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Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées

Fusion technique ? Carole Delga (PS) élue présidente de la région… avec les voix du PCF et d’Ensemble

Après avoir justifié la fusion entre la liste du Front de gauche et celle du Parti socialiste (dont faisait partie la présidente du Medef montpelliérain) comme étant à caractère purement « technique », Myriam Martin assume la présidence d’une commission et vote, avec les élus PCF, l’investiture de la nouvelle présidente socialiste de la région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Carole Delga. Ce vote, tombé en plein débat sur la déchéance de nationalité – symbole de la « lepénisation » accélérée du PS – et alors que les élus du Parti de Gauche, et même un frondeur PS se sont abstenus, apporte un nouvel éclairage sur la question des fusions dites « techniques ».

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Un article publié sur Révolution Permanente le 10 décembre, entre les deux tours des dernières élections régionales, faisait état de l’accord fraîchement conclu entre les listes Front de gauche et PS dans la région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon : « Dans l’Hérault, on retrouve ainsi en neuvième position l’ancienne porte-parole du NPA Myriam Martin… Deux places devant Marie-Thérèse Mercier, la présidente du Medef Montpellier/Sète/Centre-Hérault ! »

Accord "technique"

Des militants d’Ensemble se sont empressés d’expliquer sur les réseaux sociaux qu’il s’agissait d’un accord purement technique, avant que Myriam Martin elle-même ne décide de publier une note sur son profil Facebook. Sur un ton larmoyant, elle y revenait sur le passé antifasciste de son père, puis se fendait d’une comparaison tout aussi fausse que fréquente avec la politique du front unique dans l’Allemagne des années 30, pour finir par insister, elle aussi, sur le caractère « technique » de l’accord conclu afin de rassurer les internautes :

« L’accord technique que nous avons passé a uniquement ce point commun, battre le FN et la droite. Pas d’accord politique, nous n’avons eu aucun droit de regard sur leurs candidats, et eux n’ont eu rien à dire sur les nôtres. Quant à la présidente du Medef 34, rassurez-vous je continuerai à le combattre dans la rue comme au sein de l’assemblée régionale. Il y a deux orientations à gauche, et je n’ai rien oublié de celle de la "gauche" gouvernementale. Je n’ai rien négocié et je ne négocierai rien avec le PS. Nous avons appliqué strictement la proportionnelle. Ma voix a toujours été indépendante et elle le restera. »

Majorité ou opposition ?

Puis est venue la saison du partage des « postes », et la présidence de la commission Éducation Jeunesse a été attribuée à Myriam Martin. Y aurait-il donc bel et bien une majorité commune ? Les militants d’Ensemble s’en défendent et expliquent que les commissions du Conseil régional ne font pas partie de l’exécutif, et qu’il s’agit donc d’une simple application du principe de représentativité des différentes sensibilités au sein de la liste fusionnée.

L’argument ne tient que partiellement, car les présidents des commissions sont désignés par la nouvelle majorité et choisis dans le cadre de celle-ci - ce qui fait qu’il n’y a pas de président de commission émanant des Républicains, par exemple. L’accord Delga-Onesta le précise lorsqu’il dit noir sur blanc que « Les élu-e-s de la gauche et de l’écologie au Conseil Régional s’engagent à soutenir les candidatures suivantes aux postes de responsabilité qui vont incarner la gouvernance nouvelle dans notre région » puis détaille la liste des présidents et vice-présidents des différents bureaux et commissions.

Pas étonnant dans ce contexte que le journaliste de France 3 Midi-Pyrénées n’ait pas « saisi les nuances » et écrive que « les composantes multiples (PS-PRG-MRC-EELV-FDG-Ensemble !-Occitanistes) de la nouvelle majorité ont conclu un accord sur un projet politique pour gérer la nouvelle grande région. Un projet politique qui passe par un projet de gouvernance avec un partage des responsabilités à la proportionnelle ». Pas sûr non plus que l’immense majorité des électeurs la saisissent…

Myriam Martin a tenu néanmoins à souligner son indépendance dans sa déclaration lors de la mise en place du Conseil Régional : « Un « accord de majorité » a été présenté et signé ce lundi 21 décembre à Toulouse pour la nouvelle mandature régionale, lors d’une conférence de presse entre Carole Delga et Gérard Onesta. Le mouvement Ensemble ! (membre du FDG) que je représente, n’a pas souhaité faire partie de la majorité régionale en participant à l’exécutif. (…) Comme cela est acté dans le 9ème point de l’accord, avec les autres élu-e-s issu-e-s de la liste « Nouveau Monde en commun », nous conservons toute liberté d’action, de proposition et de vote. »

Donnant-donnant

Il semblerait donc que c’est en possession de cette totale « liberté d’action, de proposition et de vote » que Mme Martin ait soutenu la candidature de Carole Delga à la présidence du Conseil régional. On pourrait avoir la tentation de penser que cela fait partie d’un accord tacite donnant-donnant qui, à l’évidence, remettrait au moins partiellement en cause le caractère purement technique de l’accord de fusion.

Cependant, le vote d’autres conseillers régionaux montre qu’une autre attitude était bel et bien possible. Les trois conseillers régionaux du Parti de Gauche et un « frondeur » du PS se sont abstenus et ont protesté contre le cumul de mandats de Carole Delga (par ailleurs députée pour la Haute-Garonne) et de Sylvie Pinel, qui cumulera les postes de Ministre du Logement et de première vice-présidente de la région, et ont indiqué craindre un manque d’indépendance à l’égard des politiques gouvernementales parmi lesquelles ils citent en particulier la déchéance de nationalité comme étant une « ligne rouge ».

La réalité semble avoir donc tranché le débat sur le caractère strictement technique ou pas des fusions PS-FDG. Myriam Martin aura démarré son mandat par un vote d’adhésion politique à la majorité PS alors que des membres de ce même parti s’y refusent. Quant à la gestion de Mme Delga, ses premières décisions en disent long sur la suite : pas question de renoncer aux augmentations des indemnités des conseillers régionaux comme cela a été fait en Normandie, et un hommage rendu à ses prédécesseurs disparus en Languedoc-Roussillon, en particulier Georges Frêche.

Conclusion à la grecque

Stathis Kouvelakis, ancien membre de la gauche de Syriza en Grèce, actuellement à l’Unité populaire, et qui ne cachait pas sa sympathie pour le courant de Mme Martin il y a quelques années, dans un texte posté sur son profil Facebook, a trouvé les mots justes pour décrire l’évolution de cette partie de la gauche et le réel contenu de son argumentaire anti-FN :

« Pour les (faibles) forces restantes qui se conçoivent comme antagonistes au capitalisme (et dans la mesure où elles se conçoivent de la sorte et non comme des forces de "refondation des valeurs de la gauche" comme je le lis si souvent ces derniers temps), le ralliement derrière les forces les plus gestionnaires et les plus systémiques au nom du "barrage anti-FN" relève d’un suicide pur et simple. Ou plutôt de la phase terminale de leur subalternisation/digestion par un social-libéralisme ayant viré à un néolibéralisme de plus en plus musclé et autoritaire. »


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