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Contre-Réforme

Déterminé à imposer la retraite à 65 ans dès l’automne, Macron ira au bout de sa guerre sociale

À la veille d’une élection présidentielle dans laquelle le candidat-président Macron n’est plus donné vainqueur haut la main, l’annonce de la réforme des retraites qu’il souhaite appliquer dès l’automne est une façon d’assumer clairement son plan social de guerre à notre classe.

Antoine Bordas

7 avril 2022

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Photo Ludovic MARIN/AFP

Avec le pouvoir d’achat, la question des retraites est sans doute le sujet le plus discuté de ces présidentielles. Les positions sur les retraites sont ainsi devenues des curseurs importants, à partir desquelles se reconfigurent parfois les électorats et les soutiens. Macron lui persiste et signe dans son tournant largement néolibéral : son plan de bataille n’est autre que d’imposer les retraites à 65 ans dès l’automne.

Macron et ses équipes gouvernementales avaient déjà annoncé l’ampleur de la mesure qui porterait sur un report de l’âge de départ légal à 65 ans, mais ils ont donc réaffirmé ces derniers jours qu’en cas de réélection, la réforme serait mise en place dès l’automne. Une manière de renforcer à nouveau sa position en tant qu’homme de la situation pour satisfaire, d’une part le Medef, mais aussi un électorat traditionnellement de droite, qui échappe de plus en plus à la candidature Pécresse. Dans la dernière ligne droite de la campagne, Macron tente de capitaliser sur l’échec de Pécresse de se présenter comme la candidate de l’électorat néolibéral qui demande cette réforme afin de s’engager dans une dynamique plus forte d’ici au 10 avril.

En effet, l’enjeu pour Macron est avant tout de certifier, si certains en doutaient, qu’il irait vite et fort dans les contre-réformes, celle de la retraite étant un marqueur emblématique de la dynamique, c’est sur elle qu’il se concentre.

L’indexation sur l’inflation et la revalorisation du minimum des pensions : des feintes pour faire passer la pilule

Comme souvent, l’affirmation la plus importante et brutale s’accompagne de quelques annonces visant à noyer le poisson. En l’occurrence, Macron complète sa détermination à repousser l’âge de départ légal par une revalorisation de la pension minimum, à 1100 euros, ainsi qu’une indexation sur l’inflation qui pourrait être appliquée dès l’été.

Avec ces mesurettes, dont on a par ailleurs aucune garantie qu’il les respectera, Macron souhaite faire oublier le gros de la réforme qu’il décrit comme essentiel : le report de l’âge légal de départ. Ces potentiels quelques centaines d’euros en plus, ne doivent pas nous endormir sur l’ampleur de l’attaque qui se prépare. En effet, on parle d’un âge légal à 65 ans impliquant, on le sait, des possibles départs beaucoup plus tard.

D’une manière générale, on peut sentir que si certaines pincettes sont prises pour avancer les contours de la réforme, la détermination de l’agenda reste bien présente. Cette fois-ci, on pourrait s’attendre à une forme plus progressive concernant la casse des régimes spéciaux, mais celle-ci aura bien lieu ; l’âge légal pourrait aussi être repoussé petit à petit – comme le préconise le MEDEF – mais la finalité de l’ensemble reste la même : faire des économies sur le dos des travailleurs, en les obligeants à travailler de plus en plus tard pour toucher des pensions à peine décentes.

Si Macron mise en partie sur le fait que les mentalités auraient évolués vis-à-vis d’une telle réforme, il faut surtout se rappeler des chiffres terribles qui ont été mis en avant durant la première tentative de réforme : lorsque l’on prend les travailleurs les plus pauvres, 26 % d’entre eux décèdent avant 62 ans, contre 5 % pour les plus aisés. En moyenne, c’est 12 % des personnes qui décèdent avant cet âge (Insee, 2018). Il serait tout simplement inadmissible de laisser passer ce genre de réforme tragique pour notre classe.

Un sombre avenir contre lequel il faut d’ores et déjà préparer la riposte

Macron a pu chercher à simuler des adresses à « sa gauche » : mettant notamment en avant le quoi qu’il en coûte ou mentant ouvertement en parlant d’un quinquennat dédié au pouvoir d’achat. Mais tout cela cache mal le cœur du projet macroniste en cas de réélection : réforme des retraites, remise en cause du RSA, guerre aux sans-emplois…

À la veille des élections, il ne faut surtout pas oublier ces éléments de bilans ainsi que les perspectives que Macron et les siens nous promettent. Finalement, la dynamique reste la même : garantir au grand patronat les réformes nécessaires pour alimenter un marché du travail se gavant toujours plus de profits. Au côté de Macron, nous n’oublions pas une Marine Le Pen qui reste très décomplexée dans son racisme et ses positions réactionnaires, et lisse l’ensemble avec un contenu programmatique beaucoup plus MEDEF-compatible.

Macron veut mener ses prochaines attaques dès le début de son potentiel nouveau mandat ; le besoin de nous préparer est clair. Face au plan d’attaque néolibéral et autoritaire qu’il envisage déjà, main dans la main avec le grand patronat et le MEDEF, nous devons préparer et construire un véritable plan de bataille pour faire face à la guerre sociale qu’il prépare.


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