La veille de son passage sur TF1 où il a « rassuré » les électeurs à propos de sa réforme sur la Sécu, promettant que, finalement, tout le monde serait remboursé comme avant, François Fillon s’est rendu à Emmaüs pour prononcer un discours sur la lutte contre l’exclusion, qui a soudainement été érigée comme « priorité essentielle » par le candidat. Une mascarade qui n’a trompé personne et qui s’est soldée par un véritable échec ! Tout d’abord, l’association en a profité pour exprimer sa méfiance et ses inquiétudes sur les aspects économiques et sociaux de son programme et ses conséquences désastreuses sur les plus « exclus ». De plus, le Canard Enchaîné a publié, deux jours après sa visite à Emmaüs, l’acte notarié et une photo inédite de son château dans la Sarthe, contradiction énorme qui met à nu, une fois de plus, l’hypocrisie de Fillon et de tous ces autres politiciens qui sont à mille lieues des réalités et préoccupations des classes populaires, et qui, malgré leurs beaux discours, ne s’en soucient en réalité même pas !

Lors de sa visite à Emmaüs, François Fillon a érigé pour la première fois en « priorité essentielle », la lutte contre l’exclusion, la grande pauvreté et le chômage, promettant une loi de programmation européenne pour lutter contre la « grande pauvreté », tout en revendiquant toujours son programme ultra-libéral : « La première cause de la grande pauvreté c’est le chômage, et c’est la raison pour laquelle j’ai un programme économique qui est un programme radical et que je mettrai en œuvre si les Français me font confiance ». Mensonge éhonté de Fillon, qui consisterait à faire croire que le programme économique « radical » de « thatchérisme à la française » qu’il prône sera bénéfique pour notre classe, permettant de réduire considérablement le chômage, et la grande pauvreté. Face à son programme ultra-libéral et ses conséquences néfastes sur les travailleurs et les personnes exclues et marginalisées, Thierry Kuhn, président d’Emmaüs a dévoilé ses désaccords politiques et ses inquiétudes, notamment sur la suppression des 35 heures, la baisse de la qualité du service public avec la suppression de 500 000 postes de fonctionnaires, la position de Fillon quant aux migrants, souhaitant par là une « évolution de son programme » sur « la question du logement, du service public et sur la question du partage du travail et des richesses ».

Premier flop pour Fillon !

C’était sans compter la publication du Canard Enchaîné de l’acte notarié de 1993 et d’une photo inédite du château de six hectares que François Fillon possède dans la Sarthe depuis cette année-là ! Une belle contradiction ! En effet comment appréhender avec sensibilité la question de la grande pauvreté lorsque l’on a un château de six hectares ? Comment peut-on prétendre dès lors avoir pour « préoccupation essentielle » la question de la grande pauvreté ?
Cette photo, le fait qu’elle soit parue deux jours après sa visite à Emmaüs, est forte d’un point de vue symbolique, mettant à nu l’éloignement colossal qui existe entre la réalité des personnes issue des classes populaires, des personnes les plus exclues et marginalisées, et celle des politiciens qui prétendent les représenter et mettre en place des politiques pour elles et leurs intérêts.
Ce décalage démontre bien l’hypocrisie de la démarche purement électorale de François Fillon, déconnecté des réalités des classes populaires et qui a une profonde haine et mépris de classe envers celles-ci. Toute sa politique, économique, sociale et sécuritaire en témoigne.

Cette affaire n’a pas manqué d’être utilisée par ses adversaires politiques, François Fillon étant devenu la risée de Jean-Christophe Cambadélis, qui a ironisé sur la dimension de « châtelain » du candidat, ne manquant pas de mettre en évidence les difficultés que rencontre Fillon pour conquérir une base sociale plus large et populaire : « Il y a un désir à droite de voir Fillon président, mais il n’y a pas de désir dans le pays, surtout qu’on vient d’apprendre que M. Fillon était maintenant un châtelain, et qu’il avait caché ceci lors du débat interne de la droite, ce qui montre la nature même de ce candidat ».
En effet le caractère ultra-libéral, réactionnaire, anti-ouvrier et anti-social clairement assumé de François Fillon pourrait être un obstacle de taille, l’éloignant de plus en plus du vote et de l’adhésion populaire, nécessaire pour être élu tout d’abord, et pour pouvoir ensuite gouverner le pays.