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Crise sanitaire

Grève à Biofusion : les salariés responsables des tests Covid dénoncent le manque de moyens

Depuis mardi, les salariés des 20 laboratoires Biofusion en région Occitanie, qui pratiquent plus de 5.000 tests journaliers depuis le déconfinement, sont en grève reconductible. Ils exigent des moyens supplémentaires face au rebond de l'épidémie, et dénoncent la gestion catastrophique de la crise sanitaire par le gouvernement.

Tyshka Rostov


et Tom Cannelle

18 septembre 2020

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Crédit photo : La dépêche du midi, Hélène Deplanque

Depuis mardi dernier, 21 laboratoires Biofusion, dans les départements du Tarn-et-Garonne, du Lot et de la Haute-Garonne, sont en grève reconductible. Les salariés dénoncent le manque de moyens matériel et humain en temps « normal », qui s’est accentué avec la crise sanitaire et la campagne de dépistage du Covid, leur imposant des horaires à n’en plus finir. « Notre plateau technique est capable de faire 1.500 tests par jour et nous sommes à 5.000 » témoigne Catherine Bellenque déléguée syndicale CFDT au Figaro.

Au cœur de leurs revendications, la revalorisation de 10% de leurs salaires, qui équivaudrait aux salaires dans le secteur public. Alors que le groupe a fait quelques 4 milliards de bénéfices annuels, les salaires des techniciens de laboratoires plafonnent pour la plupart autour du SMIC, avec quasiment aucune évolution possible. Cerise sur le gâteau, la prime Covid qu’avait annoncée le gouvernement pour « la première ligne » a été revue à la baisse : des 1000€ initialement prévus ont été déduits les heures de chômage partiel, précise Catherine Bellenoue infirmière et représentante CFDT à La dépêche du midi, ne laissant au final que la modique somme de 250 euros reçue par une minorité de salariés.

Aujourd’hui en assemblée générale, les salariés ont décidé de reconduire la grève jusqu’à lundi. Appelé par les syndicats majoritaires FO, CGT et CFDT, le piquet réunit depuis mardi une centaine de salariés devant le plateau technique de Montauban : l’un des seuls sites encore ouverts par réquisition préfectorale des salariés que l’huissier vient chercher chez eux pour leur tour de garde. La vingtaine de sites périphérique ont été fermés suite à la grève.

Ce mouvement de grève prend racine en Occitanie, une région située en zone rouge, où les tests sont d’autant plus nécessaires pour tenter d’endiguer la propagation du virus, dans un contexte national de rebond de l’épidémie avec 10.000 nouveaux cas et 123 morts pendant les dernières 24 heures. Si le gouvernement a promis le 27 août dernier l’objectif d’un million de tests par semaine, il n’a donné aucun moyen supplémentaire, et c’est donc encore une fois sur les salariés que retombe la tâche d’affronter le virus, avec les moyens du bord. Le conséquences sont nombreuses pour les usagers : il faut attendre parfois plusieurs heures dans la file d’attente, et plusieurs jours avant de recevoir les résultats, ce qui ne permet en aucun cas à la maladie d’être sous contrôle et place les techniciens et secrétaires des laboratoires dans une tension au travail permanente.

Chaque jour donc, ils reconduisent la grève en Assemblée générale, estimant que les miettes que la direction leur adresse ne sont pas suffisantes pour ceux qui ont oeuvré contre le coronavirus depuis le mois de mars. Alors que la grève est en cours depuis mardi, le mouvement a obtenu une première victoire : la direction a cédé sur la question des 1 000 euros de prime, mais a tenté en vain de négocier une augmentation de salaire de 1 % au lieu des 10 % réclamés. Une insulte pour les salariés qui ont restent donc déterminés à poursuivre la bataille.

« Nous sommes le 3ème pays d’Europe qui teste le plus », fanfaronnait pourtant Jean Castex lors de son allocution la semaine dernière. Mais il ne suffit pas de décréter l’objectif d’un million de tests par semaine, pour que la campagne de dépistage soit efficace ; cela nécessite des moyens. Cela ne sert à rien de battre des records de chiffre, si les structures ne tiennent pas la route, si les petites mains de la première ligne n’ont ni de quoi travailler efficacement ni de quoi se protéger, et, surtout, si elles n’ont pas de quoi vivre dignement. Aujourd’hui, face à l’afflux de patients, le ministre de la Santé a préféré annoncer « prioriser les tests » pour en restreindre l’accès, plutôt que mettre en place les moyens nécessaires. Rien d’étonnant de la part des ministres d’Emmanuel Macron qui a attendu trois mois après le début de l’épidémie pour permettre à la population de se faire tester. Encore une fois, le gouvernement privilégie les intérêts économiques à l’urgence sanitaire et sociale. Alors que le plan de relance prévoit de distribuer 100 milliards au grand patronat, les moyens investis dans la santé restent cruellement dérisoires.

Par ailleurs, ce sont encore les grands patrons du secteur de la santé qui continuent à s’enrichir en pleine pandémie, à l’instar des laboratoires privés qui réalisent les tests PCR. Face à eux, les grèves de techniciens et secrétaires de laboratoire essaiment en France : les groupes Biolaris en Mayenne ou encore Astralab à Limoges, sont aussi en grève autour des mêmes revendications. Qui plus est, il est clair aujourd’hui, face à l’urgence sanitaire, que le système de santé ne doit pas être guidé par les intérêts d’une poignée d’entreprises privées. La nationalisation des entreprises du secteur sous contrôle des travailleurs – celles et ceux qui font tourner le laboratoire, sont en première ligne et connaissent le mieux les besoins – apparaît ainsi comme la seule solution face à la crise sanitaire.


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