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Je ne voterai pas sexiste !

Fillon, Le Pen, Macron… Ce qu’ils disent sur les droits des femmes et LGBTI

Photomontage/Photos Ouest-France et AFP Jamais une élection présidentielle n’aura aussi bien révélé les « privilèges » dont jouissent nos élus, ceux qui veulent nous gouverner pour les cinq prochaines années. Évasion fiscale, fraudes, détournements d’argent public… François Fillon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron sont tous dans le même bateau. Pendant que Fillon coule sous nos yeux, ceux qui restent n’en sont pas moins corrompus. Une véritable « caste politicienne » qui pas plus qu’elle ne peut nous gouverner – ne représentant que ses propres intérêts c’est-à-dire ceux de la classe dominante, des patrons, et des banques – ne peut prétendre défendre les droits des femmes, des personnes LGBTI et des personnes racisées. Fillon, Le Pen, Macron, trois politiciens intégrés au système depuis plusieurs années : passage au crible de ce qu’ils disaient hier et de ce qu’ils disent aujourd’hui sur les droits des femmes et LGBTI. Au programme : conservatisme, machisme, retour au foyer, essentialisme, libéralisme, racisme. Cécile Manchette

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Je ne voterai pas pour Fillon qui déclare que « La France n’est pas une femme à prendre »

Des propos machistes pour commencer

Chef du gouvernement en 2009, Fillon avait refusé un portefeuille ministériel à Nathalie Kosciusko-Morizet pour cause de grossesse en ces termes :« Tu ne seras pas ministre parce que tu es enceinte ». Fillon peut-il nous éclairer sur ce qu’il compte faire contre ces patrons qui licencient leurs employées quand elles tombent enceintes ?

En 2017, Fillon n’a pas plus qu’en 2009 développé une conscience féministe et de genre. Suite à l’affaire PenelopeGate, il a déclar étel un preux chevalier au sujet de sa femme Pénélope Fillon : « je la défendrai, je l’aime et je la protégerai et je dis à tous ceux qui voudront s’en prendre à elle qu’ils me trouveront en face »

Ce que pense Fillon du droit à l’IVG ?

« Je ne suis pas une femme » nous rappelle-t-il pour en conclure que « ce n’est pas à [lui] de prendre une décision personnelle sur cette question ». Le candidat républicain, parce qu’il n’est pas concerné, ne nous parlera certainement pas du fait que toutes les 9 minutes une femme meurt à la suite d’un avortement illégal. En 2014, le candidat à la présidentielle s’est abstenu au moment du vote du projet de loi pour l’égalité entre les hommes et les femmes... par peur de banaliser l’IVG. En 2017, contre toute attente, il a affirmé que : « d’un point de vue personnel, [il est] contre l’IVG ».

Le « mariage pour tous », on en fait quoi ?

Soutien de la manif pour tous, M.Fillon estime que « le mariage pour tous a perturbé le droit à la filiation ». Il « ne lui paraît pas légitime que la loi permette de considérer qu’un enfant est fils ou fille, de manière exclusive, de deux parents du même sexe ».

Le dada du candidat : l’instrumentalisation du féminisme à des fins racistes

« Faut-il rappeler aux « sauvages » qu’en Europe, les femmes ne sont pas des objets qu’on violente ou qu’on couvre de noir ? ». Le ton est donné. Il surenchérit : « le voile c’est choquant ». Ou encore, lorsque pour décrire le bien-vivre en France à la tribune de l’Assemblée nationale il parle de « cette vie où la beauté des femmes n’est pas recouverte de noir ».

Je ne voterai pas pour Marine Le Pen pour qui « la sensibilité féminine permet parfois de mieux comprendre »et pour qui les débats sur l’IVG, la GPA sont des « distractions »

Sur l’IVG : tout-comme-Fillon

Pour Marine Le Pen l’IVG et la GPAsont des « distractions ». Elle y est opposée, tout comme Fillon « à titre personnel » tout en affirmant ne pas avoir comme projet de toucher à l’IVG. Elle était en 2012 pour le « déremboursement des interruptions volontaires de grossesse ».

« Je pense qu’il faut cesser de rembourser l’avortement. Il faut promouvoir le respect de la vie dans notre société » affirmait-elle dans un entretien pour le journal La Croix en décembre 2014.

Opposée au « Mariage pour tous », quel est le projet de Marine ?

Son projet ? Celui de « défendre la structure familiale : institution irremplaçable, la famille représente le caractère central de la société, la famille doit se fonder exclusivement sur l’union d’un homme et d’une femme et accueillir des enfants nés d’un père et d’une mère ». C’est pour cela qu’en 2012 le FN s’était opposé « à la demande de création d’un mariage homosexuel ». En mai 2013, Marine Le Pen déclarait d’ailleurs : « moi au pouvoir, j’abolirai le mariage pour tous ». Marion Maréchal-Le Pen, qui n’est pas candidate à la présidentielle, affirme cette ligne dure du FN, s’opposant à l’avortement et voulant couper les subventions du Planning familial.

