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Une répression inédite

E3C : une procédure disciplinaire engagée à l’encontre d’un enseignant qui conteste la réforme du bac

La répression sous toutes ses formes n'en finit pas à l'éducation nationale (et ailleurs). Noël Bucher, enseignant au lycée Duhamel à Dole dans le Jura, a été suspendu par mesure conservatoire de quatre mois dans l'attente d'une commission disciplinaire. Son tord ? Avoir contesté les E3C dans son établissement aux côtés de ses élèves. Ses collègues, des personnels et parents d'élèves ont lancé un comité de soutien et une pétition pour exiger sa réintégration.

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Crédit photo : google maps

Noël Bucher est l’une des nouvelles cibles de la répression policière et judiciaire du gouvernement Macron confronté à de multiples frondes et notamment à celle dans l’éducation nationale contre la réforme des retraites et la réforme du bac. Noël Bucher, enseignant au lycée Duhamel à Dole dans le Jura, fait partie de ces enseignants qui ont décidé de contester la mise en œuvre des E3C, ces épreuves anticipées du baccalauréat se déroulant de janvier à mars pour la première fois cette année.

Loin d’être le seul enseignant opposé à la réforme du bac, qui depuis 2018 génère un grand mouvement d’opposition, l’enseignant fait l’objet aujourd’hui d’une procédure disciplinaire décrite comme particulièrement sévère et inédite. Il lui est reproché d’ avoir osé soutenir les élèves de son lycée qui cherchaient à faire annuler les épreuves. En effet, ce dernier a été suspendu par sa direction à titre conservatoire pendant quatre mois, avec l’interdiction de se rendre devant son lieu de travail, dans l’attente d’une commission disciplinaire et n’aurait pas connaissance encore des éléments qui motivent sa suspension.

Dans un article de France 3 régions, Noëlle Ledeur, enseignante et membre du collectif Education Nationale de Besançon, estime qu’un cap en termes de répression a été franchi : "Je n’ai jamais vu de telles mesures, avec une interdiction d’enseigner, de se présenter devant l’établissement et quatre mois de délai. C’est une sanction prise pour paralyser toute action ou toute vélléité de dénoncer cette réforme".

Une sanction extrêmement dure qui provoque l’indignation de toute une partie du corps enseignant. Depuis plusieurs semaines en réponse à la mobilisation contre les E3C qui s’est traduite notamment par des blocages et le refus de tenir les épreuves conduisant à des annulations et des reports d’épreuves dans plus de 170 lycées, d’après une carte interactive mise en place par des enseignants mobilisés, le ministère de l’éducation nationale et les directions d’établissement ont pris la décision de réprimer leurs salariés.

Ainsi en plus du cas de Noël Bucher, il y a notamment l’exemple des six enseignants menacés par le recteur de Toulouse d’une peine pouvant aller jusqu’à un de prison et de 7 500 euros d’amende pour avoir "perturbé le bon déroulement des E3C". Pareil du côté de Cahors où cinq enseignants du lycée Bourdelle et neuf du Lycée Clément Marot ont reçu un courrier similaire les accusant d’avoir failli à leurs obligations statutaires de neutralité en tant que fonctionnaires. Les cas sont nombreux et les menaces diverses : plaintes pour vol pour "rétention de copies", retenues sur salaires pour "grève des notes", plainte pour "infraction d’intrusion non autorisé dans un établissement d’enseignement".

Face à ces menaces de sanctions contre les enseignants, la colère s’organise. Les enseignants mobilisés travaillent à recenser les différents cas de répression à l’encontre des enseignants mais également à l’encontre des lycéens qui sont les premières cibles des violences policières. Pour Noël Bucher, des collègues, des personnels et des parents d’élèves ont immédiatement monté un comité de soutien pour lui exprimer leur solidarité et exiger sa réintégration, notamment via la mise en ligne d’une pétition qui a déjà recueilli plus de 2000 signatures depuis deux jours.

Face à cette répression sans précédent dans l’Education nationale qui s’étend à l’ensemble du mouvement social, vise à étouffer la colère, la meilleure réponse reste en effet la solidarité et l’extension de la mobilisation pour la poursuite de la lutte.


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