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16 jours de grève reconductible pour les métallos

Firminy. L’aciérie d’Aubert & Duval à l’arrêt pour le maintien de l’activité

Suite aux annonces de la direction de Aubert & Duval, groupe Eramet, de vouloir supprimer près de 70 emplois en arrêtant l'aciérie de son site de Firminy (Loire), les travailleurs de l'usine ont décidé de ne pas se laisser faire et ont entamé un mouvement de grève qui dure maintenant depuis 16 jours. Face à une direction qui veut avant tout envoyer au cercueil les salariés du groupe alors qu'ils croulent sous les devises, une manifestation avait lieu hier dans la ville de Firminy pour protester contre le chômage et la désindustrialisation du bassin d'emploi.

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Casser l’emploi pour plus de profit, le projet de la direction d’Aubert Duval

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Fin octobre, la direction de l’entreprise, en comité central d’entreprise (CCE) a annoncé le projet de fermeture de l’aciérie du site de Firminy, dans la Loire, une des six usines de l’entreprise qui appartient au groupe multinational Eramet. La fermeture de l’aciérie entraînerait 30 à 35 suppressions de postes sur ce seul secteur d’activité, ainsi qu’une trentaine d’autre sur les secteurs attenants, soit 70 emplois menacés dans une région déjà largement sinistrée, et dans un secteur attaqué de toutes part (le mois dernier, un accord de branche délétère était signé par certains syndicats, dont FO, dans la métallurgie). A terme, le projet de fermeture totale du site pour juillet 2017 est toujours en ligne de mire.

Pour justifier la décision, la direction tente de mettre en avant un « manque de compétitivité face aux entreprises italiennes ». L’aciérie, qui tourne à seulement 30% de sa capacité de production, avait adopté en 2013 un « plan d’amélioration de la compétitivité » qui avait supprimé 74 postes.

Autant d’éléments de langages du patronat qui signifient toujours la même chose : nous pensons pouvoir mieux exploiter les travailleurs ailleurs, nous voulons délocaliser. En effet, le groupe Eramet, qui compte près de 14 000 salariés partout dans le monde, et dont le chiffre d’affaire était de 3,1 milliard de dollars en 2015, est loin de manquer de travail pour une usine de 230 salariés, et son discours sonne plus que faux.

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Des difficultés économiques chez Eramet ? Nous souhaiterions bien voir cela dans les livres de comptes !

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Comme d’habitude, la direction française du groupe cherche à nous convaincre que les acteurs italiens et allemands seraient plus rentables, et que les travailleurs ne seraient pas en France assez compétitifs. Cependant, Eramet est loin d’être un paquebot en train de couler : une capitalisation de 2,03 milliards de dollars, 2,9 milliards en fonds propres, un chiffre d’affaire de 3,1 milliards ; l’entreprise va plutôt bien.

Surtout que l’entreprise est une petite protégée de l’Etat francais : 1,3 millions d’euros de Crédit Impôt Compétitivité Emplois en 2015, dont 230 000 euros pour le site Firminy 1,2 millions d’euros de subventions de la région offerts par Laurent Wauquiez ; l’argent coule dans les caisses de l’entreprise. Seulement voilà, les actionnaires ont ponctionné 300 millions d’euros sur les caisses, largement de quoi sauver une usine. Mais c’est loin d’être la priorité pour les actionnaires majoritaires, que ce soit la famille Duval (37% d’Eramet), le Fonds Stratégique d’Investissement, c’est à dire l’Etat francais (26%) ou Romain Zaleski, un multi-millionaire français (13%).

Face à leurs mensonges, parce que nous savons tous que l’entreprise n’est pas en crise, il est du droit des salariés de mettre leur nez dans les livres de compte, de lever ce secret commercial qui les arrange tant pour démontrer aux yeux de tous que non seulement il y a de l’argent, mais que cet argent pourrait servir à nourrir les familles et développer l’industrie.

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Une grève reconductible et une solidarité de la population à renforcer

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Face à ces licenciements immondes, les salariés se sont organisés : depuis 16 jours, le piquet rassemble les grévistes qui se sont organisés dans des Assemblées Générales. 16 jours de grève, et l’aciérie, comme la forge, sont à l’arrêt total. Pour les autres secteurs d’activité, que ce soit le traitement thermique, l’usinage ou les bureaux, c’est une grève perlée de 2 heures par jour qui installe un rapport de force.

Au delà de cela, la manifestation du 10 octobre a rassemblé plus de 600 personnes dans les rues de Firminy, soit au moins trois fois le nombre d’employés dans l’usine. Les travailleurs de l’ancien bassin industriel du Creusot-Loire, bassin largement sinistré, ainsi que leurs familles et tout le tissu social de la ville a bien compris quels étaient les intérêts : il s’agit là de sauver les emplois qui font vivre non seulement les familles des ouvriers, mais aussi de tous les commerces alentours. Dans un département où le taux de chômage atteint les 10%, il s’agit là d’un élan de solidarité exemplaire de la part de la population. Ce rapport de force doit cependant se renforcer davantage, et il s’agit de s’adresser aussi aux autres salariés du groupe, qui seront sûrement la prochaine cible.

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Quel projet alternatif pour nos usines ?

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Face à ces velléités patronales de casser des vies, les salariés ont exigé le retrait de la suppression de 70 emplois, et ont demandé en outre la possibilité de monter un projet alternatif à l’usine pour sauver, à plus long terme ; ceux-ci. La direction ne semble toujours pas le voir comme cela, et demande comme préalable à toute discussion la reprise de l’activité. Cependant, comme le souligne Laruie Narduzzo, secrétaire générale de l’UL CGT d’Ondaine, « on est en train d’installer un rapport de force, et les travailleurs voient que s’ils retournent au travail, le rapport de force baissera ». Ce rapport de force est en effet le seul levier dont disposeront toujours les employés pour imposer leurs décisions à Patrick Buffet, le PDG d’Eramet. Parce qu’en faisant cette grève, ils rappellent qui produit et qui travaille : plus rien ne sort actuellement des forges ni de l’aciérie. Et ce n’est pas l’actionnaire qui fera redémarrer la machine. Par contre les ouvriers savent très bien qu’ils pourraient faire marcher ces machines sans leurs patrons, qui, loin de « booster la productivité » et « organiser au mieux la production », ne cherche surtout qu’à exploiter jusqu’à la moelle les ouvriers. Une pétition, en ligne, a été également été lancée contre la fermeture de l’usine.

https://www.change.org/p/aubert-duval-sauver-des-emplois


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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