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Union Européenne

Européennes 2019. En tête dans les sondages, Macron voit son projet s’effriter

Dans un peu moins d'un an se tiendront les élections européennes. Et si, à l'heure actuelle, La République En Marche est largement en tête des suffrages, le projet européen de Macron semble battre de l'aile, tant à l'échelle internationale qu'hexagonale.

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LREM en tête. Les « eurosceptiques » de droite et de gauche en force

En mai 2019 se tiendront les élections des députés européens. En France, ce sont 79 sièges qui seront répartis, sur les 751 que compte le Parlement.

A un peu moins d’un an de l’échéance, un sondage Harris Interactive pour LCP donne une première tendance. La République En Marche, en alliance avec le MoDem, serait ainsi en pole position raflant 28 % des suffrages. Le parti présidentiel, qui a mis la question de la reconstruction de l’Europe néo-libérale au cœur de sa politique, tant nationale qu’internationale, dispose à l’heure actuelle d’une avance marquée dans les sondages.

Derrière en revanche, les pronostics sont plus serrés. Ainsi nous retrouvons le Front National crédité de 15 % des intentions de vote, suivi des Républicains (13 %) et de la France Insoumise (12 %). La particularité de ce trio étant que deux des formations qui bataillent la seconde place soient en rejet – clair ou relatif – du projet européen, tandis que Les Républicains affichent nettement leurs désaccords avec la politique menée à Bruxelles, sans toutefois songer à revendiquer la sortie de l’UE. Cette tendance dans les sondages démontre donc que, bien que porté par des voix et des visions politiques radicalement différentes, « l’euroscepticisme » ferait une forte percée, en rapport aux dernières élections de 2014.

Ce n’est qu’en 5ème position de ce sondage que l’on retrouve une formation bien plus « pro-européenne », avec un Parti Socialiste crédité de 8% des intentions de vote.

Vers une abstention record ?

Un autre élément est évidemment à prendre en compte, notamment depuis les dernières échéances électorales : quel sera le taux d’abstention ? Traditionnellement, les élections européennes flirtent, voire dépassent les 50 % d’abstention. La palme revenant à l’élection de juin 2009, où ce taux s’était élevé à 59,37 %.

Toujours selon le même sondage, l’hypothèse d’une forte abstention en 2019 est clairement validée. En effet, plus d’un sondé sur deux affirme qu’il ne votera pas. La question qui se pose réellement est : le record de 2009 sera-t-il battu ?

Mais au-delà de ces estimations chiffrées, les « raisons » pour lesquelles les sondés entendent voter sont aussi très révélatrices. Seulement 16 % d’entre eux se rendront dans les urnes pour exprimer leur point de vue sur les enjeux strictement européens. 34 %, au contraire, entendent utiliser leur bulletin pour « sanctionner » la politique de Macron, et 22 % pour lui exprimer un soutien.

En réalité, ces différents chiffres tendent vers un même constat. Au bout d’un an de règne, Emmanuel Macron, qui a mis au cœur de sa politique l’Europe néo-libérale, peine à convaincre à large échelle. Pire, il semble même que sa propre base sociale, déjà étroite, s’effrite encore concernant cette question.

Crise du projet néo-libéral de l’Union Européenne. Macron totalement isolé ?

Les difficultés pour Macron sur un enjeu central pour la suite de son quinquennat ne se limitent pas aux frontières nationales. En effet, le « président des riches » doit faire face d’une part à la montée des populismes, de droite comme de gauche, qui percent partout sur le continent, surfant sur une dynamique de rupture de masse avec le projet néo-libéral en général, et le projet européen en particulier. À l’image de la France Insoumise, qui au mois d’avril a signé un accord à Lisbonne avec Podemos et le Bloco de Esquerda, la dynamique actuelle laisse penser que les scores des formations en rupture avec l’Union Européenne néo-libérale seront élevés.

D’un autre côté, les possibilités d’alliances semblent fondre comme neige au soleil. Les relations avec Merkel, sur fond de bataille pour le leadership européen, sont aujourd’hui extrêmement fraîches, alors que la chancelière doit elle-même composer avec un gouvernement de coalition avec les sociaux-démocrates. Du côté de l’Italie, 3ᵉ puissance du continent, la crise politique actuelle et la montée de la droite extrême et de l’extrême droite restreint de fait la portée d’une alliance avec Matteo Renzi.

Dans les colonnes de Libération, un proche d’Emmanuel Macron résume ainsi la situation. « Durant la présidentielle, Macron s’était posé en défenseur de l’Europe et faisait valoir son intention d’en bouger les lignes. Ses relations compliquées avec Merkel remettent cela en cause. Il va falloir qu’il choisisse s’il fait ou non alliance avec les troupes de la chancelière au sein du Parlement européen. S’il tente d’exister contre le PPE ou pas […] Ce n’est pas simple : en sus des Espagnols de Ciudadanos, Macron comptait pour constituer un groupe à Strasbourg sur le soutien de l’italien Matteo Renzi, aujourd’hui lessivé. Pour être sûr de peser sur la future assemblée, il lui faudrait négocier avec les socio-démocrates du SPD, ce qui serait étonnant. Il n’a pas encore assis sa stratégie. »

En d’autres termes, Macron pourrait être poussé à faire alliance pour exister sur le plan européen, avec des formations dont la politique entre en contradiction avec la posture du « ni droite, ni gauche » qui l’a amené au pouvoir. Un camouflet pour sa refondation de l’Europe libérale.


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