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Acharnement judiciaire

Euskadi. Nous sommes tou-te-s Oier Oa Pujol !

S’il y a bien un dossier sur lequel Paris collabore sur toute la ligne avec Madrid, c’est celui de la persécution systématique de la gauche nationaliste basque et des militants aberztales. On se souvient encore du cas Aurore Martin , arrêtée en novembre 2012 par les flics de Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, pour être livrée à la Garde Civile espagnole. C’est un autre militant, cette fois, dont Paris souhaite se débarrasser, en s’asseyant à nouveau sur le droit, Oier Oa Pujol, et ce alors qu’il a purgé sa peine.

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Oier a été libéré de prison en avril 2014. Il avait été condamné à quatre ans pour « possession de faux papiers et appartenance à une entreprise terroriste », en l’occurrence l’ETA. Oier a purgé sa peine et, comme tout ex-détenu, il devrait avoir le droit de se réinsérer dans un environnement le lui permettant. Il n’a d’ailleurs qu’un souhait, qu’il a manifesté à plusieurs reprises devant les juges : rejoindre sa compagne, Marina Recalde, et ses deux enfants, tous de nationalité française, résidant à Larressore, en Iparralde (Pays Basque Nord-Pyrénées Atlantique), où lui-même habitait avant son arrestation. C’est sans compter l’acharnement du ministère de l’Intérieur. Non seulement Paris l’a incarcéré pendant quatre ans en Maison centrale loin d’Iparralde, forçant Marina et ses deux jeunes enfants à faire 1600 km pour une heure de parloir. ,mais aujourd’hui Bernard Cazeneuve, sur ordre de l’Elysée, rêve de renvoyer Oier de l’autre côté des Pyrénnées. D’où l’interdiction définitive de séjour sur le territoire français prononcée contre lui en 2012, confirmée par la Cour de Cassation en février 2015 et qui pèse sur lui depuis sa « libération » de prison, au cours du week-end de Pâques.

Le seul problème, ce n’est pas tant que Madrid le réclame depuis des années et entend le placer derrière les barreaux, comme des centaines de militants abertzales. La question « légale » à laquelle se heurte le ministre de l’Intérieur et la Garde des sceaux, c’est que l’Etat espagnol, qui accuse Oier d’être proche de l’ETA mais n’a aucune preuve, voulait le poursuivre pour des faits qui ne constituent pas un délit en droit français. D’où la nécessité, pour Paris, de lui rendre la vie impossible, le temps que Madrid revienne sur sa décision, de façon à l’expulser au plus vite ou que lui-même décide de retourner à Donostia-Saint-Sébastien, dont il est originaire, de manière à ce qu’une fois passée la frontière, l’Etat espagnol invente un nouveau dossier contre lui.

Oier a donc d’abord été assigné à résidence dans les Yvelines, dans la très chic commune de Saint-Germain-en-Laye, où il était censé pointer trois fois par jour au commissariat de la ville, à 9h, 13h et 17h et respecter un couvre-feu à 21h. Rapidement, on a ordonné son placement dans un foyer insalubre de Sartrouville, avant qu’il ne finisse dans une caravane. Oier n’a aucune intention d’abandonner le territoire français ni de renoncer à ses droits et à ses idées. L’expulser, ce serait lui appliquer une double peine.

Son avocate, Xantiana Cachenaut, tout comme son Comité de soutien, constitué d’amis, de militants et d’élus locaux de tout bord, demande que le ministère de l’Intérieur accepte son assignation à résidence à Larressore ou dans une commune non loin du Pays Basque français, pour des raisons familiales, ce qui est le plus souvent concédé aux ex-détenus.

C’est sans compter l’entêtement de Cazeneuve, qui, de ce point de vue, n’a rien à envier à Valls, celui-ci ayant déjà, en janvier 2013, refusé de signer la reconduite à la frontière de Georges Ibrahim Abdallah , militant communiste libanais enfermé dans les geôles françaises depuis 1986. Georges Abdallah est ainsi toujours en prison aujourd’hui, alors qu’il est libérable depuis 2003. Comme pour Aurore, c’est sans ambiguïté que nous disons, à nouveau « Denok gara Oier Oa Pujol, jo ta ke independentzia eta sozialismoa lortu arte ». « Nous sommes tou-te-s Oier Oa Pujol ; vive le Pays Basque libre et socialiste ! ».

21/06/15


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