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NON au terrorisme économique de la Troïka

Courant Communiste Révolutionnaire du NPA Malgré les énormes concessions auxquelles était disposé Alexis Tsipras lors des négociations avec les créanciers du pays, renonçant au programme électoral sur lequel il avait été élu, la Troïka a voulu aller plus loin. Elle cherche avant tout à faire payer politiquement un gouvernement qui a osé remettre en cause très partiellement des politiques austéritaires.

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Lundi 22 juin, Athènes avait pourtant présenté un train de mesures à ses créanciers, le gouvernement s’engageant à couper dans les retraites, à augmenter la TVA, à atteindre des objectifs d’excédent budgétaire primaire, à poursuivre le plan de privatisations. Toutes les lignes rouges avaient sautées au profit des exigences de la Troïka.

Le plan présenté par Tsipras le 22 était suffisant pour ouvrir une crise interne. Rien n’est sûr mais il est probable que l’aile gauche du parti aurait voté contre ce plan ou se serait abstenue, obligeant Tsipras à s’appuyer, au Parlement, sur les voix de To Potami ou de la droite pour le faire passer.

Cependant, non satisfaite de cette capitulation sur toute la ligne, la Troïka a voulu aller plus loin encore. Elle s’est arrêtée sur des points très techniques du plan. Son intention était non seulement d’obtenir une capitulation du gouvernement grec mais de l’humilier politiquement, de lui faire payer cette « insolence » a minima dont Syriza aurait été coupable.

Devant cette arrogance impérialiste, Tsipras a essayé de jouer un coup de poker en appelant dans la nuit de vendredi à samedi à un référendum pour le 5 juillet.

En demandant à l’électorat grec s’il acceptait ou rejetait les deux textes de la Troïka permettant de maintenir les lignes de crédit nécessaires au paiement des différentes échéances, l’effet escompté était de contraindre l’Eurogroupe à poursuivre les négociations dans des conditions plus favorables avant la date butoir du mardi 30 juin, jour où la Grèce devra rembourser 1,6 milliards d’euros au FMI.

Face à la manœuvre de Tsipras, la réaction de l’Eurogroupe, sous pression de la ligne dure incarnée par le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a été de refuser toute prolongation, même seulement pour quelques jours, du « plan d’aide » et de suspendre les négociations de façon unilatérale. En contrevenant à ses propres règles, l’Eurogroupe a, par ailleurs, continué à tenir sa session, après avoir « remercié » Yanis Varoufakis, le ministre grec de l’Economie.

La classe ouvrière seule à même d’offrir une alternative à la catastrophe qui nous guette

Si le plan actuel de Bruxelles venait à passer, cela signifierait une humiliation complète du pays, avec une austérité redoublée. Mais une sortie désordonnée de la zone euro, avec la dévaluation et le krach économique qui s’ensuivraient, aurait également des conséquences catastrophiques pour la classe ouvrière et les classes populaires en Grèce. Indépendamment des conditions concrètes du défaut de paiement, en termes monétaires, notamment, cela pourrait signifier une plongée de 50% du PIB du pays, avec des conséquences dramatiques, à terme, sur les conditions de vie et de travail des masses déjà extrêmement détériorées après plusieurs années de récession.

D’après les sondages effectués depuis plusieurs semaines, il semblerait qu’une majorité de grecs serait favorable à des concessions vis-à-vis des créanciers afin de rester dans la zone euro. Avec la tournure qu’est en train de prendre cette affaire, cependant, alors que la question de « l’honneur national » face à des exigences humiliantes se pose, on ne peut exclure que les masses se rangent derrière Tsipras, même si ce résultat est loin d’être garanti.

Dans les prochains jours il faudra s’attendre à un véritable terrorisme de la part de la presse impérialiste internationale et surtout des marchés et des capitalistes contre les classes populaires de Grèce.

Face à des scénarios pareillement désastreux, la seule issue progressiste consisterait à un retour sur le devant de la scène, à un élargissement et à une intensification des mobilisations du monde du travail et de la jeunesse, dans les quartiers, les lycées, les universités et les administrations et entreprises.

