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Crime raciste et sexiste

Etats-Unis. Un homme tue 6 femmes asiatiques, la police ose évoquer une « mauvaise journée »

Un homme a ouvert le feu dans des salons de massages à Atlanta tuant 8 personnes, dont 6 femmes asiatiques. Des crimes racistes et sexistes en lien avec sa fétichisation des femmes asiatiques, ces salons étant pour lui des lieux de "tentation".

Raphaël Eussac

18 mars 2021

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Crédit Photo / Associated Press

Selon Le Monde, Robert Aaron Long, un homme blanc chrétien de 21 ans, adepte des armes à feu et membre de la réactionnaire NRA, a ouvert le feu dans des salons de massage à Acworth, petite ville à 50 km d’Atlanta, tuant 8 personnes dont 6 femmes asiatiques.

Au vu des victimes, la thèse d’une tuerie à caractère raciste fut privilégiée dans un premier temps par la police. Mais le suspect affirme que c’était pour lui un moyen de supprimer une « tentation », se définissant comme un « obsédé sexuel ». Selon la police, ce témoignage invaliderait donc la piste du crime raciste. Pourtant, le fétichisme est précisément une expression répandue de racisme, particulièrement à l’égard des femmes. Si le racisme s’incarne sur le terrain économique, social, il est aussi patriarcal et sexuel. Le fantasme de la femme asiatique exotique, soumise et sexuellement disponible en est l’expression la plus criante.

La fétichisation, à mi-chemin entre le racisme et le sexisme, revient à essentialiser l’ensemble des femmes noires, maghrébines, asiatiques, etc. Si cette fétichisation s’exprime de manières diverses, il reste un point commun : e corps des personnes racisées, et en particulier celui des femmes est perçu comme un objet de tentation, de désir, mais aussi de méfiance, qu’il faut absolument contrôler et soumettre. Ainsi, quand Robert Aaron Long dit vouloir mettre fin à la "tentation" des salons de massages, il se réfère aux femmes asiatiques qui travaillent souvent dans ces établissements. Sa vision essentialist de ces femmes l’a conduit à les voir comme des objets sexuels et des tentatrices.

C’est bien cette expression particulière du racisme envers les personnes asiatiques, traduite par un fétichisme criminel, qui a conduit à la mort de Delaina Ashley Yuan, Paul Andre Michels, Xiaojie Yan, Daoyou Feng et d’autres victimes encore inconnues de la presse.

Cette tuerie est une expression misogyne du racisme structurel qui touche les populations asiatiques aux États-Unis, exacerbé par les tirades enflammées de Trump, qui se traduit par une série d’agressions violentes subies par cette communauté depuis le début de la crise sanitaire, comme en témoignent les représentants de la communauté asiatique d’Atlanta :

« L’an dernier, nous avons déjà constaté du racisme, des discriminations et une résurgence des violences contre les Américains d’origine asiatique, considérés comme des boucs émissaires à cause de la pandémie ». Rappelons que l’ex-président Donald Trump avait nommé le coronavirus le « virus chinois », encourageant la haine envers les personnes asiatiques : les attaques racistes l’année dernière ont été de l’ordre de 3 800 cas reportés selon le New-York Times. Cet amalgame entre population asiatique et coronavirus, réthorique raciste agitée par Trump pour masquer sa responsabilité dans la gravité de la situation sanitaire, est encore d’actualité. Pour s’en convaincre, il suffit de lire le compte Facebook du shérif de Géorgie chargé de l’enquête sur le meurtre anti-asiatique. Celui-ci avait quelques semaines précédant l’attaque, posté une photo de t-shirts avec la phrase « covid-19 : virus importé de Chine », une phrase d’un racisme explicite, témoignant par ailleurs sans complexe du racisme structurel dans la police.

La police d’Atlanta s’évertue donc à nier le caractère raciste de l’affaire, déclarant même devant une caméra que l’auteur avait passé une “mauvaise journée”, comble de la banalisation d’une attaque meurtrière ayant couté la vie de 8 personnes ! Un récit d’autant plus scandaleux et douloureux qu’il s’inscrit directement dans le discours classique justifiant les crimes réactionnaires par la supposée démence de leurs auteurs, niant ainsi leur caractère profondément raciste.


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