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Fake news made in LREM : Elisabeth Borne, fossoyeuse de l’assurance-chômage, se dit « de gauche »

Dimanche dernier sur le plateau de BFMTV, Elisabeth Borne se déclare être "de gauche" tout en affirmant compter mener « jusqu’au bout » la réforme de l’assurance chômage qui compte rogner toujours un peu plus sur les droits des chomeur-euse-s. Cette énième démonstration de l’hypocrisie dont le gouvernement Macron peut faire preuve, reflète également que sur le terrain de la régression sociale, ce dernier n’est pas prêt à lâcher du lest.

Eli Sand

2 mars 2021

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Garder le cap de la régression sociale, le gouvernement prêt à tout pour faire couler les plus précaires

En pleine crise multidimensionnelle et alors que la politique vaccinale du gouvernement pour endiguer l’épidémie se relève sans surprise déplorable, ce dernier trouve toujours le temps pour garder le cap de sa politique de régression sociale. Le gouvernement n’est en effet pas prêt à lâcher l’affaire sur sa réforme de l’assurance-chômage, qu’il compte mener « jusqu’au bout » comme l’indique la ministre du Travail, Elisabeth Borne. Malgré des taux de chômage qui ne cessent de grimper – s’établissant à 9% de la population active fin 2020 –, le gouvernement a donc levé l’ancre pour faire passer la réforme : une dernière réunion ce mardi est ainsi prévue avec les organisations syndicales au cours de laquelle un projet de décret leur sera présenté, avant qu’il ne soit publié au cours du mois avec une entrée en vigueur programmée pour l’été.

La réforme de l’assurance-chômage, un des projets majeurs du gouvernement depuis le début du quinquennat s’inscrit dans la droite lignée des politiques toujours plus dures pour les plus précaires qu’a décidé de mener Macron. Cette réforme, pour rappel, est déjà venue attaquer directement les modalités d’accès au chômage, faisant passer le minimum de mois au travail de 4 à 6 mois, pour le toucher, le tout sur une période passant de 28 mois à 24 mois. Une autre mesure phare de cette réforme, et pour laquelle le gouvernement compte sur une application dès cet été, est celle d’un nouveau mode de calcul du salaire journalier de référence (SJR) sur lequel est calculé le chômage. Si en décembre dernier le Sénat avait retoqué cette mesure, le ministère du travail se montre de toute évidence déterminé pour durcir les conditions d’affiliation des chômeurs. Ainsi l’Unedic inique que par cette réforme et la modification du SJR quatre allocataires sur dix, soit environ 850.000 personnes, verront leur allocation chômage baisser.

A n’en pas douter, la logique générale de la réforme est donc de rendre les aides chômages de moins en moins accessibles et favorisant, selon la rationalité capitaliste et pro-patronale du gouvernement, une libéralisation encore plus poussée des conditions de travail.

En outre, l’hypocrisie n’ayant désormais plus de secrets et encore moins de limites pour le gouvernement, Elisabeth Borne argue que la réforme de l’assurance chômage est « nécessaire pour lutter contre la précarité et dissuader des entreprises de recourir de façon excessive à des contrats courts », grâce notamment au système de bonus-malus. Système qui prévoit que les entreprises ayant recours outre mesure aux contrats courts recevront des punitions pécuniaires. Or, du même gout, le gouvernement prévoit en parallèle de gratifier les entreprises dès lors qu’elles embauchent un-e jeune, quand bien même le contrat est précaire. Dans les eaux boueuses du capitalisme, le gouvernement surfe donc sur les vagues de l’hypocrisie et du mépris – et notamment vis-à-vis de la jeunesse touchée de plein fouet par la crise.

La « garantie jeune » pour les jeunes sans emploi : l’hypocrisie du gouvernement face à une jeunesse touchée de plein fouet par la précarité

Sur le plateau de BFMTV ce dimanche, et rejetant une nouvelle fois l’extension du RSA aux moins de 25 ans, Elisabeth Borne est allée jusqu’à dire que ceux qui défendent cette idée « ne répondent pas à ce dont les jeunes ont besoin ». Sous entendant par-là que, accompagnée de Frédéric Vidal – pour qui s’attaquer à l’« islamo-gauchisme » sévissant sur le banc des facs et plus important que lutter contre la précarité étudiante –, Borne a tout compris et sait de quoi les jeunes ont besoin. Elle propose ainsi des « réponses qui marchent très bien » et cite notamment la fameuse « garantie jeune ». Solution miracle trouvée par le gouvernement pour pallier la situation des jeunes sans emploi. Et en effet, dans un temps où les jeunes sont plus que jamais touché-e-s par le chômage, avec un taux qui a bondi de 16% au dernier trimestre 2020, sans réelle perspective d’avenir si ce n’est le prochain lien zoom, quoi de mieux qu’un dispositif favorisant la normalisation du travail précaire ? De fait, ce dispositif pro-patronal d’accompagnement à l’insertion dans le monde du travail pour les jeunes sans emploi entre 16 et 25 ans, offre un contrat d’une durée d’un an, renouvelable 6 mois maximum, moyennant une aide financière allant jusqu’à 497€ et qui requiert de nombreuses conditions pour être décerné.

Ainsi, de la même manière que Borne affirme que la réforme de l’assurance chômage permet de « lutter contre les contrats courts » en distribuant des malus, elle entend également gratifier d’un bonus les entreprises qui offriront ce même genre de contrats précaires aux jeunes sans emplois. Comprendra qui pourra cette énième hérésie du gouvernement qui entend lutter contre le chômage par la précarité.

Face au mépris et à l’insuffisance du gouvernement, exiger le retrait de cette réforme !

Se revendiquer de « gauche » et favoriser la précarisation, c’est non seulement faire preuve d’hypocrisie mais encore afficher un mépris suffisant à toute une population déjà particulièrement précaire. Ainsi et contre cette réforme antisociale, il est nécessaire d’opposer un refus sans concession et des moyens à la hauteur de l’attaque, notamment en passant par le rejet de toute politique de dialogue social. Au contraire, c’est par l’élaboration d’un plan de bataille général qu’il sera possible d’ouvrir la voie à une contre-offensive du monde du travail, de la jeunesse et des classes populaires, contre la politique du gouvernement et du patronat !


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