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Sois jeune et tais-toi

Drapeaux et hymne national dans toutes les classes : le retour de l’ordre républicain

Le projet de loi pour une « école de la confiance » discuté depuis lundi à l’Assemblée prévoyait déjà son lot de cadeaux fiscaux au privé, de musellement et précarisation des enseignants ou de formation au rabais pour les enfants. Un amendement proposé par le très à droite Eric Ciotti (LR) a été voté dans la nuit du lundi au mardi ; il prévoit que dans chaque classe de la maternelle au lycée, drapeau tricolore, drapeau européen et refrain de la Marseillaise soient accrochés au mur. Un pas de plus vers la mise au garde-à-vous de la jeunesse qui devra ensuite passer par la case service national universel.

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Crédit photo : Fotolia

Lundi nous évoquions une « offensive générale contre l’école ». Dans la nuit du 11 au 12 février, un amendement proposé par le membre de l’opposition Eric Ciotti (LR), et voté par les parlementaires est venu ajouter un volet patriotique voire nationaliste aux cadeaux fiscaux pour le privé, au musellement et à la précarisation des enseignants ou à la formation au rabais déjà présents au sein du projet de loi. « La présence de l’emblème national de la République française, le drapeau tricolore, bleu, blanc, rouge, du drapeau européen ainsi que des paroles du refrain de l’hymne national est obligatoire dans chacune des salles de classe des établissements du premier et du second degrés, publics ou privés sous contrat » [Ndlr, de la maternelle au lycée], stipule désormais l’article L. 111‑1‑2.du projet de loi.

Une ouverture vers l’opposition de droite pour élargir la base électorale d’En Marche ?

Le député de droite était évidemment aux anges, se fendant d’un tweet : « je me félicite du vote de mon amendement rendant obligatoire le drapeau français dans chaque classe de chaque école de France. Les valeurs et symboles de la République appartiennent à tous les Français, ils doivent pouvoir se les approprier dès le plus jeune âge. Jean-Michel Blanquer avait quant à lui appuyé l’amendement, estimant « important » de continuer à « jouer le jeu de l’ouverture au débat parlementaire » avec l’opposition de droite. Mis à mal socialement par le mouvement des Gilets Jaunes, et politiquement par l’affaire Benalla, l’exécutif dont la côte de popularité est au plus bas essaie de grignoter un peu de soutien où c’est encore possible, autrement dit, sur la base électorale de droite, en vue des européennes.
Cet amendement a été vivement critiqué par l’opposition de gauche parlementaire. Tout d’abord parce que, voté dans la nuit, il n’a pu être discuté par aucun député de gauche. Une véritable levée de bouclier de toute la gauche parlementaire qui a poussé le président de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, Bruno Studer (LREM), à demander une seconde délibération sur cet amendement. Elle aura lieu vendredi.

Drapeau tricolore et « sang impur » sur les murs des classes du primaire au lycée

En 2016 déjà, le président de l’époque François Hollande avait décrété 2016 « année de la Marseillaise » à l’école. Nous écrivions alors que quoiqu’on puisse avancer sur le contexte révolutionnaire de la création de la Marseillaise, « il reste quand même une contradiction fondamentale qui consiste à promouvoir une éducation à la citoyenneté qui s’appuierait sur la violence, la légitimité de la guerre, la haine et la déshumanisation de l’autre vu comme un ennemi. Contradiction, également, entre le principe d’esprit critique que l’école est censée développer chez les élèves et la sacralisation d’un hymne, d’une sorte de prière obligatoire aux fondements d’ailleurs tellement peu solides que le législateur s’est senti obligé de le protéger par la contrainte d’un impensable « délit d’outrage aux symboles nationaux », punissable de six mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende. »

Alors que Macron disait dès sa campagne vouloir « inculquer aux jeunes la discipline », il s’avère en effet que, souvent à l’avant-garde des mobilisations à l’instar de la victoire face au Contrat Première Embauche en 2006, la jeunesse est une source de sueurs froides pour le pouvoir. Il s’agit donc de lui bourrer le crâne. C’est le sens du projet de service national universel (SNU) qui se composerait de deux séjours de 12 jours environ à effectuer entre 16 et 18 ans pour être formé aux « enjeux de la défense » qui serviront à renforcer la « cohésion nationale et sociale ». C’est le sens d’un drapeau tricolore obligatoirement visible par les enfants de 3 à 16 ans dans chaque salle de classe. Et d’une marseillaise, ou plutôt de son refrain. Cinq vers de ce chant guerrier impérialiste, parmi lesquels les deux les plus polémiques : « Qu’un sang impur / Abreuve nos sillons ! ». Ouvertement xénophobe et pas vraiment en adéquation avec les valeurs d’humanisme, d’égalité ou de fraternité qu’est censée véhiculer la République. Des enfants de la république, qui auront ingurgité toute leur enfance ce refrain qui « charrie son histoire de massacres coloniaux, de répression anti-ouvrière et de vomi ultra-nationaliste ».


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