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Crise politique

Espagne. Impasse pour le budget 2019 : vers de nouvelles élections générales ?

Depuis quelques semaines, Pedro Sanchez tente sans succès d’agréger des forces politiques autour de lui pour faire passer son Budget 2019. Pourtant, si les très légères concessions aux partis régionalistes provoquent la colère de la droite et de l’extrême-droite qui manifestaient dimanche, elles ne semblent pas suffire à débloquer la situation.

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Arrivé au pouvoir suite à la motion de censure du Parlement contre Rajoy, pour laquelle il avait reçu le soutien de Podemos et de partis indépendantistes tels que le PNV basque ou le PdeCat catalan, Pedro Sanchez fait face depuis plusieurs mois à l’incapacité de faire voter le budget 2019.

Pour rappel, ce budget négocié avec Podemos était sensé incarner le tournant « social » du gouvernement, duquel la formation de Pablo Iglesias assumait de devenir une sorte de « ministre sans portefeuille ». Valorisant quelques mesures sociales telles que la hausse du SMIC et des retraites, limitées au regard de l’importance des attaques subies depuis des années, l’accord annoncé le 11 octobre signait une nouvelle étape dans le processus de normalisation de Podemos.

Seulement, depuis le début des négociations parlementaires, fin octobre 2018, Pedro Sanchez n’a pas réussi à trouver la majorité qui lui permettrait de continuer à gouverner. En effet, les indépendantistes catalans refusent d’apporter un quelconque soutien au gouvernement tant que celui-ci ne fera pas de concessions, privant ainsi Pedro Sanchez de la vingtaine de voix dont il aurait besoin.

Les négociations ont paru s’accélérer le 5 février, lorsque Pedro Sanchez a annoncé, en plus de la hausse des investissements publics en Catalogne, qu’il était prêt à nommer un « rapporteur » pour participer à la rencontre des partis politiques impulsée par le gouvernement et la Generalitat, et à laquelle le PP et Ciudadanos ont déjà annoncé qu’ils ne participeraient pas.

Pourtant très loin des revendications de la Generalitat - que le président Quim Torra avait présenté en décembre autour de « 21 points » pour trouver une solution politique à la question catalane, avec notamment la mise en place d’une « médiation internationale » pour négocier avec le gouvernement -, cette micro concession a suscité la colère des partis de droite et d’extrême-droite : le PP, Ciudadanos et Vox.

Ces derniers ont ainsi convoqué dimanche une manifestation nationaliste contre le gouvernement de Sanchez, accusé de céder au « chantage » des indépendantistes et de « trahir » l’Espagne. La manifestation a réuni plusieurs dizaines de milliers de personne, tandis que le gouvernement cherchait à déminer la situation en soulignant le caractère minime de la concession, sans par ailleurs convaincre les indépendantistes catalans qui ne semblent toujours pas prêts à soutenir le budget.

A quelques jours de douze dirigeants indépendantiste suite au mouvement social en Catalogne dans le sillage du référendum du 1er octobre, la proposition de Pedro Sanchez apparaît comme totalement superficielle et insuffisante pour obtenir le soutien des catalans, tout en alimentant l’unité entre les forces réactionnaires de droite et d’extrême-droite. Une situation qui exprime l’impossibilité de résoudre les problèmes auquel se heurte le Régime de 78 sans mettre en cause radicalement ses fondements.

C’est dans un tel contexte que l’agence de presse Efe a annoncé hier matin que, face au probable échec du vote du budget qui aura lieu mercredi, le gouvernement était en train de se préparer à la convocation d’élections. Une annonce qui démontre l’impasse dans laquelle se situe le gouvernement, mais qui pourrait également être un élément visant à mettre la pression sur les indépendantistes catalans pour obtenir leur précieux support.

En effet, avec l’ascension de Vox et son alliance avec les forces de droites - qui a d’ores et déjà permis le changement de majorité à droite de la Communauté Autonome Andalouse – le spectre d’une « restauration conservatrice » semble se dessiner. La convocation de nouvelles élections pourrait ainsi ouvrir la voie à un retour d’une droite encore plus dure au pouvoir, laquelle a montré dimanche qu’elle entendait mettre la Catalogne au pas en mobilisant à nouveau l’article 155 pour suspendre son autonomie.

Pedro Sanchez semble ainsi compter sur cette perspective pour faire basculer les indépendantistes catalans en sa faveur. Quelque soit l’issue de la session parlementaire de mercredi, la polarisation croissante en Espagne semble ne pouvoir être enrayée par une solution médiane, à l’image de cette prétendue « régénération progressiste du Régime de 78 » soutenue par Podemos et le PSOE. Il devient ainsi chaque jour plus évident que seule la mobilisation massive des travailleurs et de la jeunesse, qui a exprimé récemment son rejet de la monarchie lors de référendums universitaires, pourrait dessiner une issue progressiste à cette situation de pourrissement.

Crédit photo : OSCAR DEL POZO / AFP.


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