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Les frontières tuent !

Europe forteresse : des migrants visés par des tirs à balles réelles, un mort

L'info est tombée ce matin : une embarcation de migrants a été la cible de tirs de la marine marocaine, qui voulait arrêter le bateau. Bilan : Un mort et trois migrants ont été blessés. C'est une femme de 22 ans qui est morte en succombant à la suites de ses blessures. Une tragédie de plus, qui vient révéler la violence de la forteresse européenne.

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La Méditerranée, histoire de la domination européenne

Étrange lieu d’histoire, cette mer Méditerranée, qui a vu les empires grecs et latins s’organiser autour d’elle, semble devenue l’instrument le plus cyniquement efficace de l’Union Européenne pour réguler les flux migratoires. On sait les gouvernements européens conscient sen effet, en fermant telle ou telle voie d’accès, qu’ils vont drainer les passages vers les lieux où la morbidité est statistiquement plus forte. La Méditerranée, en raison des embarcations dont disposent les migrants notamment, est l’un de ceux-ci. La logique sécuritaire qui prévaut tout au long de la forteresse européenne renforce encore ce risque létal.

Un arsenal juridique, un appareillage technologique font déborder les frontières européennes sur les pays d’émigration : il s’agit non seulement de contrôler les passages mais plus encore de surveiller les populations qui pourraient être tentées de partir sur la rive Sud de la Méditerranée. Ainsi, le droit européen semble se déterritorialiser pour s’appliquer à des populations qui ne sont pas encore sur le territoire européen, comme par un régime d’exception qui autoriserait l’union européenne à intervenir dans les pays de la rive Sud. C’était d’ailleurs l’un des projets de Macron, qui consistait à installer des « comptoirs » dans les pays de départ, pour enregistrer et contrôler les demandes. En fait, il ne s’agit que de reconduire l’asymétrie des relations entre le Nord et le Sud telle qu’elle a été historiquement fixée par l’impérialisme européen.

Cette asymétrie, héritage historique, s’inscrit donc dans les décès innombrables des migrants qui tentent de passer depuis près de 20 ans. Elle s’inscrit aussi dans les raisons du départ : guerres, misère, menaces vitales de diverses sortes sont souvent le fait direct ou indirect des relations héritées de la période coloniale et des politiques impérialistes des Etats européens. Asymétrie symbolique aussi, puisque vue du Nord, la Méditerranée est un lieu de villégiature, alors qu’au Sud on la perçoit comme un véritable mur marin où le risque d’échouage est grand.

La frontière, lieu d’investissement très lucratif

Mais la frontière donne lieu aussi à de multiples investissements. Avec des moyens militaires sophistiqués, l’agence Frontex est l’instrument du contrôle des frontières depuis 2005. Le budget de Frontex en 2005 s’élevait à 6,3 millions d’euros ; en 2016 il est de 238,7 millions d’euros – une augmentation de 6388 %. La frontière est également devenue un marché très attractif pour les grandes entreprises de l’armement et de l’aéronautique : Thales (France), Finmeccanica (Italie), Indra (Espagne) et Airbus. Elle est aussiun lieu d’expérimentation destechnologies de surveillance et de contrôle, dont on imagine assez facilement qu’elles puissent se retourner sur les européens eux-mêmes, si la situation l’exigeait.

La Méditerranée, instrument d’un clivage politique européen

Enfin, la question des migrations sert aujourd’hui de principal clivage politique en Europe. Alors que "l’irrégularité" des migrants sert les intérêts des grandes entreprises, qui contournent de cette manière le droit du travail pour employer une main d’oeuvre corvéable, les migrants servent aussi de boucs émissaires pour la bourgeoisie européenne, qui parvient à maintenir ainsi une division au sein même de notre classe.

Le traitement européen des migrations est probablement ce qui révèle le mieux le cynisme et l’hypocrisie de la bourgeoisie européenne et, au-delà, de la bourgeoisie mondiale. Il révèle aussi jusqu’où peut aller la violence bourgeoise, puisque les morts s’accumulent en Méditerranée depuis des années, que ceux-ci périssent des suites de leur traversée, ou comme ce matin, de l’intervention des forces militaires chargées du contrôle.

Il serait pourtant temps de faire valoir que les intérêts que ces frontières défendent ne sont pas les nôtres, mais ceux de l’exploitation économique et des entreprises européennes avec, comme greffon,les idéologies racistes qui prolifèrent en Europe. Seule une conscience de classe internationaliste peut poser les questions pressantes qui concernent les meurtres quotidiens que commettent les frontières européennes.

Liberté de circulation et d’installation pour tous !

Crédits photos : ANDREAS SOLARO / AFP


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