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Gestion de la crise, déconfinement : le gouvernement en mauvaise posture

Selon un sondage, la défiance envers le gouvernement va croissant, passant de 46 à 58%. 81% des sondés estiment qu'il serait nécessaire de dépister l'ensemble de la population et plus de la moitié estiment qu'il faudrait fermer les entreprises non-essentielles. Pendant ce temps, les députés sont divisés sur les mesures de déconfinement.

Cléo Rivierre

21 avril 2020

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Selon un sondage réalisé par Ipsos-Sopra Steria pour le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), la défiance envers le gouvernement va croissant. Le Monde relate les résultats de cette enquête : « En un mois, le taux d’insatisfaits sur la façon dont "le gouvernement gère la crise" est passé de 46 % à 58 % (première vague réalisée les 16 et 17 mars, la dernière les 15 et 16 avril) ». Entre autres chiffres, le journal ajoute également que « 51 % du panel » considère que « les mesures prises pour protéger leur santé sont "insuffisantes". »

La défiance est plus forte chez les classes populaires : « le niveau de défiance vis-à-vis de la gestion de la crise est ainsi particulièrement fort chez les ouvriers (66 %), les chômeurs (64 %) ». Ceci s’explique notamment par les conditions difficiles de confinement chez les plus précaires : chez « les personnes vivant à cinq ou plus », on relève 67 % de mauvaise opinion sur l’action de l’exécutif ; et chez « les familles avec trois enfants ou plus », 67 % également.

Ce qui est en cause, c’est la gestion sanitaire de la crise de la part de l’exécutif. En effet, si une majorité de la population est favorable au confinement, beaucoup sont critiques de la gestion gouvernementale.

Ainsi, « l’opinion, anxieuse, semble même en attente de décisions encore plus drastiques. Dimanche soir, Edouard Philippe a expliqué que le port du masque pourrait être obligatoire dans certains lieux, notamment les transports. 75 % des sondés souhaitent même que ce type de protection soit obligatoire "dès que l’on sort de chez soi" ». Il en va de même avec les tests de dépistage, dont une grande majorité des sondés (81%) pensent qu’ils devraient être généralisés à l’ensemble de la population. La stratégie gouvernementale qui consiste à ne tester que les personnes présentant des symptômes apparaît clairement pour ce qu’elle est : catastrophique.

Chiffre significatif, plus de la moitié de la population (52%) pense qu’il faudrait fermer toutes les entreprises non essentielles. Ce n’est pas seulement la crise sanitaire qui est mise en cause, mais aussi l’ensemble de la politique gouvernementale, puisque « 85 % des sondés affirment ainsi qu’il faudrait consacrer plus d’argent public au secteur de la santé ».

Face à cette situation difficile, la majorité présidentielle est secouée par des divisions internes – en premier lieu sur la question du « tracking ». Le journal l’Opinion révèle que ce mardi matin, « 42 députés, pour moitié LREM, déposaient une résolution pour obtenir un vote sur cette méthode de traçage des malades pour lutter contre le coronavirus via l’application StopCovid-19 ». Selon le gouvernement, ce vote aurait pour vocation d’« éteindre l’incendie » déclenché par ces débats – notamment car « plusieurs députés LREM publient des tribunes dans la presse pour mitrailler le principe du tracking qu’ils jugent liberticide ».

Ainsi, dans un contexte de révolte dans les quartiers populaires et de défiance généralisée, les déclarations grandiloquentes mais très vagues d’Édouard Philippe->https://www.revolutionpermanente.fr/Plan-gouvernemental-Quelle-confiance-avoir-en-la-strategie-de-l-Executif] ne suffiront pas à masquer le fait qu’on est « loin de l’unité nationale rêvée par l’exécutif », comme le souligne Le Monde.

Avec ces distensions internes et des sondages en défaveur pour le gouvernement, c’est clairement le discours autour de la volonté de Macron d’une union nationale contre le Coronavirus qui s’effrite. D’autant plus que, au delà des débuts de contestation populaires dans les banlieues, l’exécutif et les renseignements généraux s’inquiètent d’une possibilité de retour de flamme sur le terrain de la lutte des classes. Une riposte essentielle, à laquelle il faut s’atteler dès maintenant, en proposant un programme unissant l’ensemble des colères légitimes qui s’expriment, ouvertement ou de manière plus larvé. Il s’agit d’une nécessité impérieuse, aujourd’hui pour imposer un déconfinement dans des conditions sanitaires optimales, et demain pour lutter contre les attaques patronales et gouvernementales qui entendent nous faire payer le prix de la crise sanitaire et économique.


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