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Enquête sur les violences sexuelles à l’ENS de Lyon : la présidence est complice !

Un rapport de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche pointe du doigt la responsabilité de la direction de l’ENS de Lyon dans l'étouffement des affaires de violences sexuelles au sein de leur établissement. Bilan du rapport ? La direction devra suivre sept “recommandations”... dont l’interdiction de boire de l’alcool. Des mesures totalement insuffisantes face à l’ampleur de l’affaire !

Lucia Nedme

29 octobre 2021

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Crédits photo : Philippe Desmazes/AFP

Il y a quelques mois le #OnENSpeutplus libérait la parole sur les violences sexuelles dans la prestigieuse Ecole Normale supérieure, et la démultiplication du nombre de témoignage mettant en cause l’école a contraint le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche à agir. C’est donc la commission d’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche qui a été appelée pour effectuer une enquête sur l’affaire.

Selon un rapport publié ce mercredi : depuis 2017 on compterait 27 agressions sexuelles au sein de l’ENS de Lyon dont neuf classifiées comme viols. Le rapport affirme également que la direction de l’école était au courant de 15 des affaires, alors qu’une seule procédure disciplinaire n’a été lancée. Un constat qui avait déjà été fait par les victimes, qui dénonçaient notamment le directeur, Jean-François Pinton, pour avoir étouffé les affaires en appelant à la “modération” lors du traitement de ces affaires. C’est ce qui fait que les 14 autres affaires dont la présidence était au courant sont “demeurées sans décision formalisée de la part de l’ENS permettant de clore le dossier où sont déclarées comme étant toujours “en cours d’instruction”, selon un article de Le Monde.

La direction a tout fait pour essayer d’étouffer les affaires afin de s’assurer que son image de marque ne soit pas touchée, comme l’expliquait dans un article de Médiacité Zoé, élue au conseil des études et de la vie étudiante (CEVE) de l’école : «  [Pour ces affaires] On cherche des preuves matérielles alors qu’on sait que dans ce genre de dossier, il n’y en a pas. Et même quand on en a, des affaires passent sous le tapis. C’est une blague entre élues à l’ENS, mais on a l’impression que pour qu’une affaire soit prise au sérieux, il faut qu’il s’agisse d’un viol avec violence en plein cours devant tout le monde.  ».

Suite à ce bilan de l’enquête, la commission d’inspection n’a fait qu’un supposé “rappel à l’ordre" à la direction sans pour autant la dénoncer vraiment, en se satisfaisant de dire tout simplement quel’établissement n’avait pas suffisamment pris la mesure du problème”, en allant jusqu’à excuser le manque de mesures prises : "le manque de cohérence dans le traitement des situations, le peu d’empressement à agir, a conduit à une impossibilité de clôturer les instructions”. Négligeant ainsi la gravité des actes de la présidence, qui a volontairement mis sous le tapis de nombreux cas d’agressions sexuelles pour maintenir l’image de l’école. Et pour enfin dédouaner les responsables, les inspecteurs ont envoyé sept “recommandations” ... dont la “refonte du rôle du référent chargé de la mission “égalité discrimination”, dont le rôle doit être plus clairement défini”, et le respect de : “dispositions qui interdisent la consommation d’alcool dans l’école, ses lieux de restauration et de résidence". Des recommandations méprisantes et insuffisantes quand on voit l’ampleur de l’affaire et qui ne servent qu’à calmer le mouvement d’étudiant.e.s, rassemblé.e.s derrière le #OnENSpeutplus pour dévoiler la complicité de la direction dans les affaires.

Alors que ce genre d’enquêtes menées par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche essayent de faire passer ces cas pour isolés, dont il y aurait eu juste une mal praxis totalement remédiable de la part de la direction, le mouvement de ces étudiant.e.s a montré que c’est loin d’être le cas.

En effet, ce n’est pas anodin que le #OnENSpeutplus intervienne dans un contexte de libération de la parole plus global, notamment au sein des grandes écoles suite à l’affaire Duhammel à Sciences Po Paris. Cette levée de l’omerta que ce soit à l’ENS ou à Sciences Po avec le #Sciencesporcs a ouvert une crise au sein des directions de ces établissements, qui n’est pas prête de se refermer, et ont rappelé le caractère patriarcal qui structure ce type d’école “prestigieuse” dont le rôle est d’assurer la reproduction sociale et idéologique du système.

Ces témoignages là et le supposé verdict de l’enquête menée par l’inspection générale de l’éducation, montrent que ce n’est pas avec les directions ou le gouvernement, garants de l’omerta, qu’on en finira avec les violences sexuelles. Il est donc urgent d’exiger la mise en place de commissions d’étudiant.e.s et personnels de l’université, auto-organisées et désignées démocratiquement, afin de prendre en charge les cas de violence sexuelles en toute indépendance des directions complices !


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