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Transphobie d'Etat

Etats-Unis. L’Arkansas vote une loi pour freiner l’accès aux soins des personnes LGBT+

Le 29 mars dernier, l’Arkansas a adopté le projet de loi SAFE (Save Adolescents From Experimentation) interdisant aux mineurs transgenres d’accéder à des traitements hormonaux, aux bloqueurs de puberté ou à la chirurgie. Une nouvelle attaque contre les personnes LGBT+.

Romy Devienne

31 mars 2021

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« Si cette loi est validée, elle va coûter de nombreuses vies et ils [les parlementaires] ont l’air d’en n’avoir rien à faire. C’est assez difficile de survivre sans avoir besoin de lois pour nous opprimer » selon Rumba Yambú, membre d’Intransitive, une association de personnes transgenres. Le Sénat de l’Arkansas a en effet adopté un projet de loi profondément réactionnaire, intitulé Save Adolescents From Experimentation (SAFE) qui acte les interdictions suivantes :

« 20-9-1502. Interdiction des procédures de transition de genre pour les mineurs.
a) Un médecin ou un autre professionnel de la santé ne doit pas fournir de procédures de transition de genre à une personne âgée de moins de dix-huit (18) ans. [...]
20-9-1503. Interdiction d’utiliser des fonds publics pour les procédures de transition de genre. »

Pour les motifs suivants :

« [...] (3) Pour le faible pourcentage d’enfants dont le genre ne correspond pas ou qui éprouvent de la détresse à s’identifier à leur sexe biologique, les études démontrent de façon consistante que la majorité d’entre eux finissent par s’identifier à leur sexe biologique à l’adolescence ou à l’âge adulte, rendant ainsi la plupart des interventions physiologiques inutiles ;
(4) De plus, des études scientifiques montrent que les personnes qui éprouvent de la détresse à s’identifier à leur sexe biologique ont souvent déjà vécu une psychopathologie, ce qui indique que ces personnes devraient être encouragées à consulter des services de santé mentale pour traiter les comorbidités et les causes sous-jacentes de leur détresse avant d’entreprendre toute intervention hormonale ou chirurgicale ;
(5) Même parmi les personnes qui ont subi des procédures de réassignation sexuelle en milieu hospitalier, les taux de suicide, les morbidités psychiatriques et les taux de mortalité restent nettement supérieurs à ceux de la population générale. »

Une loi ouvertement transphobe qui décrit la transidentité comme une maladie mentale, et qui interdit aux mineurs transgenres d’accéder à des traitements hormonaux, à la chirurgie, ou au bloqueurs de puberté, et à donc l’accès aux traitements d’affirmation de genre. Voté ce lundi 29 mars à 28 voix pour et 7 contre, ce projet induit également la possibilité pour les assureurs privés de refuser la couverture des soins concernant le genre pour les personnes transgenres.

Pour le milieu LGBT +, cette loi représente une attaque frontale contre leurs droits : l’activiste américain Chase Strangio raconte dans TETU que c’est l’une « des lois anti-trans les plus radicales qui ne soit jamais passée à l’échelle d’un État », tandis que Rumba Yambú explique qu’on « peut difficilement faire pire ». Si le gouverneur républicain d’Arkansas, Asa Hutchinston, n’a pas encore signé ce projet de loi, il est difficile d’imaginer qu’il refuse, puisque le 26 mars, il a lui-même promulgué un projet de loi tout aussi réactionnaire. Celui-ci consiste à donner la possibilité aux médecins et professionnels de santé de choisir de soigner ou non une personne en raison d’objections religieuses, morales ou éthiques. Ainsi, il n’est pas difficile d’imaginer que cette loi entraînera des refus de soins aux personnes LGBT+, ce que Chris Mosier, athlète transgenre expliquait dans un tweet déclarant que « il s’appliquerait à tout, y compris aux conseils et à la thérapie, à la médecine générale, au PReP, aux hormones et aux autres soins d’affirmation, ainsi qu’aux ambulances, aux soins d’urgence et à la couverture d’assurance.  »

Mais comme une attaque arrive rarement seule, l’Arkansas risque de ne pas être le seul État à faire entrer dans la loi des reculs historiques pour les LGBT +. En effet, le Tennessee et l’Alabama ont également enclenché des processus législatifs pour faire interdire des traitements médicaux pour les mineurs trans. Des mesures inscrivant la discrimination dans le droit, alors même que concernant l’accès aux soins, les personnes LGBT + sont déjà victimes de discriminations de fait. Une enquête de Lamda Legal révélait à ce titre que « 56 % des personnes interrogées lesbiennes, gays ou bisexuelles ont déclaré avoir été victimes de discrimination médicale, tout comme 70 % des personnes interrogées transgenres. »

Si Joe Biden promettait de faire des droits des personnes LGBTQI+ une priorité lors de son premier discours de politique étrangère, ce sont plus quatre-vingts projets de loi à l’encontre des transgenres qui ont été présentés aux États-Unis cette année ! Des chiffres alarmants, qui mettent en avant une politique profondément réactionnaire et s’attaquant aux droits fondamentaux comme l’accès au soins, que Biden, qui voulait se donner des airs progressistes, aura bien du mal à freiner. La répression des minorités de genre, qui dure depuis des décennies, ne se résoudra pas avec l’accession de Biden au pouvoir, mais bien par une mobilisation pour exiger le retrait de toutes ces projets réactionnaires !


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