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« Femmes en lutte, femmes en grève ». Un meeting réussi à la bourse du travail de Paris

A.B. Pascale Vendredi soir dernier, le 17 juin, une petite centaine de personnes était présente pour le meeting « Femmes en lutte, femmes en grève » à la Bourse du travail de Paris organisé par deux Assemblées Générales issues de la mobilisation actuelle contre la loi travail : l’AG non-mixte interfac femmes et minorités de genre et l’AG non-mixte Femmes-Travail de la Bourse du travail. Ce meeting ouvrait une journée de rencontre en non-mixité « Femmes et travail » qui se tenait le lendemain.

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« Parce que nous sommes discriminées à l’embauche et à l’emploi.
Parce que la double journée de travail […]
Parce que nous sommes systématiquement invisibilisées dans les luttes »

Nous avons besoin de faire entendre les inégalités et violences quotidiennes subies par les femmes et minorités de genre. Il faut profiter de la mobilisation actuelle pour questionner la particularité des liens culturellement construits entre femmes et travail, et élargir cette réflexion aux personnes trans et aux identités de genre marginalisées, que ces questions concernent en partie. Pourtant, beaucoup d’entre elleux ne se sentent pas en sécurité pour s’exprimer en mixité, dans les milieux militants traditionnels.

Il est donc essentiel de créer les cadres de partage, de provoquer cette prise de parole pour essayer de bouleverser notre réalité. La non-mixité est un outil de lutte et de libération, un cadre militant qui permet de s’exprimer et de s’organiser. Comme de nombreuses initiatives issues de la mobilisation contre la loi travail, le meeting de vendredi et la journée de samedi répondaient à ce besoin. Plus que repousser ou dénoncer les attitudes sexistes, ce double événement cherchait à analyser le rapport des femmes au travail, à la mobilisation, mais aussi analyser la loi travail avec la profondeur qu’apporte l’expérience de celleux qui subissent déjà, du fait des inégalités, ce que la loi promet, et qui refusent de voir de telles pratiques se légaliser.

Comme l’écrit l’AG non-mixte Femmes-Travail, les « Femmes » sont entendues comme « groupe social construit historiquement, autour duquel s’est constitué notamment la division sexuelle du travail ». Vendredi, l’introduction des étudiantes en lutte soulignait donc la précarisation plus grande des femmes, mais aussi les liens entre le travail que l’on appelle « reproductif » (soin, éducation des enfants, ménage, etc… rémunéré ou non, permettant d’entretenir et reproduire les forces de travail) et le travail « productif », ou encore la question particulièrement féministe de l’auto-gestion/auto-organisation qui permet de rendre à chacun/chacune sa capacité décisionnelle.

Lors de ce meeting, des femmes de toutes origines sociales et de différents secteurs d’activité, pour certains peu représentés (femmes au foyer, retraitées par exemple), purent se retrouver. Mais, au-delà de cette simple convergence, c’est dans l’exposé de leurs conditions de vie et de lutte qu’elles se retrouvèrent. Du « répertoire prostitutionnel » que l’on attend de la comédienne se présentant pour un rôle, à la démonstration par le récit de vie de femme au foyer que le privé est encore politique ; de la mobilisation d’employées de maison de retraite (secteur particulièrement féminin, particulièrement précarisé) au militantisme au sein des quartiers populaires où le contrôle sur le corps et les déplacements des filles n’est qu’un reflet amplifié des comportements dictés par notre société patriarcale… Ainsi fut souligné la banalisation du sexisme, la double journée de travail, les inégalités à l’embauche, à l’emploi, et dans le milieu familial, mais aussi la forte présence et l’importance des femmes dans les mouvements militants et la force de leur lutte contre la loi travail.

Car cette société nous impose une pression culturelle énorme, continuons d’ouvrir la voie aux marges, appelons les regards extérieurs, pour susciter une analyse différente, différemment puissante. Améliorer nos conditions de vie, prendre et avoir la parole, être mieux représentées, mieux respectées, mieux acceptées… Sans doute, les discours de vendredi manquaient de révolution, mais ils étaient là, et, dans leur violence propre, ils analysaient avec justesse les violences de notre société. Si les mouvements militants n’échappent pas au sexisme, au racisme, à l’homophobie, à la transphobie et autres rigidités d’esprit, les discours de ces femmes à l’inverse dénonçaient capitalisme et patriarcat, patronat, sexisme et racisme. De l’un à l’autre, plus qu’une convergence, c’est donc une seule et même lutte qui doit être menée. Pour finir, c’est l’espoir d’une quatrième vague féministe qui s’exprima dans la salle.


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