobilisation à tous les secteurs du mouvement ouvrier et de la jeunesse, de se défaire des stratégies des directions syndicales vouées à l’échec et de mettre en place des cadres d’auto-organisation sur les lieux de travail.


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