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#Fin de chantier !

Ecologie. De l’interpellation aux actions contre le capital : vers une radicalisation d’une nouvelle génération militante ?

L'action "Fin de chantier" organisée par Youth For Climate et Extinction Rebellion s'inscrit dans une nouvelle dynamique de dénonciation par les militants écologistes des réformes du gouvernement et l'exploitation par les grandes entreprises des ressources naturelles et des salariés. Après deux mois de grève inédite, la jeunesse des marches mondiales pour le climat cherche à articuler les problématiques climatiques et sociales, se confrontant de plus en plus ardemment à la répression. L'expression d'une radicalité en germe pour une nouvelle génération qui n'a pas dit son dernier mot.

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Crédit : Twitter Extinction Rebellion

Urgence climatique, urgence sociale : même combat contre le capital

Ce lundi, une action "Fin de chantiers" était organisée sur les sites de béton de l’entreprise Lafarge. Sur leurs réseaux, les organisateurs mettent en avant la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre ainsi que les projets écocides de ces entreprises. Sur place, les jeunes militants ont également dénoncé l’exploitation des salariés et les inégalités sociales dont l’entreprise est responsable.

Par exemple, la peinture rouge sur le sable de Lafarge : une action de dénonciation du traitement des salariés par l’entreprise, mais aussi sa complicité avec l’Etat islamique, que l’entreprise fournissait en matière de construction.

Et après 8 heures de blocage, les militants ont rejoint en cortège sauvage la manifestation organisée contre la réforme des retraites. Une action de convergence qui, si elle semble de plus en plus évidente pour beaucoup de jeunes écologistes pour qui urgence climatique et urgence sociale doivent se combattre ensemble, peut contraster avec la relative imperméabilité qui avait pu avoir lieu l’an dernier entre les marches pour le climat et le reste des manifestations. Et l’occupation de la place du Châtelet, où des gilets jaunes avaient pu construire leur cabane aux cotés de celles des militants d’XR, était déjà un premier pas en ce sens.

Désormais, il s’agit bien d’une tendance croissante à la convergence des luttes, menée par une très jeune génération de militants. Léo, lycéen de 17 ans et militant de Youth For Climate, expliquait ainsi le combat mené contre la réforme des retraites et les entreprises qui la soutiennent : "Cette réforme pousse à faire travailler plus les travailleurs, à leur faire gagner moins. C’est une réforme qui profite aux plus riches et pénalise les plus pauvres. Et l’écologie et le social vont de pair, il faut lutter ensemble".

La semaine dernière, c’étaient en effet les militants de Youth For Climate qui organisaient l’envahissement des bureaux de Black Rock pour protester contre ses projets écocides. Un clin d’œil à l’action menée par les grévistes de la RATP et la SNCF, quelques semaines auparavant, contre ce géant de la gestion d’actif pour qui la réforme Delevoye est une première étape vers la retraite par capitalisation.

Une politique de convergence qui exprime ainsi l’émergence d’une nouvelle génération militante, consciente du lien intrinsèque entre lutte pour l’écologie et lutte contre le capital.

Quand la jeunesse pour le climat devient la jeunesse contre Macron

Cette jeunesse qui avait déferlé dans les rues du monde entier pour réclamer davantage de justice écologique lors de marches pour le climat d’une ampleur inédite, ne semble pas avoir dit son dernier mot. Tandis que l’enjeu des grèves mondiales pour le climat était l’interpellation des gouvernements face à "l’inaction climatique", les actions qui se multiplient attaquent désormais le patronat plus directement et critiquent ouvertement le gouvernement Macron.

De l’interpellation des gouvernements à l’attaque du capital, un changement de stratégie revendiqué par un secteur de ces jeunes militants : "On a passé un cap. On est passé à des actions beaucoup plus radicales. Ça montre notre énervement" explique Léo.

Au départ, demander de l’aide au gouvernement était pour ces tout jeunes militants, une façon de tester le régime démocratique, et le rôle supposé du gouvernement de répondre aux intérêts des populations. Mais face à l’impasse, une grande partie de ces jeunes de 14, 15, ou 16 ans ont décidé de changer leur rapport au pouvoir. Ne plus attendre de lui mais chercher à s’y affronter.

"Au début, on disait au gouvernement qu’on voulait un avenir. C’est toujours le même message mais maintenant on sait que le gouvernement n’agira pas, que les multinationales n’agiront pas", confie Carmen, militante de 14 ans.

Une politisation et une radicalisation en germe qui s’expriment progressivement alors que le pays a connu sa plus grande séquence de lutte des classes depuis des décennies en décembre. La grève reconductible à la RATP et la SNCF, en parvenant à imposer contre le gouvernement un niveau de rapport de force suffisant pour aggraver la crise de la Macronie, a été une démonstration éclatante de l’actualité de la stratégie de la grève, y compris pour une jeunesse qui pouvait y être initialement étrangère.

Ainsi, la potentielle recomposition du mouvement autour de la jeunesse par le biais de la mobilisation de ses professeurs, pourrait réactualiser la lutte pour l’urgence climatique dans une bataille d’ampleur contre le gouvernement et le patronat. En effet, ce sont en partie les mêmes lycéens, sortis dans les rues l’année dernière, qui aujourd’hui bloquent leurs établissements contre le Bac Blanquer.

"Le gouvernement a de plus en plus peur de nous. Au début on était juste des jeunes qui manifestaient le vendredi. Maintenant il voit qu’il y a vraiment une rage, qu’on ne lâchera rien. La police c’est la milice du gouvernement. Sans la police, le gouvernement est mort."

Car face à la réponse coercitive du gouvernement contre le mouvement, l’illusion démocratique s’étiole largement, et nourrit les embryons de radicalité d’une toute nouvelle génération militante qui a fait ses crocs lors des marches pour le climat.

Mais comme toute politique de coercition, c’est quitte ou double pour le pouvoir. "C’est ni des GAV, ni des banquiers qui saccagent notre avenir, qui vont nous intimider. La terre ne leur appartient pas". À en croire Léo, stratégie compromise.


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