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Répression judiciaire

Des dizaines de Gilets Jaunes en procès et condamnés à de la prison ferme

Si la répression policière atteint des sommets, la justice bourgeoise est aussi en train de réprimer très durement les gilets jaunes, faisant comparaître dans toute la France des centaines de manifestants, avec de nombreux condamnées à de la prison ferme.

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Crédit photo : Pierre Vignaud

La répression judiciaire atteint des records à Paris

Partout en France, les manifestations de ce samedi ont été très durement réprimées, les images prises sont d’une rare violence, et le nombre de blessés et mutilés atteint lui aussi de funestes records. Et la police continue à charger, encore aujourd’hui alors que des milliers de gilets jaunes maintiennent la mobilisation, rejoints par des milliers de jeunes.

Mais à côté de la répression policière c’est aussi la répression judiciaire qui s’abat sur les travailleurs, les chômeurs, les retraités et les jeunes s’affrontant à l’État et au patronat. À Puy-en-Velay, où la préfecture avait été incendiée, deux personnes ont été condamnées à 3 mois de prison ferme, et l’une d’entre elle a été écrouée en attente de son procès. A Rouen, trois manifestants sont passés en comparution immédiate et ont écopé de 6 à 8 mois de prison, idem au Havre où une autre peine de prison a été prononcée. La liste n’est certainement pas complète, et on ne sait pas encore à combien s’élèvent toutes les arrestations et gardes-à-vues qu’il y a pu avoir en région.

A Paris, la préfecture pourra se vanter d’avoir atteint de nouveaux records. 412 interpellés samedi, 363 gardes-à-vues, et 70 personnes qui sont passées en comparution immédiate ce lundi. Des procès à la chaîne, où 18 personnes ont été condamnées à de la prison ferme, nécessitant cinq salles d’audience au tribunal de Paris ! Et les procès vont continuer dans la semaine. Après l’ultra-violence de la police, de plus en plus évidente pour tout le monde, c’est la violence de la justice bourgeoise qui s’abat sur les manifestants.

Il faut « faire exemple »

Le gouvernement, qui a consciemment affaibli les corps intermédiaires, se retrouvent maintenant démuni pour faire rentrer les centaines de milliers de manifestants, soutenus par 80 % de la population, dans les rangs. Les gilets jaunes ne veulent pas discuter et le moratoire sur la taxe carburant – quand les manifestants exigent la démission de Macron – ne convainc personne. Les violences policières se multiplient, mais l’usage de la répression, s’il a vocation à décourager les manifestants, ne fait que démontrer le véritable visage de la police et fait monter la colère d’un cran. C’est ce qu’on a pu voir du côté des lycéens qui, en grand nombre dans les rues, font pour la première fois face à la violence policière, mais qui restent tout de même déterminés et sont retournés manifester dans les rues de plusieurs villes.

Cette série de procès qui s’est ouvert, et qui ne va pas se refermer de sitôt, est un autre moyen pour le gouvernement d’essayer de dissuader la population de retourner manifester. A cet effet, l’Assemblée nationale vient aussi d’adopter une nouvelle peine de « détention à domicile sous surveillance ».

L’arbitraire de la justice est aujourd’hui particulièrement explicite. Comme le révèle Mediapart dans un article revenant en détail sur ces procès, la plupart des inculpations ne sont pas dues à un port d’armes ou à des violences attestées, mais au nom de l’article 222-14-2 du code pénal, mis en place sous Sarkozy pour criminaliser les manifestations. Cet article permet d’inculper une personne pour « Participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes et de dégradations de biens ».

Toutes les condamnations sont emblématiques de cet arbitraire de la justice : celle de Steven, un maçon de 24 ans passant devant le tribunal pour avoir ramassé un casque de vélo devant un Décathlon saccagé pour se protéger et qui écope de trois mois de prison avec sursis pour « Vol caractérisé et participation à l’émeute ». Celle de Ryad, artisan, condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir transporté, dans sa voiture, un petit marteau. Et puis tous les autres, venant souvent de région, manifestant pour la première fois, et qui vont être condamnés pour avoir transporté sur eux pour se protéger, des masques, du sérum physiologique, ou des protège-tibias, sans savoir qu’il s’agissait désormais d’un moyen pour la justice de les inculper.

La peur va changer de camp

Le discours pointant du doigt des casseurs ne fonctionne plus, pas de « bons » ni « mauvais » gilets jaunes selon la rhétorique du gouvernement. Aujourd’hui, nous sommes tous des casseurs. Ce sont des personnes qui n’ont jamais fait une grève ni une manifestation, des « Monsieur et Madame Tout-le-Monde » qui s’affrontent aux forces de répression, et qui sont d’autant plus déterminés à le faire en voyant de quel côté se situe véritablement la violence. Et qui sont les condamnés aujourd’hui ? Ceux qui l’étaient déjà par la casse de leur emploi, par la précarisation croissante, par la répression quotidienne : des ouvriers, des petits artisans, des précaires, des sans-emplois, et qui étaient venus de toute la France pour protester contre la vie chère imposée par ce gouvernement des riches. Et cette colère n’est pas prête de redescendre.


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