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Le libéralisme à la recherche d’une base sociale

Fillon s’inquiète de la montée de Macron

C’est une inquiétude rampante mais certaine qui angoisse les lieutenants de François Fillon : de quoi est capable Emmanuel Macron ? Le candidat-ex-banquier, au programme libéral teinté de « social », est désormais pour la droite un concurrent sérieux dans la course aux présidentielles. Macron-Fillon même combat ?

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C’était déjà une question qui éveillait la curiosité de certains au lendemain de l’élection de Fillon aux primaires de la droite : comment réagira l’électorat Juppé, moins « droitier » que celui de Fillon, à la « thérapie de choc » de l’ancien collaborateur de Sarkozy ? Certains soutiens de Juppé l’avaient alors clairement fait entendre : par exemple, pour François Bayrou (MoDem), la question se posait alors de revoir son scénario pour les présidentielles. Depuis, l’eau a coulé sous bien des ponts, emportant même le président vers le large ; la bataille pour la gauche a bel et bien commencé, et les politiciens de gauche tentent de se faire dessiner un nouveau portrait. Mais s’il en est un qui inquiète réellement le candidat des Républicains, c’est Emmanuel Macron, ex-ministre d’Hollande, banquier chez Rothschild et fondateur d’En Marche !

Beaucoup de signes inquiètent parmi les lieutenants du candidat réactionnaire au delà de l’aspect déjà connu de la proximité programmatique, et notamment deux signes : un meeting qui a rassemblé près de 10 000 sympathisants, dans une excitation qui a fait couler beaucoup d’encre, alors que le meeting final de Fillon n’en a rassemblé que 8000. Ensuite, il y a ce sondage Elabe pour BFM TV, qui place Emmanuel Macron personnalité politique qui « s’est le plus révélée » et « a le plus marqué de points », devant François Fillon, avec 48% de réponse pour le premier et 44% pour le second. Une dynamique montante qui contraste avec le relatif repli que fait Fillon alors que l’agenda politique pourrait le mettre potentiellement comme cible numéro1 pendant la primaire de la gauche.

Leurs programmes ne sont d’ailleurs pas tant éloignés de cela, Fillon l’emportant tout de même niveau libéralisme, avec une bonne dose de conservatisme. L’un comme l’autre s’oppose rigoureusement au « modèle social » français et cherche à rogner sur le plus d’acquis du mouvement ouvrier. La question du temps de travail est particulièrement visée, mais aussi celle de la hiérarchie des normes, hausse de la TVA, suppression de l’ISF… Si chacune des mesures est bien dans la tête des deux candidats, c’est bien la présentation du programme économique et social qui change, car dans le fonds, c’est la même idéologie : le libéralisme, qu’il s’agit de réhabiliter dans un pays où même la droite de Chirac avait fait de la « fracture sociale » son ennemi. Bien que défendant une même vision de l’ordre économique régissant la société, les deux candidats s’appuient sur une base sociale différente qu’ils cherchent à élargir. D’un côté, un électorat vieillissant, identifiant fortement le peuple de droite, (Fillon a gagné la primaire grâce aux plus de 50 ans, qui ont voté majoritairement pour lui), catholique, conservateur ; de l’autre, un électorat qui se veut jeune, « progressiste » sur les questions sociétales, pour le libre entreprenariat, et vise à séduire l’électorat centriste déçu de la défaite de Juppé. C’est le patron de sidérurgie contre le fondateur de start-up en somme.

Alors que la base sociale macronnienne semble se renforcer et peut proposer une réelle alternative au discours moyenâgeux de Fillon, les lieutenants de ce dernier s’affairent pour attaquer l’ex-ministre de l’économie d’Hollande, à l’instar d’Eric Woerth sur Europe 1 : « Il est peut-être le candidat du travail, mais il a surtout été le ministre du chômage. C’est un candidat isolé, teinté d’égoïsme ». Par ailleurs, Fillon tente de remobiliser sur sa « gauche », c’est à dire au centre en mettant en avant des personnalités plus modérées, « humanistes » comme on aime les présenter aux Républicains. Ainsi, Fillon a recruté dans son équipe de campagne l’ex adjointe du maire de Bordeaux, Virginie Calmels, ex-patronne d’Endemol, chargée de plaire aux jeunes et aux entrepreneurs, notamment grâce au mouvement DroiteLib, chargé officiellement de lutter contre Macron pour les présidentielles.


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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