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« Le plus dur, c'est l'atterrissage »

Dernière semaine du Grand Débat : sous pression des Gilets jaunes, Macron veut jouer les prolongations

Le « Grand Débat » devait initialement se terminer le 15 mars. Si le gouvernement a tenté la semaine dernière de prévenir que les mesures ne seraient pas à la hauteur des attentes des Gilets jaunes, Macron cherche maintenant à gagner du temps en jouant les prolongations, toujours sous pression des Gilets Jaunes.

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Avec le « Grand Débat », Macron et les siens ont joué un jeu risqué en promettant beaucoup pour tenter d’apaiser les Gilets jaunes ; et ce d’autant plus qu’ils disposent d’une marge de manœuvre limitée, politiquement tant qu’économiquement. La semaine dernière, le gouvernement et LREM tentaient de prévenir un atterrissage le moins brutal possible. C’est ainsi qu’Édouard Philippe, lors d’une réunion du groupe LREM à l’Assemblée, annonçait : « Le risque déceptif est important (…) Il faut préparer nos concitoyens à ce que les propositions à la sortie ne soient pas les réponses à toutes les remontées des débats ».

Ainsi « Le plus dur, c’est l’atterrissage », comme l’exprimait un parlementaire LREM cité dans les Échos. C’est ainsi qu’Emmanuel Macron, dans une position très délicate face à une mobilisation dont chacun est obligé de reconnaître l’extraordinaire durée, cherche à jouer les prolongations du Grand Débat. Celui-ci, lancé à la mi-janvier, devait initialement se terminer cette semaine.

Si le gouvernement marche sur des œufs, c’est que l’enjeu est important. Macron a été un temps prostré face à un mouvement social d’une ampleur inattendue, mais le Grand Débat lui a redonné un peu d’air. Avec les européennes en ligne de mire et l’absence de toute opposition politique conséquente, Macron a pu se consolider, quoique de façon précaire et temporaire, surtout en s’appuyant sur sa droite : « La crise des Gilets jaunes a remobilisé son électorat, écrit Jerome Fourquet, directeur du Département opinion publique à l’Ifop,. Il a sans doute perdu un peu de celui qui était le plus à gauche, mais a gagné sur sa droite. »

A ce titre, l’analyse de la participation sur internet est sans appel : les zones rurales – notamment dans le nord-est, les îles (Corse et DOM-TOM) et les quartiers pauvres des villes ont peu contribué au Grand Débat, du moins en ligne. Ceux qui ont le plus participé au débat sont les catégories sociales plus privilégiées, qui sont aussi sa base sociale, c’est-à-dire les catégories sociales qui l’ont mené au pouvoir, qui bénéficient de ses réformes et qui sont enclines à voter pour lui de nouveau. Les Gilets jaunes quant à eux, sont en grande partebien conscients du caractère de mascarade pseudo-démocratique du « Grand Débat ».

La seule solution trouvée par le gouvernement face à cette accumulation de contradictions est d’entretenir encore un temps le flou sur les mesures issues du débat. C’est notamment ce qu’exprime l’éditorialiste des Échos Cécile Cornudet : « Pour se sortir d’un nid à paradoxes, il y a toujours la solution d’étirer le temps. Continuer à animer des débats, laisser des assemblées citoyennes et les corps constitués occuper le devant de la scène, étaler les futures décisions jusqu’à l’été ». Le discours gouvernemental prépare les esprits à une « deuxième étape » du Grand Débat, avec des conférences thématiques réunissant élus, syndicats et associations, mais aussi des conférences composées de citoyens tirés au sort.

Alors que plusieurs réformes importantes du programme de Macron ont été mises en suspens, le président cherche à gagner du temps en donnant quelques informations sur d’éventuelles mesures : on évoque une refonte de la loi NOTRe sur les compétences des collectivités territoriales, et on laisse ouverte la possibilité d’un référendum. Le président et son gouvernement marchent sur un fil : il s’agit de donner l’impression d’entendre la colère des Gilets jaunes, mais sans céder sur le fond de ses politiques néolibérales, favorisant.sa base sociale parmi les classes aisées – ce qui explique notamment que l’ISF reste un tabou. D’autres mesures cosmétiques tracent en pointillé une éventuelle sortie du grand débat, mêlant réformes pseudo-démocratiques et pseudo-sociales : de la prise en compte du vote blanc à une « contribution volontaire » des hauts revenus pour participer à la solidarité.

Les Gilets jaunes n’ont pas dit leur dernier mot. Ils appellent d’ores et déjà à une montée nationale à Paris pour l’acte 18 ce samedi 16 mars, date de cloture officielle du grand débat, manifestation qualifiée sur l’évènement facebook d’ « ultimatum au président Macron et au gouvernement ». Une façon de rappeler que c’est sous la pression populaire que Macron a été contraint de lancer un grand débat, et que la pression, après plus de quatre mois, continue de peser, dans la rue, sur le gouvernement.

Crédit : Ludovic MARIN / AFP


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