Ce que nous disent les élus du FN du projet de la France Bleu Marine

L’eurodéputé FN Dominique Martin a par exemple avancé en mai 2015 que le rôle de la femme était de « s’occuper de son foyer ». « Qu’est-ce que vous voulez ? Qu’on égalise les salaires alors que tant de gens sont au chômage ? », a déclaré Marie-Christine Arnautu, vice-présidente du FN en charge des affaires sociales. Agnès Marion, conseillère régionale FN Auvergne-Rhône-Alpesa elle déclaré que : « L’émancipation de la femme par le travail salarié est une marotte bourgeoise »

Le FN a voté au Parlement européen contre deux textes sur l’égalité hommes-femmes et à l’Assemblée nationale, les députés Marion Maréchal Le Pen et Gilbert Collard se sont opposé à la loi sur le harcèlement sexuel et à la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, qui comprend des dispositifs de lutte contre les violences faites aux femmes.

La vraie ligne du FN : instrumentaliser les droits des femmes « mises en danger par le fondamentalisme religieux »

« Je vais interdire les signes ostensibles dans l’espace public. Je vais prendre la loi de 2004 qui est la loi qui a interdit les signes ostensibles à l’école, et je vais l’étendre dans l’espace public ». Quand Fillon et Le Pen se mettent d’accord, le premier surfant sur le fond de commerce de la seconde. Á Marine Le Pen d’affirmer qu’« en France on ne sera pas en burka. La femme qui la porte doit se soumettre aux mœurs ».

Je ne voterai pas pour Macron pour qui « il n’y a pas d’inégalités entre les hommes et les femmes »

Emmanuel Macron salue le courage de Simone Veil

Pour Macron, « la gauche et la droite, ça ne signifie plus rien, que ça n’existe plus, c’est la même chose ». Rien de mieux pour illustrer ça que de rappeler le combat de Simone Veil pour la légalisation de l’avortement : « Il a fallu une majorité de droite et de gauche pour porter l’IVG » nous dit-il. Une version de l’histoire de la lutte des droits des femmes dont nous n’avons pas la même mémoire. Le débat sur l’avortement a été en réalité une lutte acharnée qui a traversé la société et dont la victoire revient essentiellement à la mobilisation des femmes.

Sur le burkini : derrière l’ambiguïté et le centrisme se cachent un discours civilisateur, universaliste et in fine raciste

« Il était justifié à certains endroits, pour des raisons d’ordre public, d’interdire le burkini. Il est indispensable de mener une bataille politique, idéologique, pour dire que ce vêtement est contraire à l’idée que nous nous faisons de la civilité et de l’égalité entre homme et femme. »

Dans la suite du discours, l’opportunisme complet s’invite au rendez-vous : « il est en même temps indispensable de défendre la liberté individuelle si certains veulent s’habiller d’une certaine façon. C’est une formidable défaite de voir des policiers arriver sur une plage et demander à une femme, au nom de la laïcité, de ne plus porter un burkini. »

Sur la question de foulard, Macron voudrait que la situation reste comme elle est et semble avoir assez de dispositifs législatifs pour continuer à réprimer la population musulmane : « je ne crois pas qu’il faille inventer de nouveaux textes, de nouvelles normes pour aller chasser le foulard à l’université. »

Ce que nous dit le « féminisme » qui marche pour Macron

La start-upeuse Axelle Tessandier en marche pour Macron veut responsabiliser les femmes. « Je rêverais d’une nana qui demande, à son entretien d’embauche : “Quelle est votre politique vis-à-vis de l’égalité salariale et combien y a-t-il de femmes au board ?” ». Est-elle au courant que c’est le candidat qu’elle soutient qui a fait passer la loi Macron allant dans le sens de précariser d’autant plus les femmes salariées face à leur patron ? Aujourd’hui, après le passage de la Loi Travail, qui s’inscrit dans la continuité de la loi Macron, il veut que prévale l’accord d’entreprise sur l’accord de branche. De quoi faire tomber le fantasme de la femme grande gueule, cool et sexy qui titille son patron. Axelle Tessandier se défend alors de promouvoir un féminisme élitiste : « Celles qui ont plus d’énergie et de ressources doivent être là pour porter celles qui sont dans des situations plus précaires. J’ai une définition du leadership : si tu montes une échelle, tu emmènes quelqu’un avec toi. » Bonjour au féminisme « cool » sous l’ère du libéralisme et de l’individualisme.

Le pendant du « féminisme cool », le mépris des femmes travailleuses

Quelques jours après son arrivée à Bercy en tant que ministre de l’Économie, Emmanuel Macron avait prononcé en septembre 2014 une formule qui avait légitimement fait polémique auprès des salarié.e.s des abattoirs Gad dans le Morbihan : « il y a dans cette société une majorité de femmes. Il y en a qui sont, pour beaucoup, illettrées. Pour beaucoup on leur explique : "Vous n’avez plus d’avenir à Gad ou aux alentours. Allez travailler à 50 ou 60 km." Ces gens-là n’ont pas le permis de conduire. On va leur dire quoi ? Il faut payer 1500 euros et il faut attendre un an ? ». Un mépris affiché du jeune ministre ex-banquier à Rotschild qui montre une fois de plus que le candidat (et les autres) vit bien dans une autre sphère que la majorité de la population.


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