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Moyen-Orient

En Iran, une grève sans précédent du secteur pétrolier fait trembler le gouvernement

En Iran, une grève sans précédent touche le secteur pétrolier, du gaz et de la pétrochimie depuis le 20 juin. Cette grève intervient alors que le pouvoir iranien est plus affaibli que jamais après une élection qui a connu un taux de participation historiquement bas.

Belkacem Bellaroussi

7 juillet 2021

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En Iran, une grève sans précédent touche les secteurs du pétrole, du gaz et de la pétrochimie depuis le 20 juin. La pression est telle que l’encore Président Hassan Rohani a promis des améliorations dans les semaines qui viennent.

De nombreuses vidéos circulent sur les réseaux sociaux montrant des ouvriers en grève qui protestent contre les bas salaires, pour de meilleures conditions d’embauche et contre le coût de la vie en Iran. Selon les agences de presse, des travailleurs dans plus de soixante-dix sites participent à ce mouvement sans précédent depuis l’avènement de la République islamique il y a 42 ans. La grève est menée principalement pas les travailleurs contractuels. En effet, depuis deux décennies, ce sont surtout des travailleurs contractuels qui occupent les postes dans l’industrie du pétrole iranien

Ces travailleurs précaires ne bénéficient que de salaires minimaux, moitié moins que les travailleurs permanents du secteur pour le même travail. C’est d’ailleurs notamment des revendication salariales et contractuelles que portent les travailleurs actuellement en grève. L’économie iranienne est en crise depuis 2018 après le retrait américain de l’accord sur le nucléaire iranien.

La banque centrale d’Iran a par exemple montré que vivre dans une ville d’Iran nécessite 100 millions de rials par mois, alors que salaires des travailleurs précaires du pétrole iranien n’excèdent pas 40 millions de rials. Pour mettre fin à ces injustices, les grévistes ont ainsi réclamé un salaire minimal de 120 millions de rials et une indexation sur l’inflation, grimpante en Iran depuis 2018.

Mais cette mobilisation n’est pas aussi sans toucher les salariés permanents des industries pétrolières iraniennes, qui menacent de rejoindre massivement le mouvement, tandis qu’un certain nombre se met déjà en grève. Cette perspective exerce une forte pression sur le gouvernement iranien qui s’est empressé de communiquer sur la crise. Ils ont notamment rejeté la responsabilité du gouvernement concernant les revendications des salariés contractuels, les orientant vers leurs employeurs, l’industrie pétrolière privée et ont promis aux salariés permanents de répondre à leurs revendications. Si les permanents en venaient à rejoindre massivement la grève, le gouvernement entrerait en grave crise à peine élu. Les syndicats ont d’ores et déjà imposé un ultimatum au gouvernement, lui demandant des réponses avant fin août, menaçant que la grève s’étende si ces revendications ne voient pas de réponse.

Cette grève intervient quelques semaines après une élection présidentielle qui a vu un taux de participation historiquement bas. Cette grève dans le secteur pétrolier et pétrochimique réveille surtout un spectre que le gouvernement ne veut surtout pas voir. En effet, en 1979, la Révolution Islamique s’est déclenché quelques semaines après de grandes grèves du secteur pétrolier et a permis son extension. Cette grève avait fait tâche d’huile dans d’autres secteurs et avait eu une influence non négligeable sur l’extension de la révolution à l’époque, paralysant l’État et nourrissant l’idée que le pouvoir chancelait.

Dans le contexte d’une grave crise économique touchant l’Iran depuis quelques années, de la perte de crédit des institutions en place et la révolte qui mugit dans la tête de nombreux iraniens, cette situation à tout pour faire trembler le nouveau pouvoir iranien, qui prendra ses fonctions le mois prochain.


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