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« Personne ne reconnaîtra l’indépendance »

Encore un mauvais coup de Bruxelles. L’UE radicalement contre la Catalogne

Alors qu’il menace plus que jamais d’avoir recours à l’article 155 pour placer sous tutelle la Généralité de Catalogne, Mariano Rajoy vient de recevoir un soutien de taille en la personne d’Antonio Tajani, président du Parlement Européen, qui vient de réitérer sa position martelée dès le lendemain du référendum du 1er octobre : Bruxelles et l’UE sont contre le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cela ne veut pas dire, néanmoins, que Bruxelles soutienne totalement Rajoy…

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De jeudi à vendredi, Rajoy est réuni avec ses homologues européens, à Bruxelles, pour un nouveau Sommet des chefs d’Etat européens qui était censé se focaliser exclusivement, à l’origine, sur la question du post-Brexit. On comprendra que les dernières tensions, dans l’Etat espagnol, sur le dossier catalan, sont en train de chambouler passablement l’ordre du jour. Dans ce cadre, c’est au tour du président du Parlement Européen, Antonio Tajani (Parti Populaire Européen, PPE, droite), de se prononcer et d’apporter sa pierre à l’édifice anti-catalan alors que Rajoy menace de faire appliquer l’article 155 de la Constitution espagnole dès samedi.

« Personne ne sera en faveur de [l’indépendance] », a souligné l’ancien bras-droit et proche de Berlusconi, aujourd’hui à la tête du Parlement. « Personne, en Europe, ne saurait l’accepter ». Il a été rejoint, dans son propos, par Angela Merkel et Emmanuel Macron, qui a réitéré ce que sa secrétaire d’Etat aux Affaires européennes avait déjà déclaré sur le dossier catalan, il y a dix jours.

Menaçant, Tajani a conclu son entretien relayé sur Europapress en rajoutant que les Catalans se retrouveraient « tout seuls. Personne ne va aider le gouvernement de Catalogne en vue de l’Indépendance ». Ce faisant, Tajani a oublié un peu vite que, lorsque cela arrange Bruxelles, l’UE et les principaux impérialismes européens, flanqués de l’OTAN, sont tout à fait capables de reconnaître de nouvelles nations, à l’instar du Kosovo, né de la séparation d’avec la Serbie en 2008.

Les déclarations de Tajani signifient-elles pour autant que l’UE soutient de façon indéfectible la logique d’affrontement mise en œuvre par Madrid depuis le début de la crise ? Pas totalement.

Bruxelles, la Commission, tout comme Paris et Berlin sont tout aussi inquiets de la tournure que pourrait prendre une évolution incontrôlée de la situation en Catalogne que de l’entêtement de Madrid qui, selon plusieurs diplomates en poste dans la capitale espagnole, contribue à jeter de l’huile sur le feu. Et cela, même si, diplomatiquement, Bruxelles, Paris et Berlin ne sauraient le dire ouvertement. Tajani a donc pointé le fait que l’Union continuait à soutenir l’unité de l’Etat espagnol et à souhaiter une solution dans le cadre constitutionnel espagnol, mais privilégiait également l’option du « dialogue ». Un dialogue qui, jusqu’à présent, est refusé par Rajoy, qui continue à camper sur ses positions.

Indépendamment de leur ambiguité quant à l’attitude que devrait adopter Madrid, les déclarations de Tajani illustrent le caractère absolument utopique des discours des dirigeants de l’indépendantisme modéré et de droite allant du PDECat, de Carles Puigdemont, jusqu’à l’ERC d’Oriol Junqueras, le numéro 2 de la Généralité. La coalition à la tête de l’exécutif catalan, épaulée par la gauche radicale de la CUP, a passé le plus clair de son temps, ces dernières semaines, à vouloir rassurer les Catalans en leur disant que les entreprises ne quitteraient pas le pays et que Bruxelles accepterait l’Indépendance.

Il n’est est rien, ni sur les grands groupes capitalistes catalans, qui ont fait le choix de Madrid et du coup de force économique, ni au niveau de Bruxelles. Les bourgeoisies bruxelloises montrent, une fois de plus, ce qu’elles sont : des ennemies radicales du droit des peuples à disposer de leur avenir. La bourgeoisie catalaniste, elle, n’en démord pas, et continue à privilégier l’option des négociations (avec Madrid ou avec Bruxelles) pour construire ce qui a été décidé dans les urnes, le 1er octobre. C’est tout l’inverse, en réalité, qui doit être recherché : c’est la mobilisation populaire qui a assuré la réalisation du référendum, l’efficacité de la grève générale du 3 octobre et la massivité des mobilisations en solidarité avec les prisonniers politiques du « Procès ». Tajani, lui, en est bien conscient. Son discours est aussi un rappel lancé en direction du mouvement démocratique national catalan.


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