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De l'air, ouvrons les brevets !

Gestion criminelle : les puissances impérialistes jettent 240 millions de vaccins à la poubelle !

Plus de 240 millions de doses de vaccins ont dépassé leur date de péremption et sont donc devenus inutilisables, et ce uniquement dans les pays capitalistes les plus riches. Ces chiffres montrent une fois de plus la logique de profit du système capitaliste au détriment des autres pays, qui peinent à vacciner leur population.

Léo Stella

30 mars 2022

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Crédits photo : Martin Bureau/ AFP

La pandémie du Covid-19 qui touche maintenant le monde depuis plus de 2 ans n’est pas encore terminée, comme le prouve la remontée du virus en ce moment. Cette situation est la conséquence directe de la gestion catastrophique de la crise sanitaire depuis le début de la pandémie. Les chiffres établis par Airfinity, une société d’analyse de données de santé, et révélés par Le Monde ne sont pas anodins et s’ajoutent à d’autres chiffres ou exemples. Les 240 millions de doses de vaccins gâchées représente à elles seules plus que la totalité des doses effectuées sur l’ensemble du continent africain où seulement 151 millions d’habitants sont vaccinés selon Airfinity. En France par exemple, 218 000 doses d’AstraZeneca sont périmées.

Ce chiffre énorme est révélateur de la stratégie qui a été choisie par la plupart des pays riches. Au début de la pandémie et dès que les entreprises pharmaceutiques ont ouvert l’accès aux vaccins, la plupart des pays riches ont à coup de grandes commandes monopolisées la quantité de vaccins disponibles, laissant les pays du Sud pour la plupart démunis. Aujourd’hui, on voit la limite de cette politique, ce nombre de doses périmer est un gâchis alors que la plupart des pays d’Afrique, notamment ont une grande difficulté à avoir accès aux vaccins. De plus, ces chiffres qui sont déjà conséquents devraient augmenter au fil des prochains mois car comme le montre un autre article du Monde, daté lui aussi du 29 mars, le nombre de doses stockées et donc non-utilisées dans le monde s’élève à 2,2 milliards dont 13 % rien que pour la Chine. En continuant dans cette optique, la crise sanitaire ne s’arrêtera pas, car c’est dans les pays densément peuplés et non vaccinées que les nouveaux variants émergent comme le prouvent les variant indien ou encore sud-africain.

Cette situation est révélatrice de la gestion de la crise sanitaire par les pays impérialistes à l’international. L’Union Européenne, en plus de mettre son veto auprès de l’OMS (Organisation Mondiale du Commerce) contre la levée des brevets envers l’Union Africaine ou des pays comme l’Inde pour qu’ils puissent avoir beaucoup plus facilement accès à la vaccination, envoie aux pays africains des doses qui sont quasiment périmés.

C’est ce qu’explique Le Monde : « Ces derniers (l’article fait référence aux grands pays capitalistes) se sont massivement défaits de leurs doses excédentaires depuis octobre 2021, parfois juste avant qu’elles ne se périment, par des arrangements bilatéraux ou par l’intermédiaire de Covax, le programme international censé fournir des vaccins aux pays en développement. Durant le seul mois de décembre 2021, plus de 100 millions de doses données à Covax s’étaient finalement vu refuser par les bénéficiaires en raison de leur trop courte durée de vie restante. »

Tedros Ghebreyesus, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), explique dans le même sens : « Trop souvent, les pays reçoivent des livraisons non programmées de doses proches de leur expiration, avec beaucoup trop peu de transparence sur quand les doses arrivent, quel vaccin et en quelle quantité ». Le directeur général de l’OMS aborde ici les problèmes d’organisation pour les pays recevant les doses de vaccins qui n’ont aucune visibilité sur la durée des vaccins mais aussi de leur acheminement.

Ces citations démontrent la stratégie des puissances comme l’Union européenne qui se débarrassent de leurs doses presque périmées en laissant les problèmes de logistiques et d’organisations à des pays qui sont déjà en souffrance et qui sont les premières victimes de la crise sanitaire.

À cela, s’ajoute aussi la question écologique. Les vaccins ne sont pas anodins et sont un risque environnemental, la question de la destruction de ceux-ci est donc importante d’un point de vue écologique. La France, par exemple, en envoyant 500 000 doses d’AstraZeneca au Nigeria à moins de six semaines de leur date de péremption, a voulu se débarrasser du problème de la destruction des vaccins alors celui-ci qui n’a pas les moyens financiers comme matériels de les incinérer. Le Nigeria les détruit donc en les ensevelissant, là encore toujours selon Le Monde, dans une décharge à ciel ouvert à seulement quelques kilomètres de la capitale nigérienne, ce qui à long terme pourrait affecter les sols et l’eau souterraine.

Enfin, le dernier aspect est géopolitique. La question des surplus des vaccins et leur utilisation créent des tensions à l’échelle internationale. Le président d’Afrique du Sud, à la suite du véto de l’Union européenne dont nous avons parlé plus haut, a déclaré en décembre 2021 : « Ils ont accumulé des vaccins, ils ont commandé plus de vaccins que ce dont leurs populations ont besoin. […] La cupidité dont ils ont fait preuve était décevante, surtout quand ils disent être nos partenaires. »

En plus des tensions générées, la question des vaccins peut devenir une arme géopolitique avec la menace de couper l’approvisionnement en vaccins. Le meilleur exemple reste celui de la Lituanie au début du mois de mars. Le Bangladesh devait en effet recevoir de la part du pays de l’Est un million de doses Pfizer, mais à cause du soutien du Bangladesh à la Russie lors du début de la guerre en Ukraine, le gouvernement lituanien a décidé d’annuler l’approvisionnement. On voit donc que la question du surplus des doses de vaccins, mais aussi plus largement la question vaccinale tout court, sont centrales dans la gestion de la pandémie à un niveau mondial ainsi qu’entre les relations inter-étatiques.

Plus que jamais, la situation montre que les pays capitalistes sont incapables d’une coordination internationale solidaire. Ceux-ci ne s’intéressent qu’à leurs politiques individualistes et aux profits engrangés par la vente des vaccins. Une fois de plus, les pays impérialistes montrent leur politique criminelle en refusant de lever les brevets, alors que les vaccins pourraient sauver des vies.


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