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« Pour la liberté de se faire exploiter »

Formation-apprentissage-chômage : la prochaine attaque du gouvernement Macron

Muriel Pénicaud, ministre du travail, présentait ce vendredi en Conseil des Ministres sa dernière réforme, celle de la formation professionnelle, de l'apprentissage et de l'assurance chômage. Elle l'introduit comme une « émancipation sociale », et le « deuxième des trois volets de rénovation du modèle social », dans la lignée de la loi Travail XXL. Le premier toujours pas digéré, le deuxième pas encore passé, il nous tarde déjà de voir le troisième opus !

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La réforme que prévoit la ministre, joliment nommée projet de loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel » a finalement été défendue ce vendredi devant le Conseil des Ministres, sa présentation ayant été repoussée de quelques semaines.

L’apprentissage et la formation professionnelle : une main d’œuvre à bas coût

La réforme qu’a présentée la ministre ce vendredi se décline en plusieurs points avec une première partie qui concerne une fois de plus la jeunesse. Alors que Macron fait face en ce moment même à la colère des étudiants qui luttent contre la sélection à l’université et la loi ORE qui vise à modeler l’université selon les souhaits des entreprises privées, le gouvernement utilise exactement la même logique avec l’apprentissage. La réforme prévoit en effet, entre autres, de financer les CFA « au contrat », c’est à dire au nombre d’apprentis qu’ils accueillent.

Ce genre de mesure revient à laisser les formations professionnelles aux seules mains des entreprises. Les branches professionnelles vont en effet récupérer le contrôle des ouvertures de CFA, jusqu’ici gérées par les régions, ce qui menace 700 CFA de fermeture. Cette partie de la réforme risque fortement de mettre en danger les formations à faibles effectifs, pas forcément rentables sur le marché du travail.

En clair, cette réforme a pour but de façonner l’apprentissage aux exigences du marché du travail, de la même manière que la loi ORE formate l’université pour le marché de l’emploi.

De plus, cela n’est pas la seule mesure de cette réforme relative à l’apprentissage, le gouvernement prévoit en effet de nombreux autres points comme : autoriser la semaine de 40h pour les mineurs (au lieu de 35 précédemment), la suppression du passage obligatoire aux prud’hommes pour licencier un apprenti pour faute grave ou inaptitude, etc. Une exploitation accrue des jeunes travailleurs avec moins de « protections », Pénicaud nous présente ainsi sa « fléxisécurité à la française ». Des contrats qui seront donc plus avantageux pour les patrons qui pourront d’autant plus mettre en concurrence travailleurs embauchés et apprentis.

Minutieux contrôle des chômeurs

Début mars, Muriel Pénicaud dans un entretien au Parisien avait déjà présenté l’esquisse de la réforme sur le contrôle des chômeurs. L’attaque principale que le gouvernement cherche à dissimuler derrière de nouvelles aides à destination des indépendants et des démissionnaires -qui restent minoritaires- n’est autre qu’un contrôle renforcé des chômeurs avec un renseignement chaque mois de « l’état d’avancement de leur recherche d’emploi ».

Ce contrôle et cette pression vont de paire avec le principe « d’offre raisonnable d’emploi ». Les critères qui la définissaient vont disparaître et seront désormais fixés par le demandeur d’emploi et son conseiller. Cette « offre raisonnable d’emploi » ne peut être refusée qu’une seule fois, sous peine de subir une suspension des allocations chômages. De plus, une nouvelle échelle de sanctions va être mise en place dans les cas où le demandeur d’emploi ne se rendra pas à un rendez vous avec son conseiller : un mois de radiation (et donc de suspension d’allocations) pour un premier manquement, deux mois pour un deuxième, quatre mois pour le troisième.

Florence Poivey du Conseil Exécutif du MEDEF voit dans cette réforme une « vraie audace » du gouvernement. Ce constat là ne vient qu’illustrer le fait que cette réforme est un énième cadeau aux patrons de la part du gouvernement Macron, et une énième attaque contre les salariés, dans la ligne directe de la loi travail XXL. Cette réforme arrive au moment où les secteurs de la santé, du rail, de la fonction publique et de l’éducation se sont déjà pris des attaques simultanément. Le gouvernement Jupiter qui depuis le début de son quinquennat fait passer réformes sur réformes de manière offensive, n’attend même pas la fin de la bataille du rail et contre la loi ORE pour présenter son projet de loi « marché du travail : acte II », dans un matraquage, au sens propre comme au figuré, de contre-réformes. Notre réponse face à ce gouvernement qui continue à croire en son invincibilité malgré la colère grandissante de tous les secteurs, doit être celle de la grève, et l’annonce de cette nouvelle réforme de casse du travail nous montre l’importance de répondre en nombre aux appels du 1er et du 3 mai.


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Philomène Rozan

Etudiante à l’Université Paris Cité , élue pour Le Poing Levé au Conseil d’Administration

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