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Électricité : une hausse de 5,9 % prévue pour le 1er juin.

Après un gel des prix de l'électricité cet hiver, provoqué par la colère des gilets jaune, Xavier Girre, le directeur financier d'EDF a annoncé ce mardi une augmentation de 5,9 % de l'électricité au 1er juin. Le gouvernement compte bien appliquer cette décision prévue depuis le mois de février.

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Ce mardi, Xavier Girre, directeur financier d’EDF a annoncé que l’électricité augmenterait bien de 5,9 % au 1er juin. Cette hausse avait été proposée en février par la délibération de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Le 1er juin correspondait à la date limite fixée par le CRE pour l’application de la hausse. Le gouvernement, embarrassé par le mouvement des gilets jaune, a tout fait pour retarder cette échéance, en vue de l’appliquer quand même au bout du compte. En effet, en décembre, le gouvernement avait annoncé un gel des prix de l’électricité jusqu’à mai, espérant à tort que d’ici là, le mouvement se soit arrêté.

Cette décision va s’imposer sur les tarifs réglementés de vente (TRV) ou « tarifs bleus », vendus par EDF à 25 millions de foyers en France ; mais la hausse s’appliquera aussi à toutes les offres indexées des concurrents d’EDF : Engie, Total Direct Engergie, ENI, etc. C’est un véritable coup dur pour les 75 % des ménages concernés. En tout, l’augmentation reviendrait alors à environ 85 euros par an.

Des mécanismes de calculs complexes en fonction de la concurrence

Cette régulation n’a été décidée que par souci de concurrence. La mise en concurrence d’EDF, contre toutes les promesses des partisans de la libéralisation du secteur, a engendré des calculs complexes pour maintenir EDF à la tête du marché de l’électricité. Voilà pourquoi nous allons payer plus cher : pour permettre à la concurrence d’exister, et pour permettre à EDF de régner. Car en effet, le tarif réglementé mis en place par EDF existe justement pour permettre aux concurrents de se faire une place sur le marché. Il faut donc calculer une régulation de tarifs qui prennent en compte la viabilité des concurrents tout en assurant l’hégémonie d’EDF.

L’association des consommateurs CLVC critique fermement cette décision, soulignant l’absurdité de la hausse envisagée. François Carlier, le secrétaire général de l’association a d’ailleurs annoncé vouloir faire un recours devant le Conseil d’État pour l’annulation de cette hausse. Sur son site, la CLVC dénonce des calculs douteux et une hausse basée sur des calculs non-valables : « loin de correspondre à la couverture des coûts de fourniture de l’électricité d’EDF, la hausse envisagée permettrait à EDF d’augmenter indûment de 87 % ses marges et priverait en conséquence les consommateurs du plein bénéfice de la compétitivité du parc nucléaire historique ». La régulation des prix de l’électricité n’est donc due qu’à un souci de concurrence et de profit. La question de à qui appartient le parc nucléaire se pose. Les concurrents d’EDF ont accès à une part plafonnée de l’énergie produite par EDF. Au-delà des quotas, ils doivent aller chercher le nucléaire sur les marchés, où le prix est plus élevé. Mais les TRV sont aussi conçus pour permettre aux concurrents de proposer des tarifs réduits : c’est le principe de la contestabilité. Voilà toute la complexité du marché concurrentiel et de la mise en place de tarifs.

François de Rugy (ministre de la transition écologique et solidaire), a annoncé vouloir réformer les méthodes de calculs de tarif cet été. La hausse pourrait alors se renouveler. Le but du gouvernement ici est de concilier trois aspects : le pouvoir d’achat des foyers, financer les investissements, et faire une place pour les concurrents sur le marché. Leur intérêt continue de primer !

Attaquer le pouvoir d’achat en pleine crise des gilets jaune

Alors que le mouvement des gilets jaune a démarré autour de revendications sur le pouvoir d’achat, voilà que les prix de l’électricité augmentent. Cela ne risque pas de calmer la colère sociale qui dure depuis déjà 6 mois. Les attaques au pouvoir d’achat ne cessent de se multiplier, sur des intérêts économiques douteux. De plus, on ne sait pas encore si il y aura un rattrapage tarifaire pour compenser le déficit pendant le gel des prix cet hiver. Les gilets jaunes n’ont pas réclamé de meilleures conditions de vie seulement pour un hiver, mais de manière immédiate et permanente. Le gouvernement semble à mille lieues de vouloir lâcher du terrain. Cela risque d’attiser la colère d’une mobilisation qui n’a pas rendu son dernier souffle.

Par ailleurs, EDF est une entreprise endettée, qui a fait des plans de coupes budgétaires pour 2019, et qui entraînera probablement des licenciements. Sur le site de la CGT EDF, le syndicat dénonce le budget 2019, qui n’est pas réaliste dans ses objectifs, à moins de faire payer les travailleurs. Pour se tenir au plan budgétaire prévu pour 2019, EDF devra alors licencier des travailleurs, ou précariser encore plus leurs conditions de travail.

Ainsi, nous voyons que le marché de l’énergie est complexe, car tiraillé par la concurrence et la course au profit des grands patrons. On voit alors l’intérêt pour la population et les travailleurs de l’énergie d’en prendre le contrôle par la nationalisation et l’expropriation (sans indemnisation aux capitalistes) et d’exercer un monopole sur le secteur, pas pour le profit de quelques actionnaires mais bien pour en faire profiter l’ensemble de la société, à la fois en termes économiques, alors que des centaines de milliers de personnes sont dans des situations de précarité énergétique mais aussi écologiques.


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