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Crise de l'hôpital

Grève illimitée au CHU de Nantes : « On va avoir besoin des usagers pour dénoncer cette situation »

Le “monde d’après” est synonyme de lutte pour les travailleurs de la santé exaspérés. Depuis lundi, au CHU de Nantes a débuté une grève illimitée, appelée par les syndicats CGT, FO et Sud à l'adresse de tous les services, pour dénoncer des conditions de travail insupportables et une prise en charge de plus en plus inhumaine des patients.

Agapé

26 octobre 2022

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Crédit Photo : Loic Venance / AFP

Depuis ce lundi, les urgentistes du CHU de l’Hôtel Dieu à Nantes sont entrée en grève illimités afin de dénoncer leurs conditions de travails qui ne cessent de s’aggraver. Si le mouvement concerne en premier lieux les services d’urgences adultes et pédiatriques, chose inédite, l’appel à la mobilisation par l’inter-syndicale CGT, SUD et FO s’adresse à l’ensemble des services de l’hôpital pour « une grève générale » selon France 3.

Les soignants exigent des investissements matériels mais surtout humains : « Il y a des patients qui passent 24 à 48 heures allongés sur un brancard. D’autres attendent 10 heures avant qu’un médecin puisse les voir, raconte l’un d’eux au micro de France 3.

Aujourd’hui c’est la fermeture de lits, liée au manque de personnel qui empêche les soignants d’exercer dans des conditions favorables. Dans un entretien accordé à radio Hit West, Patrice Le Luel, secrétaire général adjoint CGT du CHU fait état d’un cadre de travail qui n’est plus tenable : « C’est structurel, il y a un souci de lits. Ça dure depuis 6 ans. En 2016 on était en grève, en 2019 aussi, en 2020 il y a eu le COVID, le personnel s’est retroussé les manches, il a encore serré les dents cet été mais là on n’en peut plus. Une colère qui se fait aussi entendre du côté de son secrétaire général, Olivier Terrien : « Il y a 40 enfants à opérer en chirurgie cardiaque d’ici à la fin de l’année, pour 11 plages opératoires, comment on fait ? On tire au sort ? ».

Même si le constat n’est pas nouveau et que la direction du CHU de Nantes tente de mettre en avant dans sa communication la « réouverture de la quasi-totalité de ses lits de médecine, chirurgie et obstétrique (ce qui ne correspond pas à une augmentation du nombre de lit), le son de cloche n’est pas le même du côté des grévistes : « La grogne a commencé il y a quelques jours avec un article dans lequel Philippe El Saïr, directeur général du CHU de Nantes, disait que le CHU était attractif pour les soignants, qu’il n’y avait pas de fermeture de lits or 16 lits ont encore été fermés en octobre.

Malheureusement, la fermeture continue des lits au CHU de Nantes n’est pas un cas isolé. Selon le dernier rapport de la Drees 4.300 lits d’hospitalisation complète ont été fermés dans les établissements de santé en France sur la seule année 2021->https://www.revolutionpermanente.fr/4-300-lits-supprimes-en-2021-il-faut-inverser-la-tendance-Billet-de-Marie-Laure-Charchar].

Comme au CHU de Nantes, le manque de moyen criant se fait également ressentir ces derniers jours en pédiatrie après la lettre ouverte de plus de 4000 soignants pour alerter le président français sur “des enfants quotidiennement en danger” dans ces services, faute de personnel, et l’activation du plan blanc dans de nombreux hopitaux comme au CHU de Bordeaux.

Malgré une enveloppe de 150 millions d’euros débloquées en urgence par le gouvernement pour répondre à cette crise immédiate en pédiatrie, cela semble bien peu pour répondre à la crise structurelle de l’hôpital public : c’est l’augmentation significative des salaires, l’accès à des formations et études gratuites, l’expropriation et la nationalisation des cliniques et structures privés, le partage du temps de travail sans perte de salaire entre toutes et tous pour alléger des agendas surchargés, ainsi que la mise sous contrôle des établissements de santé par les travailleurs eux-mêmes en relation avec la population, que pourra s’établir une santé publique efficace, gratuite et accessible pour l’ensemble de la population.

Si la crise de la Covid a notamment permis de mettre en lumière les conséquences des politiques d’austérité menées depuis des décennies par les gouvernements successifs, cela a surtout accentué la colère dans le milieu de la santé. La grève illimitée déclenchée lundi est un premier exemple de la marche à suivre pour l’ensemble du milieu hospitalier et plus généralement de l’ensemble de notre camp social.


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