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Emergence du télétravail payé à la micro-tâche

Foule Factory : travailler pour un salaire de 2,5€ de l’heure, c’est possible !

France 2 met en lumière un fait encore méconnu, ces sites qui rémunèrent à la micro-tâche. 20 centimes pour retranscrire un manuscrit à l’ordinateur, 7 centimes pour un formulaire, 1 euro pour prendre en photo une devanture de magasin. Tout ceci pour un salaire n’excédant pas les 2 euros 50 de l’heure… mais très rentable pour le patronat !

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Illustration : Les temps modernes, Charlie Chaplin, 1936

Micro-tâches, micro-salaires et surexploitation

Le site Foule factory affiche une esthétique typique de la start-up novatrice mais derrière leurs encarts se cachent un mode d’organisation du travail d’un autre siècle et des salaires d’un autre siècle aussi. Le service proposé par cette entreprise est « l’externalisation des tâches manuelles les plus laborieuses » pour que celles ci soient effectuées par les quelques 50 000 travailleurs revendiqués par le site. Le site propose en d’autres termes un système ultra compétitif de sous traitance des tâches subalternes à l’attention des entreprises qui pourront embaucher moins de personnel. Les marges que réalisent les patrons de Foule Factory ainsi que leurs clients, les entreprises, sont quant à elles assurées par l’économie de moyens et surtout grâce aux salaires de misère versés à ces travailleurs ultra-précaires. Ce télétravail non réglementé existe pour l’instant aux marges mais est appelé à se développer. Ces sous rémunérations et cette surexploitation sont présentés comme des compléments pour des gens qui par ailleurs ont un travail régulier. Mais on peut se demander si Foule Factory trouverait aussi facilement sa main d’oeuvre s’il n’était pas si difficile de finir les fins de mois avec un SMIC ou un temps partiel imposé. De plus le reportage de France 2 montre que certains ne peuvent compter que sur cette rémunération.

Le XIXème siècle à l’heure de la start-up et des nouvelles technologies

L’entreprise présente son modèle d’organisation comme une manière de collectiviser un travail laborieux et couteux. Foule Factory revendique « 50 000 personnes en France, mobilisables à la demande, [qui] mettent à disposition leur temps et leurs compétences pour réaliser « ensemble » vos projets  ». Ce bel esprit collectif de partage des tâches n’est en fait que la forme moderne et virtualisée du travail aggloméré de la manufacture ou de l’usine. Le site permet le « regroupement » virtuel de dizaines de milliers de personnes qui « ensemble » déploient une capacité de production et des cadences (grâce à leur mise en concurrence) supérieures à celles que pourraient développer les quelques employés subalternes que mobiliserait normalement l’entreprise qui a recourt à ces services. En fait, les travailleurs sont seuls, chez eux, précaires et mal payés, et les avantages du collectif sont purement et simplement au bénéfice du patron qui peut exploiter plus efficacement leur travail par l’intermédiaire de Foule Factory. Quand Foule Factory se vante de distribuer « la charge de votre travail à 50 000 personnes qui mettent à disposition leur temps et leur intelligence pour réaliser vos projets » il faut surtout entendre qu’elle exploite la détresse matérielle de milliers de travailleurs précaires et de chômeurs pour leur faire effectuer des tâches aliénantes, laborieuses, ultra fragmentées et parfois pratiquement absurdes, pour rehausser les marges des profits patronaux.

A l’heure ou Macron nous impose ses contre-réformes sociales et ses lois travail cet exemple doit retenir notre attention sur leur sens. Macron veut généraliser ce type de travaux déréglementés en martelant comme il l’a fait pour justifier l’uberisation, que gagner 2,5 euros de l’heure, c’est mieux que ne rien gagner du tout. Il nous faut refuser cette illusion du gagnant-gagnant et dénoncer la réalité de l’exploitation capitaliste. Ils veulent notre temps, notre force et notre vie au plus bas cout possible, voilà pourquoi nous devons nous battre pour nos salaires et pour la baisse du temps de travail sans perte.


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