Pour commencer à imposer un plan d’urgence qui impliquerait de revoir le plan de privatisations, l’ensemble des impôts indirects qui pèsent sur la population en les remplaçant par une fiscalité fortement progressive sur les revenus du capital et sur les riches, de même que pour réintégrer l’ensemble des travailleurs licenciés depuis le début de la crise ou pour restaurer les salaires et les pensions à des niveaux comparables à ceux d’avant 2008, de même que le salaire minimum ou les Conventions Collectives de branche, il faudrait rompre définitivement avec les négociations avec la Troïka.

Pour éviter la fuite de devises, le contrôle des capitaux instauré par Tsipras, qui porte préjudice aux petits épargnants, n’est pas une solution. Il faudrait lutter pour une nationalisation complète du système bancaire sans rachat ni indemnisation et sous contrôle des travailleurs et des usagers. Cela serait tout le contraire d’un énième sauvetage du système bancaire au détriment de la population.

Tous les secteurs stratégiques de l’économie, notamment les grandes entreprises liées au commerce extérieur et aux armateurs, devraient être expropriés sous contrôle des salariés.

Il faudrait exiger l’annulation de l’ensemble de la dette et non seulement un simple rééchelonnement qui impliquerait la poursuite de la tutelle sur le pays et les classes populaires.

Il serait central, pour ce faire, que les travailleurs exigent, sur leurs lieux de travail, que les directions syndicales défendent un tel combat, de même qu’ils l’exigent du Parti Communiste (KKE) qui manifeste en refusant tout front unique. Il faut présenter, face à l’immixtion impérialiste, un front uni des secteurs ouvriers, le seul à même de représenter une alternative à la politique de conciliation de Tsipras et au gouvernement Syriza.

La gauche de Syriza devrait cesser de conforter de nouveaux espoirs vis-à-vis de Tsipras et tirer les conséquences de l’échec de la stratégie de négociation de l’austérité telle qu’elle a été menée depuis la signature de l’accord du 20 février, qui signifiait la continuité des politiques austéritaires conduites jusqu’à présent, pour « gagner du temps ». Mais Tsipras et Yanis Varoufakis, son ministre de l’Economie, n’ont pas gagné de temps. Leur stratégie de négociation a, par ailleurs, eu un effet désorganisateur et démobilisateur, désarmant une classe ouvrière et une jeunesse qui avaient mené entre 2010 et 2011-2012 près de quarante grèves générales et de multiples combats contre la logique austéritaire et les licenciements.

La situation est, à l’heure actuelle, extrêmement instable, politiquement, tout d’abord. Les banques et la bourse d’Athènes seront fermées, lundi 29 juin. Des explosions sociales ne sont pas à exclure dans les prochains jours, et cela aussi bien du côté des secteurs populaires de la société que des plus conservateurs. Les travailleurs, la jeunesse et l’ensemble des opprimés doivent descendre dans la rue et organiser leur auto-défense face à d’éventuelles mobilisations réactionnaires qui voudraient imposer leur propre agenda.

Face aux événements dramatiques que vit le pays, alors que les yeux des travailleurs combatifs et de la jeunesse d’Europe sont rivés sur la Grèce, l’heure de la mobilisation active a sonné, l’heure des manifestations et de l’action sur les lieux de travail. Face à la tyrannie économique et politique des diktats de la Troïka et aux échecs successifs de la stratégie de négociation de Tsipras, seuls les travailleurs, la jeunesse et l’ensemble des exploités et des opprimés peuvent présenter une réelle opposition à l’austérité et à l’Europe du capital.

Dans l’ensemble des pays d’Europe, la tâche centrale des organisations politiques et syndicales du monde du travail et de la jeunesse, à commencer par l’extrême gauche, devrait être celui de devenir le fer de lance d’un vaste appel à la mobilisation en solidarité avec les travailleurs et la jeunesse de Grèce pour dire « NON » au terrorisme économique de la Troïka.


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