Crédit photo : Sylvain Thomas/ AFP
Un exercice interarmées majeur rappelant la situation ukrainienne
La presse parle du "plus grand exercice militaire de l’armée française depuis vingt ans", et même "depuis la fin de la guerre froide". Il s’inscrit dans la liste des nombreux exercices menés par les pays européens de l’OTAN depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.
Les États-Unis ainsi que les principaux pays européens en matière de budget militaire participent à cet exercice interarmées : l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, l’Espagne, les Pays-Bas et la Grèce. L’exercice vise à démontrer la capacité de la France à diriger une coalition menée par l’OTAN.
« ORION [...] montre la capacité de la France à entrer en premier sur un théâtre d’opérations et à prendre la tête d’une Coalition multinationale, c’est-à-dire sa capacité à entrainer et fédérer des partenaires étrangers pour conduire une opération d’envergure et des affrontements de haute intensité » peut-on lire sur le site du Ministère des armées.
Bien que l’exercice en quatre phases (dont deux opérationnelles) ait été pensé fin 2020, le scénario n’est pas sans rappeler la guerre en Ukraine. Il met en effet en scène deux États fictifs : "Mercure" et "Arnland". "Mercure" souhaite "rétablir son influence" sur "Arnland", soutenu par l’OTAN, en armant et en finançant des milices puis en tentant de l’envahir.
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Entre le 21 février et le 11 mars, la phase 2 voit le déploiement dans le sud de la France de 7000 militaires par des voies maritimes et aériennes qui simulent l’affrontement avec des milices et l’établissement d’une tête de pont entre Sète, Castres et Cahors. La phase 4 qui se déroulera en Champagne du 19 avril au 5 mai simulera quant à elle l’affrontement direct entre la Coalition internationale et "Mecure" qui a fait le choix d’envahir l’"Arnland", avec plus de 12000 militaires et d’importants moyens aériens et terrestres.
Des moyens importants ont été mis à disposition pour cet exercice qui se déroule en dehors des camps militaires. L’armée engage notamment le porte-avions nucléaire Charles-de-Gaulle, deux porte-hélicoptères et plus d’une trentaine d’aéronefs dont des chasseurs et des drônes. Selon Midi Libre, début février à Frontignan (Hérault), la police a expulsé par surprise et de force six personnes sans domicile de leur campement situé sur un terrain public appartenant à la mairie, au département et à l’État, en vue de l’exercice.
Un contexte de retour en force de l’OTAN et de réarmement de l’Europe
En novembre 2019, Macron diagnostiquait la "mort cérébrale de l’OTAN". Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la cohésion de l’OTAN s’est très nettement raffermie. L’Alliance est prête à continuer à asseoir sa domination impérialiste dans le monde et le Président français, qui a souvent voulu jouer d’une posture de "chef de guerre", a changé de discours.
Ainsi, Macron met désormais avant le statut de "nation cadre" de la France au sein de l’alliance derrière les États-Unis. Le 30 juin 2022 à Madrid il déclare "Nous avons pris la décision d’être nation-cadre en Roumanie pour la première fois" en référence au déploiement de 500 militaires français appartenant à la "force de réaction rapide" de l’OTAN commandée par la France pour un an. L’exercice Orion est donc une démonstration qui vise à consacrer cette place dans l’Alliance nord-atlantique.
La guerre en Ukraine et le ravivement de l’OTAN a également entraîné le réarmement des États européens avec des hausses du budget militaire sensibles. Le 20 janvier, lors de ses voeux aux armées sur la base de Mont-de-Marsan (Landes), Macron a ainsi annoncé une hausse du budget militaire avec 413 milliards d’euros pour les armées sur 7 ans.
Quant à l’exercice Orion 2023, d’après Le Monde il coute à lui seul environ 35 millions d’euros. C’est quasiment autant que le repas CROUS à 1 euros pour les 3 millions d’étudiants qui a été refusé par la majorité à l’Assemblée nationale et qui avait coûté 47,5 millions d’euros sur l’année 2021.
En plus du renforcement des intérêts impérialistes occidentaux, ce réarmement sera certainement très profitable aux entreprises de l’industrie de l’armement et de l’expertise militaire. Le scénario de l’exercice Orion a lui-même été sous-traité par une entreprise canadienne et son actualisation est gérée par une société française qui participe aussi à l’exercice spatial militaire AsterX 2023 qui se tient également en ce moment à Toulouse.
Les pays d’Europe se réarment et l’OTAN profite déjà de l’invasion de l’Ukraine par la Russie pour renforcer son influence. Elle continuera, demain, de mener des guerres dans le monde pour les intérêts occidentaux. La classe ouvrière, surtout dans les pays impérialistes, doit considérer la poursuite d’une politique anti-impérialiste résolue et le refus de la surenchère militaire comme une nécessité pour l’unité de notre classe et une issue réellement progressiste et révolutionnaire face aux horreurs de la guerre.
